Commerce : 42 ans de métier pour Nicole !
C’est une institution à Fresnay ! Depuis 42 ans, Nicole Romarie est bien plus qu’une buraliste pour bon nombre de Fresnois. Portrait.
Lundi 18 juillet, 15h30. « Fine », le petit chien noir et blanc de Nicole Romarie fait la fête aux premiers clients de l’après-midi. La mascotte de la maison de la presse n’est jamais bien loin de sa patronne. Ici, tout le monde la connaît : sa bienveillance, son sourire, le petit mot qui fait plaisir… « Bonjour Nicole, ma montre ne fonctionne plus, tu pourrais y jeter un oeil ? » « Bonjour, avez-vous reçu le programme TV ? »
« Depuis une semaine, on sent que les touristes sont arrivés, glisse la buraliste entre deux clients, à la fin de l’été, beaucoup finiront par m’appeler par mon prénom. » Le pas-de-porte du commerce a été franchi des milliers de fois depuis une quarantaine d’années. Derrière le comptoir, Nicole est fidèle au poste depuis un certain 1er janvier 1974. « Nous avons d’abord tenu le bartabac-presse-pmu jusqu’en 1988, rue Bailleul avant de céder notre commerce pour se consacrer sur la presse uniquement. » Après avoir transféré l’activité dans l’ancienne cave à vin, elle pose ses valises rue Gambetta, en novembre 89. « Romini Presse » a pignon sur rue. Et pour bon nombre de Fresnois, la sexagénaire est devenue un relais historique pour la diffusion des titres de la presse régionale et nationale, les revues et magazines.
Presse : un recul de 20 % en 5 ans
Pas moins de 1 500 titres se partagent les 67 m2 de linéaires. Certains font partis des rayons depuis les débuts. « Ici Paris, Mode et travaux, France Dimanche… Ce sont des incontournables. » Le magasin est rempli de souvenirs avec des présentoirs qui débordent d’anecdotes. « Le magazine « Nous deux » a su tenir ses lectrices en haleine. Ses romans à l’eau de rose fidélisaient les clientes l’été », se souvientelle. À Fresnay, la presse people fait un tabac et peuple une surface importante des gondoles. « Avec les programmes TV, ce sont mes meilleures ventes. On assiste aussi à un regain d’intérêt pour les titres décidés à la cuisine. »
Au fil des années, le métier a changé. Parce que les habitudes de lecture des clients ont changé, elles aussi. « Les gens lisent moins et vont sur Internet » livre-elle en substance. « Auparavant, on m’achetait plusieurs titres à la fois, aujourd’hui cela se résume souvent à un seul. » Un déclin qui s’opère à l’échelle nationale, quand l’on sait que la presse est un produit qui perd 5 % par an. Les chiffres de la buraliste parlent d’eux-mêmes « J’enregistre un recul de 20 % depuis cinq ans. La presse ce n’est plus ce que c’était. » Côté librairie, la situation n’est pas forcément plus réjouissante. « Ça n’intéresse plus les jeunes. »
Se diversifier pour perdurer
Dans ce contexte difficile, Nicole Romarie tient bon. Elle essaye de compenser en diversifiant ses services. Et, les activités, la fringante sexagénaire commence à les accumuler ! Papeterie, point internet, copie service, bijoux fantaisies, photos d’identité, confection de plaques et de tampons, dépôt cordonnerie… La buraliste est multiservices. « Bonjour Nicole, quelle chaleur… […] Deux goals s’il te plaît. » Il y a les jeux de grattage aussi. « Un client a remporté 30 000 € aux mots croisés le 12 mai dernier. La plus grosse somme depuis que je suis installée. Je suis ravie, d’autant qu’il s’agit d’un habitué. »
Livraison à domicile
La maison de la presse est surtout un point de rencontre, de bonne humeur où Nicole, avec son regard affûté sur la vie locale, informe toutes les générations, des grandes et petites actualités. Levée aux aurores, elle débute toutes ses journées par le même rituel. « Entre 6h et 6h30, je prends un bol d’air avec « Fine ». On effectue une vingtaine de livraisons, à pied, dans le centre-ville de Fresnay. » Des personnes âgées principalement. « Certains d’entre eux éprouvent des difficultés à se déplacer, j’essaie de leur rendre service en leur apportant le journal. Mes clients, c’est comme une grande famille. » Et ils le lui rendent bien. Un bouquet de fleurs ici, des croissants par là, des oeufs de ferme, des chocolats… « Je connais leurs habitudes. On parle de tout et de rien. De la pêche, du jardin… Il n’y a que la chasse que je ne maîtrise pas ! On me sollicite aussi pour mes astuces de grandmère. Du bicarbonate du vinaigre et un zeste de citron, il n’y a rien de tel pour astiquer la robinetterie par exemple », conseille Nicole.
Celle qui, discrètement, s’est fait une place auprès des Fresnois se refuse aujourd’hui à évoquer la retraite. « Je partirai quand ce sera l’heure, pour l’instant, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. »