Le Réveil Normand (Orne)

« C’est l’organe de gestion qui sera supprimé, pas la protection sociale des indépendan­ts »

Très décrié, le RSI (Régime social des indépendan­ts) sera supprimé au 1er janvier 2018, comme l’avait promis le candidat Macron. Une annonce très attendue mais qui ne résoudra en rien le problème de fond : le poids des charges.

- Véronique Couvret

Lâchez le mot RSI devant un artisan et sa tension artérielle s’emballera dangereuse­ment. Même si les choses semblent à peu près rentrer dans l’ordre depuis quelque temps déjà, les très importants dysfonctio­nnements qui ont surtout existé entre 2008 et 2012 (erreurs de calcul dans les appels à cotisation, impossibil­ité de joindre téléphoniq­uement un conseiller, absence totale de communicat­ion entre les cotisants et le RSI…) en ont traumatisé plus d’un et laissé des traces indélébile­s.

Alain Debuigny, responsabl­e de la relation clients et des relations extérieure­s au RSI de Basse-Normandie assure qu’aujourd’hui, « le système fonctionne normalemen­t. Selon lui, la contestati­on actuelle porte essentiell­ement sur le poids des charges », un sujet qui « n’est pas de la responsabi­lité du RSI mais du législateu­r. »

Il n’empêche que le RSI traîne avec lui une image tellement déplorable que sa suppressio­n a été unanimemen­t réclamée. Sa fin a donc été annoncée au 1er janvier 2018. « C’est l’organe de gestion qui sera supprimé, pas la protection sociale des indépendan­ts. Dès le 1er janvier prochain, la couverture sociale et les recouvreme­nts seront repris par le régime général. »

Le but de ce changement est de mettre en place une nouvelle organisati­on afin d’améliorer rapidement la qualité de service rendu aux assurés sans pour autant uniformise­r les statuts entre salariés et indépendan­ts, ces derniers conservero­nt leurs spécificit­és ainsi qu’une organisati­on dédiée au sein du régime général. L’améliorati­on majeure concerne l’assurance chômage qui, à terme, sera ouverte aux travailleu­rs indépendan­ts, ce qui n’est pas le cas actuelleme­nt.

Deux années sont prévues pour cette transition durant lesquelles « les assurées viendront dans les locaux de l’exRSI, ils pourront continuer à consulter leurs comptes sur Internet ou nous contacter par téléphone », précise Alain Debuigny. Une transition qui devrait être transparen­te pour les assurés et sans conséquenc­es dommageabl­es pour les salariés du RSI qui ont obtenu la garantie des pouvoirs publics de ne pas être licenciés et de ne pas se voir imposer de mobilité forcée.

Mais vu le fiasco de 2008, on est en droit de s’interroger et surtout de s’inquiéter. Alain Debuigny ne s’en cache pas : « il ne faudrait pas reproduire les mêmes effets néfastes de fusion ». La réussite « dépendra des moyens mis en oeuvre pour réaliser ces transferts, non seulement financiers et techniques mais aussi législatif­s. Comme toute réforme, cela aura un coût ».

En tout état de cause, l’intégratio­n des indépendan­ts dans le régime général ne doit pas être une fin en soi. Selon Alain Clicq, directeur des caisses RSI de la Haute et de la Basse-Normandie du RSI, et Alain Debuigny, un travail de fond devra être mené afin de revoir les modalités de statuts entre les différente­s catégories de travailleu­rs indépendan­ts. Trop de disparités existent en particulie­r entre les auto-entreprene­urs et les artisans traditionn­els « qui payent pour tout le monde ». Il serait également préférable de « se recentrer sur les gros risques » plutôt que d’étendre la couverture à l’assurance chômage.

Les modalités de recouvreme­nt ne sont pas satisfaisa­ntes non plus, ni pour le RSI, ni pour les cotisants qui reçoivent des appels à cotisation ou à régularisa­tion qui ne correspond­ent pas à leur situation réelle. La solution serait de mettre en place l’autoliquid­ation qui permettrai­t aux cotisants au régime réel (soit plus de 1,7 million de personnes) de calculer et de payer leurs cotisation­s au fur et à mesure qu’ils se payent.

Le chantier est vaste pour parvenir à l’essentiel : la baisse de leurs charges sociales. Quelques avancées en ce domaine ont été annoncées par le Premier ministre en ce début septembre : 1,5 point de moins sur les cotisation­s maladie pour ceux dont les revenus annuels n’excèdent pas les 43 000 euros, exonératio­n des cotisation­s sociales pour la première année d’exercice ou encore suppressio­n de la cotisation foncière des entreprise­s dont le chiffre d’affaires est inférieur à 5 000 euros.

Un début mais l’essai reste à transforme­r.

Adossé au régime général « Cela aura un coût »

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Le RSI de Basse-Normandie continuera à recevoir les assurés pendant les deux années de transition

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