Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)

Il lutte pour garder les églises ouvertes

Si chaque commune a son clocher, selon le père Palcoux, toutes ne font pas du patrimoine leur priorité. Ordonné curé depuis 2012, il milite aujourd’hui pour leur préservati­on, notamment en faisant une messe régulièrem­ent dans chaque village de sa paroisse

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Julien Palcoux est le prêtre de la paroisse de Verneuil depuis 2012. En faisant des messes régulières dans 18 communes, il officie ainsi au maximum tous les mois et demi dans les églises..

Le patrimoine… Très cher à notre coeur mais aussi très cher au porte-monnaie des communes… Au budget national 2017, le patrimoine représenta­it 1 milliard d’euros… Pour les communes, c’est souvent plus compliqué, les budgets de réfection étant construits dans l’urgence plus pour éviter les catastroph­es plutôt que dans un souci de les prévenir. Et, autant remettre l’église au milieu du village tout de suite, ces monuments, que l’on soit religieux ou non font partie intégrante du paysage et de nos communes. Un point crucial selon le curé Julien Palcoux. Ce qui inquiète Julien Palcoux, prêtre du secteur entre Rugles et Verneuil, c’est le sort des églises présentes sur les communes déléguées ainsi que celles des petites communes en 2020, lorsque les communes nouvelles (voir encadré) seront des «super communes». Le prêtre s’interroge sur la difficulté des mairies «à entretenir leurs églises dans les anciennes communes » . Comme cela peut-être le cas à Cintray et La Guéroulde pour la commune nouvelle de Breteuil ou à Franchevil­le pour la commune nouvelle de Verneuil-d’Avre-et-d’Iton.

. Auront-ils le même traitement ? Seront-ils entretenus de la même façon que les autres ? De nombreuses questions se posent. « Il y a une

difficulté des communes à entretenir les églises, notamment à cause des bud

gets qui régressent » . Mais, même si les maires affichent de vouloir sauver le patrimoine, certaines églises seraient « mieux desservies, mieux loties que d’autres » , selon Julien Palcoux, qui ne cite pas de municipali­té. « Les politiques communales sont différente­s pour les prêts d’églises pour les concerts, la participat­ion communale pour les frais d’électricit­é etc… » , poursuit-il.

L’enjeu du patrimoine ne serait pas identique partout ? Néanmoins, lorsqu’il y a des travaux le prêtre est prévenu, les travaux étant réalisés en

fonction du calendrier des messes. Le père Julien est

notamment « associé aux réunions de chantier à Verneuil, il y a un bon suivi avec moi » . Mais d’autres communes sont moins arrangeant­es. Des frictions auraient éclaté avec des communes où les églises sont en mauvais état et dans lesquelles « il faut faire quelque chose pour la sécurité et où rien n’est fait » .

Alors, armé d’un « bâton de pèlerin » , Julien Palcoux fait régulièrem­ent des messes dans les petites églises du secteur pour montrer qu’elles servent encore. Quand il a été ordonné prêtre en 2012, il a rencontré tous les maires et « le contact a été très positif » . Les magistrats étant très réceptifs sur les travaux d’entretien, malgré leur coût. Ce qui réconforte Julien Palcoux, c’est que « les gens se déplacent pour voir les messes » , même pour celles qui ne sont pas dans leur village. Car son territoire est grand… Il opère 19 cultes, dans 18 communes différente­s. Les églises accueillen­t donc une messe au maximum tous les mois et demi. Mais y opérer un culte c’est être sûr de les garder vivantes. « Les ouvrir tous les jours, cela fait au moins deux passages, pour l’ouverture, et la fermeture » , cela permet donc de mieux prévenir les dégradatio­ns.

Du côté de Verneuil par exemple, l’heure est à la rénovation de l’église Notre-Dame, en pleine réfection pour la 1re tranche pour 2,5 millions d’euros. L’église de Franchevil­le, commune déléguée, quant à elle « n’a pas besoin de rénovation, à part pour un tableau du Christ » , selon Patrick Bieber l’adjoint au patrimoine de Verneuil. « Le prêtre a un droit de regard, nous entretenon­s une relation de confiance, il soulève parfois des problèmes que nous n’avons pas vus » , complète- t- il. Tous les deux mois une réunion entre la municipali­té et la paroisse a lieu. L’occasion pour le prêtre de parler des petites choses qui n’avancent pas assez vite…

« Les habitants du cru tiennent à leur clocher, même s’ils ne sont pas pratiquant­s réguliers. Je n’incrimine pas les maires » , précise Julien Palcoux. En effet, si les habitants tiennent à leurs églises, « c’est plus facilement défendable, si les personnes sont d’accord » de faire bouger les budgets, et donc, possibleme­nt d’augmenter les impôts, pour sauver ce pan d’histoire. A voir si ces arguments serviront à construire les prochains budgets…

Des églises mieux loties que d’autres ? 19 cultes pour 18 communes

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