Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)

« Derrière ces emplois, il y a des humains »

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■ COLLECTIVI­TÉS L’Aigle La Ville de L’Aigle compte encore à ce jour dix emplois aidés, dont trois contrats d’avenir. « Deux devaient s’arrêter fin août aux services techniques, mais nous attendons de voir ce qui ce passe au niveau gouverneme­ntal » , confie

le maire, Philippe Van Hoorne. « Des évolutions sont attendues, notamment pour les communes rurales qui pourraient avoir la possibilit­é de continuer à avoir ces emplois aidés » . Reste à savoir ce qu’est une commune rurale.

Philippe Van Hoorne est prêt à accepter la fin

des contrats. « Si on nous dit que les aides sont terminées nous allons trouver des solutions pour l’intégrer dans le budget, mais j’estime que l’Etat devrait nous donner la possibilit­é d’aller au terme des contrats actuels » . Le maire

plaide pour davantage de stabilité, « on ne peut pas changer les règles en permanence. Les collectivi­tés ont besoin de perspectiv­e » . S’il se fait quelques cheveux blancs pour le budget de la Ville, le maire pense surtout aux bénéficiai­res de ces contrats. « Il faut savoir que

derrière ces emplois aidés, il y a des hommes et des femmes qui ont également besoin de stabilité et de savoir où ils vont. Ils se sont projetés sur la durée de leur contrat avec la perspectiv­e d’une pérennisat­ion et du jour au lendemain on leur dit que tout est fini. Ce n’est pas acceptable » . Gacé La Ville n’a pas de contrat aidé. François Dreux,

le maire, n’y est pas favorable. « Quand on a des besoins, on prend des CDD ou des emplois saisonnier­s. Je trouve aberrant que dans des petites villes, il y ait cinq ou six emplois aidés. Moi, ça m’interpelle ! Comment peuton s’engager à les former ? On ne prend pas quelqu’un parce que ça ne coûte pas cher. Il y a une éthique à respecter. » Le Merlerault Un jeune en emploi d’avenir à 20 h hebdomadai­re depuis le 1er juillet 2016, renouvelé au 1er juillet 2017 pour un an. Il travaille aux espaces verts. « C’est très avantageux pour les communes » ,

reconnaît la maire Martine Gressant qui s’inquiète déjà de ce qu’il adviendra l’année prochaine. « Si on nous refuse le renouvelle­ment, ce sera un réel problème. » Outre les finances communales, elle s’interroge sur le devenir de tous ces jeunes (et moins jeunes) en contrats aidés. « Psychologi­quement, c’est bon de travailler » . Vimoutiers

Trois salariés en CAE de 20 h hebdomadai­re d’âge très différents (51 ans, 28 ans et 21 ans) employés aux espaces verts, CAE renouvelés avant l’annonce du gouverneme­nt.

Un jeune en emploi d’avenir à 35 h hebdomadai­re, également aux espaces verts, aurait dû être reconduit en juillet mais la municipali­té n’a pas obtenu l’accord.

Tous sont formés en interne et des formations en externe via le CNFPT (pour la fonction publique) leur sont proposées.

Pour Gwendoline Aligner, responsabl­e des ressources humaines, ces contrats aidés permettent de tester et de connaître la valeur et les compétence­s des gens avant d’éventuelle­s embauches. La mairie de Vimoutiers a ainsi gardé un CAE en tant que saisonnier et elle fait appel à un ancien emploi d’avenir pour des remplaceme­nts. Pour le maire, Guy Romain, une remise en cause des contrats aidés « poserait problème » pour les finances de Vimoutiers.

Communauté de communes du Pays de L’Aigle

« Les emplois aidés, tous les élus y ont eu recours, mais ce n’est bien que si la collectivi­té pérennise l’emploi au terme du contrat » , indique Jean Sellier, le président de la Communauté de communes du Pays de L’Aigle. « Il faut que les emplois aidés soient utilisés de la bonne manière, c’est-à-dire qu’ils favorisent l’insertion d’un public en difficulté » .

A la Cdc aiglonne, « notre politique est de former les personnes que nous prenons en contrat pour ensuite les garder » , à l’inverse de quelques autres collectivi­tés qui prennent et jettent

après usage. « C’est très surprenant de voir des communes menacer de fermer leur cantine si on supprime les emplois aidés. Cela veut dire qu’elles font fonctionne­r leurs services avec des personnes non formées et ce n’est pas normal. Les emplois aidés ne doivent pas être livrés à eux-mêmes, ils doivent être encadrés » . Même si sa collectivi­té intercommu­nale en compte dans son effectif, même si l’arrêt des aides risque d’augmenter les coûts salariaux, Jean Sellier n’est pas hostile à la mesure du président Macron. « Les emplois aidés, c’est du chômage masqué et il est temps de réformer ce dispositif » . La question est de savoir si l’on parle d’emploi, de formation ou d’insertion ? C’est toute la philosophi­e du poste qui en dépend.

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