Comment faire face aux vitrines vides ?
Comment se porte le commerce en centreville ? Quels sont les moyens d’action de la ville ? Éléments de réponse avec Benjamin Joly, manager du commerce.
« Bail à céder », « à vendre », « locaux disponibles ». Dans le centre-ville évronnais, les agents immobiliers ont placé des affichettes sur les devantures des magasins. Peine perdue pour bon nombre de locaux. De nombreuses vitrines demeurent vides, certaines recouvertes de lés de papier blanc. Ce phénomène n’est pas propre à Évron, ni même à la Mayenne, on aurait pu dépeindre avec exactement les mêmes mots le centre de Beaumont ou Sillé-le-Guillaume. À dire vrai, beaucoup de villes françaises, à quelques exceptions près, connaissent cette désertification commerciale.
Double recrutement
La prolifération des boutiques abandonnées en centreville serait-elle irréversible ? À Évron, comme chez les voisins, on tente d’inverser la tendance. Pour enrayer le phénomène, la communauté de communes des Coëvrons a engagé en janvier dernier, deux chargés de mission afin d’étoffer l’équipe du service économie. La mission de Benjamin Joly et Bérénice Marrec est claire : dynamiser le développement économique du territoire. Près de neuf mois plus tard, qu’en est-il ? Quelles options s’offrent à la ville ?
À Fresnay-sur-Sarthe par exemple, la municipalité a décidé de rhabiller les commerces vacants d’image en trompel’oeil. En leur redonnant vie, elle espère rendre les lieux plus sympathiques et attirer de nouveaux venus. Autre initiative avec le concept de boutique éphémère. Quatre artisans se sont partagés le temps de l’été un local vide du centre-ville. Objectif de la manoeuvre : leur permettre d’exposer leurs créations contre un loyer symbolique.
Première action concrète à Évron : adhérer à la fédération nationale Ma Boutique à l’essai. L’adhésion a été entérinée au conseil municipal en mai dernier. « Il s’agit de proposer un local commercial à un loyer inférieur au montant classique, à un commerçant qui souhaiterait d’abord tester la viabilité de son activité avant de se lancer », rappelle Benjamin Joly. Principales visées de l’initiative : la rue de la Fontaine et la place de la Basilique. Trois locaux avaient alors été évoqués : « Basic Jeans », « Poupée Poudrée » et l’ancienne Presse la Basilique. Aujourd’hui, seule « Poupée poudrée » semble rester disponible pour l’opération. « Basic Jeans » a récemment vu s’ouvrir une nouvelle boutique de vêtements (lire ci-contre), l’ancienne Presse de la Basilique pourrait elle aussi voir une nouvelle enseigne s’y installer. « On espère lancer un appel à candidatures avant la fin d’année. »
Journée du commerce de proximité
La seconde action menée par la municipalité repose sur la journée nationale du commerce de proximité, le 8 octobre prochain. « Le principe est de découvrir les commerçants locaux autrement, au détour d’une démarche moins formelle », explique Benjamin Joly. Sans idée mercantile.
« On a d’abord réfléchi à une « route des commerces. » Quatre parcours seront proposés aux volontaires afin de mieux connaître leurs commerçants. C’est l’occasion de discuter, de dévoiler son savoir-faire et même de boire un café ! » 16 commerces jouent déjà le jeu. Quant aux commerces vacants, ils serviront d’écrin à des musiciens. « Que les intéressés se fassent connaître à la mairie. »
En parallèle, une opération « cafés suspendus » devrait voir le jour. « C’est un concept qui a été popularisé à Naples. Cela signifie que le client commande deux cafés mais qu’il n’en avale qu’un seul, laissant l’autre à une personne qui n’a pas les moyens de s’en offrir. » Deux conférences : l’une sur la monnaie locale, l’autre sur les clubs d’investisseurs pour une gestion alternative de l’économie sont aussi au programme.