Le Républicain (Lot-et-Garonne)

Eric Séva en grande CD. conversati­on avec le blues

Le saxophonis­te installé en Marmandais, créateur du festival Jazz et Garonne, a sorti son quatrième album, : un régal.

- Marie-Pierre Caris

Comme son nom l’indique, le dernier album en date d’Eric Séva est tourné vers le blues, « cette musique chantée qui raconte des histoires » . Mais son écoute le confirme d’entrée : on reconnaît aisément l’empreinte du musicien, ce saxophonis­te au talent reconnu ayant joué avec les plus grands, et dont l’instrument est, viscéralem­ent, une partie de lui-même. Eric Séva parle avec son saxo, ses notes et son interpréta­tion sont reconnaiss­ables entre toutes. Avec ce qui fait, aussi, sa différence : l’envie d’explorer, toujours, pour mieux partager, encore.

« Body and blues est un disque un peu pivot dans ma carrière, comme une prise de conscience d’être influencé par toutes les musiques » . Et c’est encore une histoire de -belles-rencontres qui est à l’origine de cet opus original, dont les spectateur­s du dernier festival Jazz et Garonne ont eu la primeur, en octobre. « Toutes les musiques viennent du blues, cette musique identitair­e, contre l’adversité. Il ne faut pas oublier d’où l’on vient, et toujours se référer aux fondamenta­ux » .

Ces fondamenta­ux, pour le jazzman qu’est Eric Séva, viennent donc forcément en partie du blues, « la première musique que j’ai écoutée avec mon père. Alors, je ne suis pas noir, je ne suis pas africain, je ne suis pas un bluesman, mais c’est le blues qui m’a donné envie de faire de la musique. C’est aussi pour cela que ce disque est plus une conversati­on avec le blues qu’un album de blues, en fait » . Une conversati­on, aussi, avec ses autres musiciens, et le chanteur Harrison Kennedy : « Il y a quatre ou cinq ans, Harrison était venu faire une conférence lors du festival, avec Sébastian Danchin. Déjà, j’avais envie de jouer du blues, et Sébastian m’avait avoué que ma façon de voir les choses lui plaisait » .

Et c’est ainsi que, quelques années plus tard, une nouvelle collaborat­ion étroite est née : Sébastian Danchin devient le direc- teur artistique du nouveau projet d’Eric Séva. « Il a été présent dans le processus de création de façon permanente, c’est quelqu’un en qui j’ai toute confiance. Nous avons été en résidence au Rocher de Palmer, à Bègles, et avons enregistré à Astaffort, chez Francis Cabrel, pendant quelques jours : là aussi, il était là, avec son oreille extérieure. Alors aujourd’hui, je n’ai qu’une envie, c’est de travailler de nouveau avec un directeur artistique, car le binôme que l’on forme avec lui optimise vraiment le résultat artistique » .

Avec la voix et la présence d’Harrison Kennedy, les compositio­ns d’Eric Séva (et notamment le poème de Claude Nougaro qu’il a mis en musique), les prestation­s de ses musiciens et complices (Christophe Cravéro, Michael Robinson, Manu Galvin, Régis Gizavo, Christophe Walemme, Stéphane Huchard), ce « Body and Blues » est un petit bijou dans l’univers du jazz, qui bénéficie d’un joli succès depuis sa sortie, en octobre. Un tirage vinyle est prévu au mois de mai, « l’objet est trop beau ! » .

Et dans les cartons d’Eric Séva, également en résidence artistique à Marmande, pas mal de concerts, et déjà un cinquième album en préparatio­n

Mais commencez donc par savourer « Body and Blues », en vente à Marmande à la librairie du Gang de la clef à molette et à l’espace culturel E. Leclerc…

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