La fusion Belin-Béliet
Le 1er septembre 1974, Belin et Béliet devenaient officiellement Belin-Béliet par le biais d’un arrêté préfectoral. Retour sur un chapitre important de l’histoire belinétoise durant lequel la fermeture des Usines Cazenave liera à jamais les deux villages.
À l’aube de 1974, l’usine de cycle Cazenave vit ses dernières heures. Pourvoyeuse d’emploi des populations belinoise et beliétoise, elle fait travailler jusqu’à 900 ouvriers. Très peu d’informations sortent des célèbres murs aux briques orange. La situation est floue mais les premiers licenciements économiques ne trompent pas. La grande entreprise de Belin s’apprête à plonger le Val de l’Eyre dans une crise économique locale
sans précédents. Serge Ballion, membre du bureau d’études de l’usine et dessinateur industriel
se rappelle : « La fermeture des usines Cazenave a été un cataclysme. Des jeunes quittaient le village pour les grandes villes. Des classes d’école fermaient. Les deux villages commençaient à avoir peur de l’impact que cela pouvait avoir. 40 ans plus tard, il m’arrive encore d’en rêver. Je ne comprends toujours pas comment une usine de cette envergure a pu fermer » . La stupeur et l’inquiétude planent sur les rues commerçantes de Belin et Béliet. Le quotidien est ainsi rythmé par les nombreux piquets de grèves organisés par les syndicats et ouvriers de Cazenave. Personne ne comprend comment l’entreprise a pu plonger sans ressortir la tête de l’eau.
Les années Giscard
À cette époque, le tout nouveau Président, Valéry Giscard d’Estaing a placé son septennat sous le signe de la modernité et du progrès. Il promet une hausse de 50 % des dotations pour toutes les communes ayant fusionné. Le cadre économique dans lequel se situent les deux villages de Belin et Béliet force le jeune maire de Béliet, Alain Peronnau, et le maire de Belin, Louis Daude, à se rapprocher pour entamer des discussions. Au-delà d’un problème économique, c’est à une guerre de clocher que vont se confronter les deux élus des communes frontalières. Car nul n’est censé ignorer l’antagonisme et l’ému- lation qui opposent à l’époque les deux villages.
Foot à Belin, rugby à Béliet
« Il n’y avait pas de conflit au sens propre. En revanche, il y avait des idées et des histoires qui se transmettaient dans les mémoires. Tout le monde avait entendu parler des affrontements entre jeunes au niveau de la voie ferrée qui représentait la frontière entre Belin et Béliet. Il y avait une certaine rivalité, une guerre de clocher mais les associations sportives de l’époque jouaient surtout un rôle d’insertion puisque des belinois jouaient au club de football à Béliet et des beliétois jouaient au club de rugby belinois. Concernant les deux mairies, Alain Perronau incarnait la jeunesse et la fraîcheur. Louis Daude représentait quant à lui la sagesse par son âge. Ce mélange entre jeunesse et vécu fut le début d’un alliage qui durera » se rappelle Serge Ballion.
Les deux maires conviennent de fusionner Belin et Béliet. La tâche s’avère difficile mais réalisable. Les deux équipes municipales traversent alors les deux villages pour convaincre les plus réticents à la nécessité de fusionner. Création d’un fan-club pro-fusion, réunions publiques, concertations, débats, tout est fait pour obtenir une issue favorable lors du référendum local du 30 juin 1974. Bien plus qu’un simple vote, c’est également un combat contre les préjugés que mènent les deux communes. Solange Dupy, beliétoise de naissance se souvient du dénouement :
« Le résultat était sans appel. 80 % de vote en faveur de la fusion. Ce vote mettait fin à une rivalité basée sur des préjugés. Il est vrai que Béliet était plus pauvre et plus simple pendant que Belin avait la réputation d’être un peu plus bourgeois. Mais finalement, la fusion a resserré nos liens et nous ne faisions plus de distinctions. Les anciens ont eu du mal à accepter ce choix mais la commune a redoublé d’effort pour montrer que cette décision était le bon choix. Quelques années plus tard, le groupe scolaire sortait de terre et la nouvelle mairie située entre Belin et Béliet. Cela illustrait l’envie d’avancer ensemble » .