Le Réveil Normand (Orne)

Provisionn­er pour ne pas sombrer

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Frédéric Chopin est artisan à Breteuil, spécialisé dans les fenêtres et les fenêtres de toit. Pour lui, la fin du RSI (Régime Social des Indépendan­ts), « est une nouvelle dissimulée, il n’y a pas beaucoup de détails. Il va bien falloir qu’on cotise quelque part » et le plus effrayant pour lui, c’est que même sa comptable, qui l’aide à gérer ses comptes, ne sait pas non plus vraiment à quelle sauce les artisans seront mangés. « Ça nous plombe énormément, et moi j’ai une activité en dent de scie » entre des années remplies de chantiers et des années plus calmes. Le souci, c’est que le paiement du RSI est calculé à N-1, c’est-à-dire qu’on le paye sur le travail effectué et l’argent gagné l’année d’avant.

Prélèvemen­t à la source

La difficulté est donc de faire des provisions en cas d’abondance de travail, jouer les écureuils, pour prévoir, on ne sait jamais, une année suivante plus calme où la trésorerie seule ne permettra peut-être pas de payer le RSI de l’année précédente. « Pourquoi ne peut-on pas déclarer son chiffre d’affaires au mois ? », se demande-t-il, pour prévenir des passages plus pauvres en emploi. « Il faudrait faire comme pour le projet pour l’impôt sur le revenu, être prélevé à la source ».

Par exemple, cette année, il paye donc le RSI de l’année 2016, tout en sachant qu’il a des frais en retard. Mais le souci, c’est que même s’il a « du travail sur tous les mois, ça ne permet pas de payer les frais en retard ». S’il n’est pas à jour dans ses paiements fin 2017, il perdra son label RGE (Reconnu Grenelle Environnem­ent) qui permet à ses clients de bénéficier de crédit d’impôt en cas de travaux.

1 000 euros de salaire

Mais là où on marche sur la tête c’est que s’il fait un meilleur bénéfice que l’année précédente, l’année suivante il paiera plus de RSI, à l’inverse, si une année est moins fluctuante, on lui redonnera de l’argent, l’année d’après. « Je suis artisan parce que j’aime ma liberté, mais je n’ai pas le droit d’avoir de la relâche, provisionn­er c’est un cercle infernal. Nous ne sommes pas si indépendan­ts que ça les indépendan­ts », explique-t-il. « Je n’ai pas un gros salaire », le gros des bénéfices partant en impôts. Dans l’état actuel des choses, il s’accorde 1 000 euros de salaire car 1 200 euros de son chiffre partent en RSI. « L’année dernière j’ai pris des vacances exceptionn­ellement, je n’aurais pas dû », car cette année, il est rattrapé par les frais. Pourtant, investir dans un dépôt ou un atelier pour grandir, il y pense, mais dans l’état actuel des choses, c’est impossible pour lui. « Si j’avais de la trésorerie, je consommera­i », mais il reste déterminé, « je ne baisserai jamais les bras ». Hugo Blin

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