Levothyrox : « Ma vie est un enfer »
Migraines, insomnies, vertiges, angoisses : de nombreux patients dénoncent les effets de la nouvelle formule du médicament dédié aux pathologies de la thyroïde. C’est le cas de Sophie, 38 ans, commerçante à Langon.
« Il faudrait que je me couche à 17h : c’est le moment de la journée auquel je ressens le plus la fatigue. Mais quand on a des enfants et un travail, ce n’est pas possible. » Sophie, 38 ans, n’est pas insomniaque de nature : elle fait partie des milliers de patients qui dénoncent les effets de la nouvelle formule du Levothyrox, le médicament prescrit aux malades de la thyroïde.
Sous traitement depuis 2002, la Langonnaise pensait en avoir enfin terminé des galères liées à son hyperthyroïdie (1). « Quand le diagnostic a été posé, je n’ai pas été vraiment surprise puisque toutes les femmes de la famille ont des problèmes de thyroïde. J’avais des vertiges, des chutes de tension, des migraines : j’étais incapable de faire quoi que ce soit. »
Placée sous Levothyrox par son endocrinologue, la jeune femme a connu des hauts et des bas jusqu’en 2016, quand, enfin, elle pense sa pathologie stabilisée. « Tout au long de ces années, il a fallu modifier le dosage en fonction des événements qui ont mar- qué ma vie : j’ai connu deux grossesses, j’ai déménagé et j’ai changé de travail, autant d’événements qui génèrent du stress. L’année dernière, enfin, ma situation s’est stabilisée… »
Si vie de patiente s’est pourtant sensiblement dégradée au printemps. « Au mois de mai, mon médecin m’a informée que la composition du Levothyrox avait été changée tout en m’assurant que cela ne changerait rien pour moi. Au bout de quelques jours, pourtant, ça a été la descente aux enfers : migraines, nausées, angoisse, mauvaise humeur, insomnies… » détaille Sophie.
Qui, assumant son caractère de « battante » a d’abord pris sur elle. « J’ai pensé que cela venait de moi, que, sachant que la formule ayant changé, je provoquais ces réactions. C’est d’ailleurs ce dont certains médecins essaient de convaincre les patients. Mais les jours et les semaines passant, cette explication ne pouvait pas tenir. Il a fallu le résultat de mes dernières analyses pour que mon médecin l’admette : ma TSH (2) est passée de 2,5 à 7 ! »
Sophie accepte d’autant moins la situation qu’elle ne comprend pas la motivation du laboratoire producteur du Levothyrox. « L’ancienne formule ne posait pas de problème : elle était efficace et sans effets secondaires notables. Pourquoi s’accrocher à la nouvelle composition qui ne remplit aucun de ces objectifs ? »
La jeune femme, qui a recueilli les témoignages d’autres patients, assure que « certains ont décidé d’arrêter de prendre le traitement. » Une décision radicale à laquelle elle ne se résout pas : « Je ne veux pas courir le risque d’être malade et devoir être hospitalisée. Et je m’efforce, autant que je le peux, à gérer les douleurs, la fatigue et la mauvaise humeur. »
« J’ai cru que ça venait de moi »
(1) Cette expression désigne une suractivité de la thyroïde.
(2) Le dosage sanguin de la thyréostimuline.