Les Alpes Mancelles

Pascal et Eric, deux forgerons artistes

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Ils sont installés depuis peu dans le village mais s’intègrent, dans le surprenant métier de ferronnier d’art.

Derrière l’apparente dureté du forgeron peut se cacher une réelle sensibilit­é artistique. C’est le cas pour Pascal Grignoux installé depuis deux ans dans la commune. Il est ferronnier d’art. Il propose des réalisatio­ns diverses telles que pergolas, rampes, garde-corps, sculptures… « Ce qui compte c’est le projet. Je ne réalise surtout pas des objets standards. Donc les personnes indiquent le cadre c’est-àdire la fonctionna­lité, par exemple un garde-corps, la dimension, voire une gamme de prix. À partir de ces éléments plus ou moins précis, je crée. Ils doivent donc me faire confiance. »

Après avoir feuilleté le catalogue de ces réalisatio­ns, nul doute que les clients ont dû être ravis de lui avoir laissé carte blanche. « À chaque fois, j’essaie de proposer quelque chose de nouveau ; même si je m’aperçois après coup que finalement, les réalisatio­ns ont un même style, en fonction de ma personnali­té. »

Si l’acier reste évidemment la matière première essentiell­e ; très souvent l’artisan-artiste y mêle d’autres éléments : du bois, du verre… Des effets qui s’accommoden­t très bien à la nouvelle tendance de décorer ses extérieurs, « qui deviennent de plus en plus souvent une pièce à part entière de la maison ».

Quant à son parcours, c’est un peu le fruit du hasard qui l’a amené vers la forge, avec une hésitation entre la manipulati­on du métal à froid type chalumeau ou le métal à chaud du brasier. Mais comment résister à l’appel du feu qui modèle l’acier et donne naissance à l’objet souhaité ?

Le métal comme squelette

Même métier et pourtant un travail différent pour Eric Sanchez qui a rejoint son comparse depuis un an, arrivant de Domfont-en-Champagne. Chez lui, le côté artistique l’emporte dans ses réalisatio­ns car c’est avant tout un cérébral comme il se définit lui-même.

Après avoir surtout vendu sur Paris, des oeuvres s’envolant parfois à l’étranger, il a posé ses valises dans la campagne rouesséenn­e, son « bayou ». Ce côté campagne perdue l’inspire, même si l’on n’y trouve pas encore de crocodiles !

Il utilise comme point de départ de ses créations des objets de récupérati­on, le pus souvent des pièces utiles du quotidien : des pièces de mécanique comme un embrayage de voiture, des morceaux d’outils agricoles… Le métal devient la structure de son oeuvre, son squelette. Ensuite il faut habiller ces os, leur mettre des muscles, de la peau, ce qu’il fait avec d’autres matériaux, du verre, du bois par exemple. Il a ainsi beaucoup travaillé avec la spécialist­e de vitraux de Domfront.

Ce qui a amené Eric à la métallerie d’art, c’est une grande question : « Que choisir pour ce que sera ma vie à 30 ans ? Je voulais m’orienter vers quelque chose de vrai. D’où le choix du métal car on le retrouve partout comme base de l’outil. »

Des projets à quatre mains

Évidemment, travailler côte à côte les amène à envisager des projets de réalisatio­n commune. Et même s’ils ont manqué de temps pour être prêt pour exposer au comice, les deux forgerons souhaitent montrer leur travail aux habitants des environs.

Un projet d’enseigne, de showroom, et surtout l’envie de participer à des fêtes de village, des kermesses pour présenter leur travail de manière ludique, comme des artistes de rue.

Déjà Eric a un ensemble de 7 sculptures au message philosophi­que inspiré de la culture chinoise, qui pourrait faire l’objet d’une exposition itinérante, à Sillé notamment. Affaire à suivre car ces deux-là ont la tête pleine de projets et les quatre bras auront la force de les réaliser.

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Seul ou à deux devant la forge, le travail de l’acier se mérite, ce qui est loin de rebuter les jeunes métalliers.

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