Le Réveil (Édition Pays de Bray)

Le médecin neufchâtel­ois Eric Grenier vient à bout du Tor des Géants

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Le docteur Eric Grenier a relevé le défi du Tor des Géants, l’un des 5 plus difficiles ultras trails au monde à achever en moins de 150 h. Il revient sur cette expérience avec 134 H 53’ 20’’ au compteur.

Médecin généralist­e et urgentiste, le docteur Eric Grenier a pris le départ du Tor des géants, un ultra-trail que certains qualifient d’ailleurs du plus « monstrueux au monde ». 338 km à parcourir en moins de 150 heures. 30 000 mètres de dénivelé positif, soit 3 fois 1/2 l’ascension de l’everest. Au menu, 25 cols de 2 000 à 3 300 mètres à franchir.

Au-delà de la dimension sportive, Eric Grenier retient surtout le côté humain : « L’ambiance entre les concurrent­s, les encouragem­ents des habitants de la vallée d’aoste, le soutien moral des proches, des collègues, des amis, les paysages, c’est tout cela qui m’a fait tenir ».

Huit jours après son trail, de retour chez lui, ses nuits sont « encore peuplées de montées et descentes et j’ai du mal à m’en défaire. Mais cela viendra ». Néanmoins, pour que le physique retrouve son parfait équilibre, il devra s’astreindre à une période d’abstinence sportive pendant 34 jours minimum.

Dimanche 10 septembre, à Courmayeur, à l’heure du départ, ils étaient 865 de 65 nations sur la ligne départ : « Nous savons notre chance d’avoir été tirés au sort sur 4 000 pré-engagés. Mais nous savons également que nous nous engageons dans la souffrance. J’ai voulu forcer la première nuit, mais je l’ai payé le lendemain ». En effet, les montées et les descentes s’enchaînaie­nt. La fatigue commençait à poindre.

Le sac à dos contenant le matériel obligatoir­e qui pesait pratiqueme­nt 10 kg accentuait l’effort et la souffrance. « Pour me reposer, je pratiquais la micro-sieste. Agenouillé sur le bord du sentier, quelques minutes suffisaien­t pour recharger les batteries et reprendre le parcours jusqu’au prochain coup de pompe » .

Sept points de ravitaille­ment et de repos étaient prévus sur le parcours (un tous les 50 kms). Pour le reste, il fallait gérer. Heureuseme­nt il y a les refuges de montagnes où il peut se poser quelques minutes. Et puis les habitants de la vallée. Au gré des villages traversés, des tables sont dressées avec les spécialité­s de la région. Mais ce qui le réconforte le plus, ce sont les encourage- ments et sourires.

Plus les kilomètres défilaient, plus le corps se faisait douloureux. Eric Grenier doublait des concurrent­s, un petit regard compatissa­nt pour celui qui souffrait encore plus que lui.

Une moyenne de 2,5 km/h

Moyenne générale, 2,5 km/ heure alors que le premier tour- nait à 4,8. Mais son but, son défi est ailleurs : terminer. Son épouse était présente à chaque poste de ravitaille­ment. Présence indispensa­ble et bienveilla­nte pour le soutenir. Les messages de ses « potes » affluent sur son portable, autre soutien qui le poussait à continuer quand le mental disait stop, l’espace de quelques secondes. Puis il repartait pendant que les médecins de l’organisati­on filtraient ceux qui pouvaient continuer et arrêtaient ceux qui étaient en danger. Le précipice n’est jamais très loin, quelques passages se font en se tenant à une chaîne ou corde installée pour les endroits les plus difficiles.

Samedi 16 septembre aux environs de 23 h, le col de la Malatra est franchi. C’est le dernier. Encore 30 kms avant l’arrivée. « Ce sont les instants peut-être les plus tendus où il ne faut pas chuter, faire attention à chaque pas dans la descente avant de rejoindre Courmayeur et la ligne d’arrivée. Rester conscient, surtout concentré jusqu’au bout ». La suite, son arrivée, c’est un tsunami émotionnel que nul mot ne pourrait décrire.

« Je pratiquais la micro-sieste »

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