Arguments contre arguments

Preuve d’une certaine tension au sein de l’établissement, direction et syndicat tentent de mobiliser autour d’arguments qui leur sont propres. Ils ont pourtant le même objectif, sauver l’hôpital.

Mardi 12 septembre 2017, la CFDT du centre hospitalier de L’Aigle appelait le personnel à la grève pour marquer son opposition au projet de la direction. « Malgré plusieurs tentatives de négociation avec notre directeur et des appels à un retour serein au dialogue social, nous sommes au regret de constater que rien n’avance. Pire, c’est un stand-by sans précédent ».

La CFDT dénonce le plan de retour à l’équilibre, le Projet d’établissement subordonné « à un hypothétique financement de l’ARS et un Etat des prévisions de recettes et de dépenses (EPRD) surévalué rendant difficile les objectifs à atteindre ». Le syndicat s’oppose à la « baisse des effectifs minimums dans les services sans concertation avec les représentants du personnel, ce qui crée de graves dysfonctionnements dans les services et un mécontentement des familles ».

La CFDT demande au personnel s’il a « l’impression d’être inutile dans les services ? Si nous étions en nombre suffisant, nos compteurs n’exploseraient pas. Nous totalisons 22 000 heures supplémentaires en 2016, non récupérées et non rémunérées. Si nous étions en nombre suffisant, nous ne serions pas rappelés sur nos repos constamment ».

Selon le syndicat, accepter la suppression de ces postes (Ndlr : 25 équivalents temps plein), c’est « accepter des conditions de travail qui se dégradent, accepter une des détériorations des prises en charge, accepter que les conditions de vie en EHPAD se dégradent et augmenter les risques psychosociaux ». Enfin, le syndicat demande « le respect des instances, de ses membres et des décisions adoptées ».

En réponse aux différents mouvements de grève des syndicats, la direction organise une réunion d’information et d’échanges ouverte au personnel lundi 18 septembre 2017 à 11 heures à la salle de l’IFSI.

A en croire le directeur, Karim Amri, « au centre hospitalier de L’Aigle, certains ont manifestement du mal à sortir de leur registre habituel ». Il cite notamment la « stigmatisation incessante du directeur pour le déstabiliser (12 directeurs en 10 ans), les critiques de mesures de gestion afin de créer de la surenchère, la lutte de pouvoir au détriment de l’intérêt général et le boycott des instances par les représentants du personnel ». Le directeur affirme que « l’hôpital et les patients n’ont plus besoin de ces vieilles recettes » et « même si certains veulent créer un sentiment de peur et de malaise, l’hôpital se redresse ».

Karim Amri en est persuadé, « il nous faut progresser en matière de mentalités pour éviter les tensions inutiles. Notre responsabilité est de participer aux dossiers institutionnels de l’établissement et non de les mettre en péril, à l’image de la certification ou du schéma directeur ». Restant vigilant mais quand même plus serein qu’à son arrivée il y a quelques mois, le directeur dit avoir de bonnes raisons d’être optimiste car « l’effort de solidarité des personnels est récompensé par la mise en place de projets ».

S’adressant au personnel, la direction appelle à la responsabilité de chacun. « Les polémiques ont trop dégradé l’hôpital. Vous êtes déjà nombreux à défendre le temps des dynamiques et l’avenir prometteur de notre hôpital », alors, « ne prenons pas à nouveau le chemin de l’échec en matière de santé ».

Le directeur plaide pour une marche en avant susceptible de relancer l’activité et ainsi « mettre fin aux menaces qui pèsent sur le paiement de nos charges courantes, du fait de la dette générée qui devient trop lourde à supporter. Mettons-nous à l’abri de tout problème de paiement des futures retraites en régularisant notre passif ».

Des propos se voulant rassembleur à la veille de la visite de certification (19-22 septembre) essentielle, si ce n’est vitale, pour l’établissement.

« 22 000 heures non payées » « Stigmatisation du directeur « Mettons-nous à l’abri »