« Ce n’est pas de l’autoritarisme mais une reprise en main »
Face aux vives attaques de l’intersyndicale pour son management, le directeur du centre hospitalier répond relance de l’activité, dialogue et modernisation. Pendant ce temps, la dette court toujours.
La fin de l’été n’est pas simple pour le directeur du centre hospitalier aiglon, attaqué avec force par les syndicats, CGT et CFDT. Ils pointent un certain autoritarisme et un management sans ménagement, mais celui-ci se défend en évoquant la nécessaire « révolution des mentalités à adopter ». Il faut « passer d’une logique de syndicats des années 1970-1980 à une logique de partenaires sociaux des années 2010 ».
Selon Karim Amri, « les soidisantes tensions rapportées par ces mêmes organisations syndicales s’inscrivent dans ces vieilles recettes à des fins de lutte de pouvoir. Nous sommes actuellement en train de changer des fonctionnements historiques dérogatoires et cela explique le mouvement de résistance de la part des syndicats ».
Le directeur pose sans détour la question, « est-ce normal de prendre tout un hôpital en otage alors même que la grève du 31 août dernier n’a été que très peu mobilisatrice avec seulement une trentaine de manifestants ? ».
Karim Amri voit une raison essentielle à cette participation qu’il juge « faible ». « Les personnels sont fatigués de toutes ces polémiques et ont préféré ne pas suivre le mouvement. C’est un signe fort que les hospitaliers et la population souhaitent un réel renouveau à L’Aigle. Les partenaires sociaux doivent dorénavant l’intégrer et changer de registre ».
La direction de l’établissement insiste pour dire que « le projet d’établissement 2017-2021 a commencé à être déployé et il rencontre un réel succès en interne mais également en externe ». Karim Amri en veut pour preuve « l’accompagnement et le soutien de l’Agence régionale de santé qui a, notamment, renouvelé les autorisations d’activité, ainsi que le Conseil départemental qui a validé le schéma directeur médico-social ».
Ce dernier prévoit, entre autres, la construction d’un nouvel EHPAD (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). On parle d’une structure de 95 places, alors que les syndicats plaident plutôt pour la limiter à 60. « Le dimensionnement n’est pas encore arrêté », stoppe immédiatement Karim Amri. Il confie toutefois qu’un architecte peut très bien imaginer un EHPAD de 95 lits constitué de plusieurs unités, contournant ainsi l’effet usine. L’ouverture pourrait intervenir d’ici 2020 ou 2021.
Quand les syndicats l’accusent « d’autoritarisme », Karim Amri parle plutôt de « reprise en main » et de « gestion responsable » avant de rappeler que « les dettes sociales et fiscales qui s’élèveront à 9 millions d’euros en fin d’année, ne sont plus payées depuis plusieurs années par l’établissement. Cette situation préoccupante nous oblige à plus de responsabilité ». La CNRACL (Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales) a d’ailleurs prévenu que le paiement des futures retraites pourrait être gelé, à défaut de régularisation.
Pour éviter cela, il faut relancer l’activité mais c’est là que le bât blesse. « Il y a encore un peu de défiance de la médecine de ville envers nos praticiens », admet le directeur, tout en restant positif concernant l’avenir. « Le périmètre d’activité reste le même et début 2018 nous aurons l’autorisation pour la chirurgie ambulatoire ». Une chance (Ndlr : qui reste à confirmer) à saisir mais « il ne faut pas mettre d’huile sur le feu. Pour revenir, les patients ont besoin de sérénité et il faut donc éviter les tensions. Le temps des dynamiques est arrivé et nous n’avons pas besoin de polémiques qui, par le passé, ont trop dégradé l’image de l’hôpital ».
Comme annoncé dans notre précédente édition, une expertise sur les risques psychosociaux a été demandée pour identifier des situations et fonctionnement générateurs de risques. La direction souhaite que le choix du cabinet se fasse suite à une mise en concurrence et non pas selon la volonté des syndicats.
« Nous rappelons qu’il s’agit de deniers publics et nous ne sommes pas certain, alors que l’hôpital n’a quasiment plus de quoi payer ses agents et ses équipements, qu’on puisse dépenser de fortes sommes sur une analyse de causes que l’on ne pourra même pas résoudre aujourd’hui, faute d’activité et de moyens ».
Karim Amri aurait préféré que ces 90 000 euros (Ndlr : c’est une estimation) soient consacrés à l’achat d’équipements pour les résidents et les patients. « Cela aurait assurément contribué à l’amélioration des conditions de travail… en vue justement de limiter les risques psychosociaux des agents ».
Th. Roussin
« Un souhait de renouveau » « La situation nous oblige à plus de responsabilité » Une expertise à 90 000 euros