Bientôt un maître papier à Ste-Suzanne ?
En procédure judiciaire depuis 2011 contre leur propriétaire, la municipalité de Muzillac dans le Morbihan, le maître papetier Carlos Robert et son épouse Nelly, locataires depuis 1987 du moulin à papier de Pen-Mur, cherchent à se réinstaller ailleurs.
Leur savoir-faire serait le bienvenu au Grand Moulin de Sainte-Suzanne, équipé d’un moulin à papier en parfait état de fonctionnement : « on continue actuellement à travailler avec le papetier en espérant bien le faire venir » explique l’animateur Anthony Robert.
« Il a déjà testé nos machines, qu’on a fait tourner une nuit entière pour vérifier que cela n’entraînait aucune nuisance sonore pour les voisins. Après quelques travaux d’aménagement, particulièrement sur la ventilation des locaux pour permettre le séchage du papier, il pourrait s’installer à demeure l’année prochaine. Il travaillerait de A à Z : du traitement des chiffons à la commercialisation de son papier à l’ancienne, et avec visites de ses ateliers pour le public » confirme François Delatouche, vice-président Culture et Patrimoine à la Communauté de Communes des Coëvrons. « Actuellement outil de démonstrations, le moulin deviendrait alors un véritable outil vivant. Une belle occasion de valoriser ce magnifique patrimoine, comme le rêvait depuis un bon moment déjà le maire de la commune, Jean-Pierre Morteveille ».
Les moulins de Sainte-Suzanne
De la fin du XVIIè siècle au début du XIXè, 16 moulins (farine, papier, foulon, orge, blé, tan) ont été exploités sur l’Erve dans le faubourg de la Rivière. Les Français commencent à construire des moulins à papier vers le milieu du XIVè siècle. A cette époque, l’introduction de l’usage du linge de corps favorise indirectement l’industrie du papier, fabriqué avec des chiffons de linge usagé, et l’usage du papier permet à l’imprimerie de se répandre.
A Sainte-Suzanne, le premier moulin à papier est mentionné dès 1544, l’essor du commerce atlantique dont profitent plusieurs centres papetiers de l’Ouest étant alors déterminant dans l’introduction de cette technique dans la commune. En 1771, sept y sont en fonctionnement et produisent environ 3 000 rames. Les papeteries suzannaises ferment définitivement leurs portes entre 1835 et 1840, le dernier moulin à papier cesse de fonctionner en 1840.