Le Réveil (Le Réveil (Édition Bresle - Oise - Somme)

Violences conjugales : 4 mois avec sursis pour les époux

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« Après avoir aimé, la nature humaine veut qu’on en vienne à se détester, à mener une guerre au sein du couple », la réflexion a été livrée par le procureur Yves Dupas au moment de ses réquisitio­ns après l’instructio­n d’un dossier pour violences conjugales réciproque­s qui fut longuement traité par la présidente Déborah Cohen. Une dispute, sur fond de séparation, est à l’origine des faits qui se sont déroulés le 1er novembre 2014. Un couple était jugé près de trois ans plus tard. Les époux ayant porté plainte l’un contre l’autre. Ils sont présents ainsi que leur fille aînée qui a porté plainte contre sa mère. Elle vit depuis trois ans chez son père qui élève les six enfants du couple. La mère est partie et a décidé de ne plus voir ses enfants « pour calmer le jeu », explique-t-elle.

Le 1er novembre 2014, une énième dispute éclate entre l’homme de 48 ans, et sa femme de 42 ans. Elle tient la dernièrené­e (5 mois), dans ses bras alors qu’elle lui donne le sein, tout en téléphonan­t. Le mari veut prendre l’enfant « pour lui éviter les ondes du téléphone ».

La mère refuse et s’ensuivent des gestes de violence de part et d’autre, avec pour chacun des griffures et des hématomes comme en témoignent des certificat­s médicaux. Les enfants sont non seulement témoins de la scène mais ils récoltent aussi quelques coups pour avoir voulu s’interposer. Lorsqu’ils sont entendus, la fille aînée, 15 ans à l’époque, racontera aux gendarmes un précédent acte de violence de la part de sa mère. Il faut dire que les relations mèrefille n’étaient pas bonnes.

Comme dans beaucoup d’affaires de ce genre, il est difficile de tirer les choses au clair. Au tribunal, les deux prévenus ont opposé des versions différente­s. Le procureur a demandé qu’on ne s’en tienne qu’aux faits, en tenant compte des certificat­s médicaux. Pour lui, il s’agit de « violences réciproque­s ». Enfin, il lui semble que le temps fait son oeuvre et qu’il faut laisser une porte ouverte pour une reprise des relations des enfants avec leur mère. Il a requis des peines de même importance pour le couple, à savoir 4 mois de prison avec sursis outre une amende de 250€ pour madame concernant la violence sur sa fille.

Maître Philippe Drouet, qui assurait la défense de monsieur, plaida la relaxe, car son client n’avait fait que se défendre. En outre, il souligna le comporteme­nt de madame « qui n’a eu de cesse d’engager des procédures judiciaire­s pour convaincre la justice de la violence de monsieur ». Quant à maître Demerville, avocate de Madame, elle souligne que le mari aurait porté le premier coup. Elle demande en outre que les dommages et intérêts au bénéfice de la jeune fille (1.200€) soient revus à la baisse.

La présidente a suivi les réquisitio­ns du ministère public. Quant aux parties civiles, madame versera à son ex-mari I € de dommages et intérêts comme il l’avait demandé, et à sa fille 500€ pour le préjudice moral et 500€ pour les frais de procédure.

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