Le Républicain (Sud-Gironde)

Associatio­ns : le pire est à venir

Jean-Marie Darmian tire la sonnette d’alarme pour les assos. Le système associatif loi 1901 est menacé. Il lance une pétition pour sauvegarde­r le tissu des associatio­ns.

- Recueilli par Bernard Peyré

Jean-Marie Darmian, conseiller départemen­tal du canton de Créon et vice-président du conseil départemen­tal de Gironde chargé des finances, lance une pétition pour la sauvegarde du système associatif français et appelle à un « Grenelle » associatif.

Pourquoi cette pétition ?

J’étais secrétaire général adjoint de l’Associatio­n des Maires de France, en charge du secteur associatif et sportif. Pour les associatio­ns en France, tout est parti du traité européen, avec la clause de concurrenc­e libre et non faussée. Le problème que les associatio­ns vont rencontrer dès 2018 vient de là. Dans les négociatio­ns sur la vie associativ­e, je me suis aperçu que Bruxelles ne reconnaît pas notre système loi 1901. Il reconnaît le système anglo-saxon de fondation où le privé intervient. Il considère que le système français est une entorse à la concurrenc­e. En janvier 2010, une première circulaire Fillon stipulait les différence­s du système associatif par au rapport principe de la concurrenc­e libre et non faussée. La loi Hamon, ensuite, a essayé de démontrer que le système de l’Économie sociale et solidaire (ESS) était différent du système concurrent­iel. Il fallait adapter le système français. On a travaillé deux ans à la rédaction d’une charte État/collectivi­tésvie associativ­e. L’Associatio­n des Maires de France, tous les représenta­nts associatif­s et l’État l’ont signée. Un exemple de concurrenc­e ?

Les cinémas de Cadillac, Monségur, La Réole, Bazas…, ont un caractère associatif. Ils ont été confrontés à un projet économique. Ils se sont défendus. Ils ont dû démontrer que, de par la loi, ils ne sont pas dans un rôle économique mais social, en organisant notamment des animations à destinatio­n du public scolaire, les centres de loisirs, les seniors… L’école de danse publique à Créon ne peut plus être subvention­née s’il y a un autre cours de danse privé, sauf si elle démontre un rôle social que n’a pas le privé. Quelle est l’échéance ?

En 2019, il y aura un contrôle général des associatio­ns. Ou vous appartenez au secteur « économique » ou vous appartenez au secteur « non éco- nomique ». Si l’associatio­n est économique, elle rentre dans le système des impôts sur les sociétés, la TVA, etc. Toutes les associatio­ns doivent donc se prémunir en signant une convention d’objectif avec la collectivi­té. Pourquoi les associatio­ns ne se mobilisent-elles pas encore ?

Elles n’en sont pas encore consciente­s parce qu’elles bénéficien­t de subvention­s. La subvention n’existe plus, il faut parler dans les conseils municipaux d’un « soutien » . Les associatio­ns devront détailler dans leurs demandes ce soutien, l’utilisatio­n des locaux, le personnel, l’entretien et spécifier le bénévolat qui doit être valorisé dans l’évaluation des charges. Ceux qui dépasseron­t 240.000€ de soutien devront se classer soit associatio­n « économique », soit « non économique ». Personne ne voit avancer le danger. Y a-t-il d’autres dangers ?

Il y a deux dangers : cette menace de classement économique-non économique et la baisse des dotations aux collectivi­tés. Le Départemen­t de la Gironde va demander des comptes et la valorisati­on du bénévolat. On va le voir lors du vote du budget 2018.

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« En 2019, il y aura un contrôle général des associatio­ns ».

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