Le Républicain (Lot-et-Garonne)
Quand la Cour des Comptes met à mal les arguments d’Enédis
La Cour des Comptes n’y va pas par quatre chemins dans son dernier rapport, qui se penche notamment sur le déploiement des compteurs Linky par Enédis. Selon les sages, ces nouveaux compteurs seraient, entre autres, « coûteux pour l’usager et avantageux pour Enédis. »
Une affirmation qui ne va pas faire les affaires de l’ex-ERDF qui affirme toujours sur son site Internet que la pose des nouveaux compteurs ne sera pas facturée et qu’elle sera financée par les économies qu’elle va permettre de réaliser: « La fourniture du compteur et l’intervention de pose ne sont pas facturées. Le compteur Linky TM est un investissement d’ENEDIS (anciennement ERDF) pour moderniser le réseau, au même titre que l’enfouissement des lignes électriques. Cet investissement sera compensé par les économies réalisées sur les interventions techniques, les consommations non comptabilisées et le pilotage optimisé du réseau. »
Un point de vue que conteste la Cour des Comptes qui pointe un « différé tarifaire au coût excessif ». En clair, le compteur Linky sera bel et bien facturé, mais pas tout de suite.
130€ par compteur
La note totale du déploiement des compteurs Linky est évaluée à 5,67 Md d’euros par la Cour des Comptes. Soit à environ 130€ par compteur.
La note d’électricité des consommateurs comprend pour 46 % le coût de l’énergie, pour 27% celui de l’acheminement plus 27% de taxe (en 2015).
La redevance d’acheminement pour le transport, la distribution de l’électricité et le comptage de sa consommation est déterminée par les tarifs d’utilisation des réseaux publics de transport et de distribution d’électricité (TURPE), qui couvrent notamment l’amortissement des investissements. Les éventuelles dérives financières des projets des distributeurs sont ainsi finalement toujours répercutées à l’usager… » analysent les magistrats financiers.
Dans son rapport, la Cour des Comptes met aussi des doutes sur l’estimation de 20 ans de durée de vie des compteurs qui a été retenue dans le calcul des coûts. Elle note aussi que « l’intégralité des coûts des systèmes d’information n’a pas été prise en compte. Ceux-ci pourraient conduire à majorer les investissements de 0,3 Md€ environ. »
Ce rapport va relancer les débats, et apporter de l’eau au moulins des opposants.