Dans les coulisses du musée
Fermé depuis le 4 novembre dernier, le musée des Arts et Traditions populaires de Vire-Normandie ne rouvrira ses portes qu’en 2020. En attendant, un travail de fourmi s’organise pour l’équipe qui ne chôme pas !
Fermé depuis le 4 novembre dernier, le musée de Vire, qui accueille chaque année entre 6 000 et 8 500 visiteurs, va connaître une rénovation de grande ampleur. Entre la préparation du futur contenu, les recherches d’objets, les authentifications, les vérifications, les inventaires, la communication, la médiation, les iconographies, les devis, etc. Le travail ne manque pas pour l’équipe !
Le musée regorge de quelque 4 000 objets. Environ 500 d’entre eux seront exposés (dont certains que les Virois n’ont jamais vus) dans le futur parcours, à la réouverture du musée. « Chaque objet doit trouver sa place : soit dans les réserves, soit dans le futur parcours. Et cela prend du temps… » , explique la sympathique Marie-Jeanne Villeroy.
Pour chaque objet, il faut établir sa carte d’identité. Ce qui nécessite un travail de recherche et d’expertises colossal, dans les archives municipales, départementales, nationales, les bibliothèques, etc. « C’est un temps de recherche monstrueux pour parfois écrire un petit paragraphe… On explore toute l’identité de chaque objet » , ajoute la responsable. Un travail qui nécessite également de se « téléporter » d’une période à une autre, « c’est ça aussi qui est fatigant. On peut passer de la Reconstruction à Olivier Basselin en passant par le Néolithique. À chaque fois, ça nécessite de me replonger quelques heures dans le sujet. On saute en permanence du coq à l’âne et ça ne se voit pas » , explique Marie-Jeanne Villeroy.
Dépoussiérage et mise en caisse
Les nouvelles réserves du musée, de quelque 250 m2, devraient être terminées d’ici le mois de mars. Dès qu’elles seront livrées, « on commencera le transfert » , explique Marie-Jeanne Villeroy, responsable du musée. En attendant, « on met en caisse toutes les collections » , ajoute-t-elle.
Chaque objet est minutieusement dépoussiéré avant d’être emballé et mis en caisse. Un travail de dépoussiérage auquel participe Clarisse Ménard, la femme de ménage, qui, au lieu de réaliser ses 12 h hebdomadaires de ménage des surfaces traditionnelles du musée, dépoussière avec minutie cette multitude d’objets précieux. Un travail qui nécessite soin et attention, comme l’explique Claude Groud-Cordbray, régisseuse des oeuvres : « Les tissus sont particulièrement fragiles, tout ce qui est en plâtre également. Le pire, c’est la manipulation et le déplacement, il faut éviter au maximum. »
Parallèlement à ce travail de recherches, de dépoussiérage, d’emballage, d’inventaire, l’équipe planche déjà sur le futur parcours car « 2020, c’est maintenant qu’il faut qu’on s’en occupe ! »
Des scénographes professionnels planchent sur le futur parcours depuis déjà un an et demi. Le fruit de leur travail est répertorié dans un document, appelé le DCE (dossier de consultation des entreprises). « C’est avec ce document qu’on va pouvoir lancer les marchés et aller chercher les menuisiers, peintres, etc. Leur dire quel type de peinture on veut, quelle couleur on veut, etc. » , explique la responsable du musée qui doit éplucher scrupuleusement tout ce document (d’une centaine de pages) afin de vérifier, contrôler chaque mesure de chaque vitrine, de chaque emplacement, en fonction des dimensions de chaque objet pour « vérifier que la théorie colle bien avec la réalité du bâtiment. » Le DCE devrait être totalement finalisé en mars.
Les dépôts d’oeuvres
Les prêts d’oeuvres à d’autres musées ou institutions demandent également du temps car faut établir ce qu’on appelle des « constats d’états » . Trois prêts sont en cours. La constitution des dossiers de restauration d’oeuvres n’est pas non plus une mince affaire, les dossiers devant être fournis de tout un tas d’informations précises et exhaustives pour pouvoir être validés par diverses instances.
« Le transfert, c’est l’aventure ! » , sourit Marie-Jeanne Villeroy. Une fois les réserves livrées, il faudra les monter avant de passer au stade du grand déménagement du musée vers les réserves. « Si les caisses ne sont pas trop fragiles ou pas trop lourdes, on pourra les transporter facilement » , souligne la responsable. Mais c’est une autre affaire lorsqu’il s’agit de grosses caisses ou d’imposantes armoires normandes ! « Il faut deux à quatre techniciens pour un tableau. » L’objectif est que le musée soit totalement vide avant l’été. « On essaye d’anticiper au maximum » . Deux stagiaires viendront prêter main-forte à l’équipe à partir du 5 mars.
Six mois de montage
Quand tout sera transvasé dans les réserves, le travail de recherche et de finalisation des écritures continuera durant l’année 2019. Sans oublier les outils pédagogiques destinés aux visiteurs, appelés « manipulations » , à créer. 12 « manipulations » et 12 écrans numériques seront présents dans le futur parcours, soit 24 unités nouvelles à concevoir.
« Il y aura une salle consacrée aux botanistes de Vire : qu’est ce que j’invente comme jeu pour qu’une famille passe un bon moment et apprenne des choses en même temps ? » , explique Marie-Jeanne Villeroy qui puise l’inspiration auprès de collègues ou de professionnels du jeu. « Nous sommes en lien avec l’Université de Caen également » , ajoute-t-elle. « C’est comme si je préparais plusieurs expositions temporaires en même temps ! Il faut minimum 15 jours de montage, quand tout est bien ficelé, pour une exposition temporaire d’environ 300 m2,, là on a 1 000 m2 ! » Six mois sont d’ores et déjà à prévoir pour le montage du nouveau parcours.
Pour les futurs visiteurs
Avant la fermeture, toutes les grandes étapes de la future rénovation ont été exposées dans la « salle d’actualité » . Il devrait y avoir prochainement une déclinaison de cette salle version panneaux extérieurs afin « d’expliquer ce qu’on fait. » « Le temps des musées n’est pas le temps contemporain… » , sourit Marie-Jeanne Villeroy.