Le Réveil (Le Réveil (Édition Bresle - Oise - Somme)
Gilles dénonce la destruction de l’ancienne pépinière
La SA D’HLM de l’oise a demandé la démolition de bâtiments de l’ancienne pépinière de Campeaux. Gilles Alglave, président de Maisons paysannes de l’oise, souligne la richesse architecturale du lieu.
La SA D’HLM de l’oise prévoit de démolir l’ancienne pépinière de Campeaux. Gilles Alglave est en colère après la destruction annoncée d’un élément du patrimoine local qui devrait être considéré comme une ressource à préserver et à valoriser.
Peu d’informations données
C’est par hasard que Gilles Alglave a découvert cette annonce : « C’est en me promenant à vélo que j’ai vu le panneau affichant le permis de démolir ces bâtiments ».
Le propriétaire du Prieuré de Saint-arnoult dénonce tout d’abord une information lapidaire : «On nous annonce une démolition, mais nous ne savons pas ce qui a motivé une telle décision ni ce qui est prévu après la destruction des lieux ».
La SA D’HLM de l’oise est maître d’ouvrage de cette opération. « On ne peut que s’étonner d’un tel choix alors que l’on va bientôt mobiliser pour la 33e année consécutive la société civile sur le thème du Patrimoine qui partout en France sera mis à l’honneur à l’occasion des journées européennes du patrimoine », estime Gilles Alglave.
« Visiblement le respect du patrimoine n’est pas une priorité pour tout le monde. En Picardie Verte, à Campeaux précisément, on se prépare à faire disparaître un ensemble rural authentique et de grande qualité », met en avant ce défenseur du bâti régional depuis une quarantaine années. « C’est pourtant un ensemble remarquable qui n’a rien d’anodin et qui est loin d’être une ruine ».
Un vrai savoir-faire
Il énumère photos à l’appui les richesses du lieu : « L’ancien corps de ferme de la fin du 19e siècle appartenait à M. Bonan. Tant pour les parties maçonnées que pour le porche en charpente, nous sommes devant un ensemble de grande qualité. Sur ce bâtiment longeant la route, on peut apercevoir une maçonnerie richement travaillée avec des moellons enduits et des harpes de briques sur un soubassement de pierres parfaitement assisées. Les corniches en briques de Saintjean, le porche d’entrée et sa charpente sont du grand art. Regardez les Croix de Saintandré au-dessus de la porte cochère, elles sont réalisées dans un plan courbe formant des liens dits « liens guitares. C’est le summum de l’art du trait en charpenterie » . Pour Gilles Alglave, « Faire disparaître cet ensemble c’est méconnaître tout le savoirfaire qu’il suppose. C’est aussi un gâchis difficilement justifiable ».
L’idéal pour ce passionné serait au moins de démonter ces éléments exceptionnels pour les remonter ailleurs. « C’est possible. Dans les années 90, notre association a pu, par démontage, sauver ainsi la plus vieille maison civile de Beauvais (15e siècle) pour la transplanter au pied de la Cathédrale », signale-t-il.
Gilles Alglave ne cache pas sa consternation car dans le même temps, « on (N.D.L.R. : La Communauté de communes de la Picardie verte) mobilise la population autour d’un PLUI (plan local d’urbanisme intercommunal) qui prétend faire émerger une identité locale pour la valoriser. Nous avons une culture régionale spécifique qu’il faut défendre ».
« Le patrimoine n’est pas une priorité »
Terrains mis en vente
La question est posée à l’heure où la Picardie fait partie maintenant de la région des Hauts-de-france et doit retrouver ses marques.
Interrogée, la SA D’HLM de l’oise indique : « La pépinière, la grange et les 3 logements seront rasés et les terrains mis en vente. En effet, les caractéristiques techniques des bâtiments ne permettent pas une remise en état pour la location. Par ailleurs, le mur qui borde la propriété sera maintenu afin de garder l’unité architecturale. »
Sylvie Coutard, maire, signale de son côté : « Le permis de démolir a été accordé. Notre Plan local d’urbanisme protège le patrimoine communal ».