La famille va vivre sans électricité !
De plus en plus de yourtes fleurissent sous la forme de logements insolites pour une ou quelques nuits. Installés à Saint-Paul-le-Gaultier, Benoît et sa famille ont, quant à eux, décidé d’en faire leur résidence principale.
Deux mois de conception et quatre jours de montage. À Saint-Paul-le-Gaultier, Benoît Planchais, sa compagne et ses deux enfants ont opté pour un habitat insolite, très rapide à construire, bien loin des maisons traditionnelles. Leur nid, ils l’ont voulu rond comme une yourte. Un rêve à portée de mains et… de porte-monnaie pour le jeune couple. Il devrait y poser ses valises, en octobre prochain.
Yourte de 50m2
« On voulait un habitat différent, lumineux, écologique et économique », souffle Benoît Planchais. Il pensait d’abord installer sa petite famille dans une maisonnette en bois. « Artiste peintre, j’ai appris à vivre avec de petits revenus. Cela m’a permis de me recentrer sur l’essentiel. On se libére du matériel et en s’allégeant, on se sent nousmêmes, plus légers. » Seulement, comme bon nombre de primo-accédants, acquérir un logement avec deux enfants à charge est une gageure. Ils ont alors imaginé vivre dans une maison à toile ronde… L’habitat social par excellence.
« Nous avons fait appel à une entreprise auvergnate spécialisée dans la construction de yourte contemporaine. » Si la structure est inspirée de l’habitat mongol, le modèle a tout des codes d’une maison en dur. « La porte d’entrée sera vitrée, et deux fenêtres apporteront des puits de lumière », illustre Benoît, plan en mains. À l’intérieur : plancher au sol. Espace salon, salle à manger et cuisinière à bois. Et même, une place pour le piano. Derrière les cloisons, la chambre des enfants. Les parents eux, dormiront dans une banquette Bz pour optimiser l’espace. « Les sanitaires seront installés dans une annexe de 6m2. Nous utiliserons d’ailleurs des toilettes sèches. » Au total, ce sont 50m2 qui vont être aménagés et customisés par le couple.
1 200 watts par jour
Un intérieur assez standard en somme à ceci près que leur maison n’aura ni gaz, ni électricité. « Nous avons choisi un mode de vie décroissant. Nos besoins en électricité sont sommaires : machine à laver, téléphone portable… Une dépendance qui sera satisfaite par quatre panneaux photovoltaïques ce qui équivaut à 1 200 watts par jour. » De-là à imaginer une vie sans Internet ? « Je ne suis pas un puriste. Nous irons à la cyber base de Fresnay, cela sera amplement suffisant. Aujourd’hui, les gens sont asservis par la moindre notification des réseaux sociaux. »
Ce changement radical de vie, Benoît l’a opéré à la suite de la mise en circulation des compteurs Linky d’ERDF, la filiale d’EDF gestionnaire du réseau de distribution d’électricité. D’abord expérimentés en région lyonnaise, la loi de transition énergétique du 18 août 2015 prévoit le remplacement de 35 millions de compteurs classiques par des Linky, d’ici à 2021. Une décision qui ne fait pas l’unanimité auprès du trentenaire qui s’en explique : « Ce compteur ne semble pas permettre de faire davantage d’économies, c’est un premier point. Les ondes émises par Linky, directement connecté à Internet, sont susceptibles d’être dangereuses pour notre santé. Je n’ai tout simplement pas envie de prendre le risque. » Sollicitées par des habitants, près de 80 communes ont d’ailleurs adopté des délibérations ou des arrêtés, refusant la pose de ces appareils sur leur territoire.
« La petite yourte dans la prairie »
Loin des clichés d’un retour à l’âge de pierre et à l’inconfort, Benoît assume pleinement ce mode de vie alternatif. « Ici, il y aura un bosquet. À l’arrière de la yourte, un grand potager. Nous serons en quasiautonomie alimentaire. Là, un petit verger… » La liste des aménagements est longue. Mais Benoît n’est pas homme pressé. « J’apprends beaucoup depuis que nous nous sommes lancés dans ce projet, au fur et à mesure. Moi qui n’étais pas bricoleur, j’ai même construit mes propres toilettes sèches ! »