Le Républicain (Lot-et-Garonne)
TÉMOIGNAGE. Laurent Goudelin, éleveur laitier
La semaine précédente, il manifestait au rond- point de l’autoroute, à Samazan. Mercredi 7 février, Laurent Goudelin était sur le rond-point de la route de Bordeaux, aux côtés de ses collègues, lui, « éleveur laitier à Miramont, et impacté par la réforme de la carte des Zones défavorisées » .
Cet adhérent actif de la CR 47 est installé à son compte depuis 2000, et en 17 ans, il en a eu, des difficultés… « Je ne fais plus d’investissement, ce n’est pas la peine : c’est simple, on est à peine aux normes qu’il faut recommencer. Et si l’on ne fait pas ce qui nous est demandé, ce sont des contraintes supplémentaires. C’est toujours, toujours par restriction » .
Lui, comme d’autres éleveurs laitiers, bénéficient de l’indemnité ICHN (indemnité compensatoire de handicaps naturels) depuis deux ans, « suite à la forte baisse des cours du lait. Et ce cours, il ne veut pas décoller. La seule solution, c’est une régulation européenne, or, le marché est libéralisé depuis 2016. Vous savez, en 2009, je faisais déjà partie de ceux qui ont fait la grève du lait: j’ai jeté du lait pendant 12 jours, ça a été un crèvecoeur » .
«On n’a plus le choix»
Laurent Goudelin fait aujourd’hui partie de l’European Milk Board, « un rassemblement de producteurs européens qui, justement, avancent des propositions pour la régulation. Il faut qu’il y ait un stock de côté, OK, mais pas autant. D’autant qu’en France, on a en plus des contraintes salariales que d’autres pays européens n’ont pas; si encore les prix allaient avec… » . Aujourd’hui, avec un cheptel de 200 vaches laitières, Laurent ne s’en sort plus : « Travailler entre 70 et 80 heures par semaine, et ne rien ramener comme revenus, forcément, ça impacte toute la famille » . Alors, pour se faire entendre, et répondant à l’appel du président de la CR 47, Laurent Goudelin a manifesté en ce mois de février : « On ne bloque pas les gens pour les embêter, mais on n’a plus trop le choix. Si on bloque les administrations, on a l’impression que les décideurs s’en fichent, mais le peuple, lui, il vote, alors ça les embête davantage. C’est le seul moyen de nous faire entendre. Et on sent que ça pourrait s’envenimer, car la grogne vient de partout ».
Et de préciser : « Si on ne va pas manifester à Paris, c’est parce qu’on a des animaux dans nos fermes, dont il faut s’occuper tous les jours : c’est pour ça qu’on ne peut pas aller bien loin. Vous savez, ça ne nous amuse pas d’être ici au lieu de travailler sur nos exploitations » .