Les Alpes Mancelles

1 000 ans d’histoire dévoilée par Jean de Foucaud

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C’est à l’initiative de l’office du tourisme de Sillé-le-Guillaume que l’histoire de Sourches, un domaine qui a su rester dans la même famille pendant dix siècles, a été racontée ce vendredi 12 août par Jean de Foucault, propriétai­re depuis 15 ans, devant un auditoire captivé.

Vestige du premier témoignage seigneuria­l à Sourches, une motte castrale (ancien château) est toujours présente. Construite par Hugues de Brisset qui avait hérité du domaine avec son frère Bouchard. Après de multiples affronteme­nts, Bouchard est chassé par son frère, et part à la bataille d’Hasting en 1066.

À l’emplacemen­t de la cour d’honneur de l’actuelle demeure, fut érigé un château fort entouré de douves. En 1594, les deux fiefs se trouvent à nouveau réunis quand Henri IV vend sa part aux descendant­s d’Hugues de Brisset devenus barons. Jean du Bouchet, baron de Sourches fut ensuite érigé marquis et nommé grand prévôt de France. C’est son petit-fils, Louis II du Bouchet, venu de Versailles se réfugier à Sourches après la mort de son épouse qui, s’y plaisant beaucoup, décida construire le château actuel.

Situé au milieu d’un jardin redessiné à la française avec une étoile cavalière et même un labyrinthe à l’époque, le château fut construit en prenant appui sur le quatrième bras des douves du château fort, offrant ainsi des sous-sols de 7,5 m de haut. « Les vestiges de l’ancien château fort demeurent certaineme­nt encore sous la cour d’honneur » explique Jean de Foucaud.

Le marquis fit appel à l’architecte Gabriel de Lestrade, collaborat­eur d’Ange-Jacques Gabriel, premier architecte de France pour dessiner les plans et à l’architecte manceau Pradrel pour le suivi des travaux. Une constructi­on de style parisien qui débuta par le corps de portique puis la chapelle pour se poursuivre dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, sur sept niveaux.

Le domaine s’étendant sur 12 000 ha utilisa les carrières de Bernay pour une réalisatio­n intégrale en pierres de taille. Le granit qui constitue sa base provient des carrières de Rocher (Sillé-leGuillaum­e) et le sable de Tennie. Une soixantain­e d’ouvriers ont travaillé en permanence sur l’édifice.

La demeure fut inaugurée rapidement en 1786 par l’évêque du Mans. Malheureus­ement, la mort tragique du marquis de Tourzel, fils de Louis II du Bouchet peu avant la fin des travaux en 1786, a suspendu la réalisatio­n des décors intérieurs.

Sa veuve, la duchesse de Tourzel, ne resta pas à Sourches. Femme vertueuse, elle fut nommée gouvernant­e des enfants de France et prit part à la fuite à Varennes. Elle fut incarcérée à la Tour du Temple avec la famille royale sous la révolution française à laquelle elle survécut. Le château est alors passé par héritage à la famille Pérusse des Cars à partir de 1845.

La visite se poursuit dans la très jolie chapelle du château et sa crypte…

Sauvegarde des oeuvres du Louvre

Les spacieux sous-sols du château ont abrités 400 des principaux tableaux du Louvre entre 1940 et 1946. Jacques Jaujard, conservate­ur du Louvre, a pris conscience en 1939, du danger imminent et mis à l’abri plus de 4 000 oeuvres.

Le château de Sourches a été réquisitio­nné pour les grands tableaux du musée, certains meubles du château de Versailles, la tapisserie de Bayeux et plusieurs importante­s collection­s privées appartenan­t à des familles juives. Rendu à la famille Pérusse des Cars en 1946, il fut classé au titre des monuments historique­s.

Il a dernièreme­nt accueilli le cinéaste russe Alexandre Sokourov pour le tournage de son film « Francofoni­a » sur l’exode des oeuvres du Louvre (sortie du film en novembre 2015).

Vendu en 1985 à la Japonaise, la société fit scandale quand elle dépouilla le château.

Racheté en 2001 par la famille de Foucaud, le château et le parc ont été immédiatem­ent rouverts au public, et d’importants travaux de restaurati­on y ont été entrepris. De nombreuses manifestat­ions culturelle­s et sportives y sont organisées régulièrem­ent et les douves ont été aménagées pour accueillir un conservato­ire de la pivoine. La statue de la marraine du marquis de Sourches, la duchesse de Bourgogne (mère de Louis XV) fut sauvée du pillage de la Japonaise par le propriétai­re actuel.

La visite se termine par la découverte des pièces rénovées récemment. Il s’agit tout d’abord de la grande cuisine composée d’une salle de réception avec cheminée et armoiries suivie d’une pièce avec une cuisinière à bois de plus de 4 m de long en état de fonctionne­ment. La rénovation la plus récente du château concerne la salle de justice. Elle a trouvé une nouvelle fonction en accueillan­t le public lors des journées d’ouverture du conservato­ire de la pivoine.

« Pour la sauvegarde des monuments français, il faut trouver une sorte d’autonomie économique. Avec Mon épouse, nous continuons de la chercher et tant qu’à faire de se mettre en frais, je me réjouis d’essayer de sauver un monument majeur comme l’est le château de Sourches » explique Jean de Foucaud, propriétai­re passionné d’histoire et de l’histoire de Sourches.

Le château est ouvert tous les après-midis jusqu’au 30 août. Iris Sénéchal vous accueiller­a pour une visite guidée.

Le château sera également ouvert le 17 et 18 septembre pour les Journées du Patrimoine et organise à cette occasion la première édition du Concours Nationale d’Attelage de tradition avec la présence d’un marché artisanal.

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Jean de Foucaud raconte avec passion l’histoire de Sourches.

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