Les Alpes Mancelles

Quand le train rythmait la vie locale de Fresnay…

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Malgré le temps incertain, les gens sont arrivés petit à petit sur « le quai de la gare de Fresnay » samedi 2 juillet, pour participer à la déambulati­on organisée par les Amis de la Médiathèqu­e du président François Robert, afin d’animer le quartier de la Gare, autrefois un des quartiers les plus animés de Fresnay.

C’est Gérard Oudart qui présentait les lieux à l’aide d’un plan représenta­nt l’ancienne gare.

La gare pouvait être considérée à l’époque comme une gare multimodal­e, un pôle d’échanges, un lieu ou espace d’articulati­on des réseaux qui vise à faciliter les pratiques intermodal­es entre différents modes de transport de voyageurs.

En effet, on trouvait sur place la gare du chemin de fer, celle du tramway un peu en retrait, des hôtels, location de voitures, promenades en bus, chevaux, et tous moyens de locomotion, permettant, lorsque l’on descendait du train de pouvoir se déplacer pour aller plus loin… Hôtel de la Gare, hôtel de l’Ouest, cidreriedi­stillerie, anciens établissem­ents Noël, garage Vaillant, café de « Jojo » Delabarre, un coin travaux publics avec la CGEE, un commerce de chevaux, et plus loin l’ancien garage Peugeot, une scierie Leloup, et dans l’allée de l’ancien tennis, une compagnie industriel­le Linière… Et comme il y avait des chevaux, il y avait bien sûr le maréchal-ferrant, le père de Bernard Rondeau qui s’occupa durant de nombreuses années des travaux de la ville en tant qu’adjoint…

Autant de noms qui évoquèrent bien des murmures parmi les personnes présentes… Oui, on les connaissai­t bien… C’est vers l’ancienne gare de tramway que la petite troupe se dirigeait ensuite… Après un pique-nique pris près de la gare pour certains, une soixantain­e de personnes prenait place sous le chapiteau de Mimulus.

Il revenait à Jean-Claude Martin, des Amis du Patrimoine de Saint-Germain-du-Corbéis, de retracer une très captivante histoire de la constructi­on du tramway entre Alençon et Fresnay, appelé à l’époque « chemin de fer à voie étroite » puisque l’écartement des voies n’était que de 1 m, contre 1,46 m pour le chemin de fer normal.

Le tramway d’Alençon

Cette conférence débutait par l’histoire de la constructi­on de la ligne Alençon-Fresnay. C’est en 1904 que l’Orne engage avec la Sarthe des discussion­s pour un projet de ligne du Mans à Alençon, avec un embranchem­ent vers Fresnay-sur-Sarthe. Une convention est signée en 1906, Chaque départemen­t se chargeant de la constructi­on de la ligne sur son territoire !

Cinq années sont nécessaire­s pour établir les plans, acheter ou exproprier les terrains nécessaire­s… Plusieurs propriétai­res se plaignent de l’insuffisan­ce des indemnisat­ions et des fermiers font part de leur manque à gagner… En avril 1909, le chantier est enfin prêt à être lancé.

En début 1912, la pose de la voie est assurée pour la seule section Alençon-Fresnay, la poursuite jusqu’au Mans étant remise à plus tard ! Des difficulté­s apparaisse­nt avec l’entrée dans la constructi­on de l’entreprise alençonnai­se Lombardini à propos du non-paiement des ouvriers et de la fourniture du ballast, ce qui entraîne du retard. Fresnay sera atteint en juin 1913.

En août 1913, la Cie des Tramways de la Sarthe adresse aux autorités ornaises le recueil des tarifs appliqués sur les lignes sarthoises. Ces tarifs sont approuvés en octobre, et ils prévoient deux classes de voyageurs, (2,10 F Alençon-Fresnay en 1re classe et 1,60 F en 2e classe), des tarifs pour les chiens, les bagages, les marchandis­es et les tricycles, bicyclette­s, marchandis­es, et animaux…

L’écho d’Alençon fait part de l’engouement lors de cette ouverture en juillet 1914, avec beaucoup de lyrisme, et le 1er août pour le transport des marchandis­es.

Après 20 ans de fonctionne­ment, l’engouement du début fait place à la guerre, aux restrictio­ns et aux difficulté­s économique­s, avec un déficit d’exploitati­on qui atteint 110 000 F en 1932. La vapeur sera remplacée par une De Dion-Bouton sur rails, qui ne consomme « que » 25 l d’essence aux 100 km, qui « file » à… 30 km/h ! Bien moins coûteux que le charbon dont le prix ne cesse de grimper !

Les deux Conseils généraux décident de l’arrêt de l’exploitati­on le 3 octobre 1932…

Belle journée, dont on aurait souhaité une plus grande participat­ion de la part du public, qui aurait pu découvrir à « l’intérieur de la gare » la maquette réalisée par les enfants de l’école de Saint-Aubin-de-Locquenay, maquette réalisée lors des TAP, avec l’aide de Jean-Marc Ory…

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