Il a rejoint les oies sauvages
« Je ne vois pas bien ce qui pourrait nous empêcher de gagner » , affectait d’affirmer Etienne à la veille des rencontres du SUA, le XV agenais, son club de coeur. En sa compagnie, nous ne voyions pas ce qui pouvait nous empêcher de continuer à faire avancer le Rép’ avec bonne humeur, dans son sillage. Nous y croyions encore dimanche matin, quand nous est parvenue la nouvelle du mal qui était en train de le terrasser.
Jusqu’à ce lundi où s’est éteint l’espoir de le voir surmonter l’infection, ce méningocoque qui a empoisonné son sang, j’ignorais ses soucis de santé. Il gardait pour lui les désagréments de la vie, n’emportant au bureau que son entrain, son envie de faire vivre son journal, d’être un journaliste. Nous savions sa constitution fragile, mais il ne se plaignait jamais et s’appliquait à en effacer les conséquences. Certains ont cette élégance.
Un ami autant qu’un chef
Pour ses collègues, il était un ami, autant qu’un chef, un collègue exigeant et bienveillant. Il faut de l’énergie et de la rigueur pour faire progresser un journal de nos jours. Rares sont ceux qui y parviennent.
Observateur avisé et interprète perspicace de la vie locale, il savait déceler ce qui intéresse les lecteurs. Il avait le don de le relater et de l’annoncer, avec ce qu’il faut de sens de la formulation, sans outrance, n’en déplaise aux fâcheux. Et les résultats étaient là : le Républicain était depuis deux ans l’hebdomadaire du groupe Publihebdos dont l’audience progresse le plus. Certains ont ce talent.
En bécassier averti et comme grand amateur de cèpes, il connaissait son territoire et en lisait les signes. Il en savait les places et les humeurs, celles de la demoiselle de Longbec et du bolet, quand vient la saison, mais aussi et surtout celles du reste.
Il avait son pays chevillé au corps et rien ne lui en échappait.
Je ne vois pas bien ce qui pourra l’empêcher d’observer les prochains passages de palombes, maintenant qu’il a rejoint les oies sauvages.
Et nous, nous penserons plus particulièrement à lui lorsque, de son bureau, nous apercevrons les premiers vols bleus de la saint Luc croiser le clocher de SaintGervais.