Les Alpes Mancelles

Que sait-on de Merouane Benahmed ?

- A.L.

Qui est Merouane Benahmed ? Depuis quelques jours, son nom fait les titres de l’actualité nationale. En cavale depuis le 8 septembre (lire ci-dessus), l’ex-terroriste est toujours dans la nature.

L’homme s’était déjà soustrait à ses pointages quotidiens en juillet 2015, alors qu’il était assigné à résidence à Châteaulin. Une brève fuite qui l’avait condamné à quatre mois de prison. Peine qu’il a purgé à Brest. Mais cette fois, le quadragéna­ire reste pour le moment introuvabl­e.

Décrit comme un artificier, Merouane Benahmed ne s’est pas présenté à l’un de ses pointages à la gendarmeri­e d’Evron (lire ci-dessus). Marié et père de quatre enfants, l’homme qui était jusqu’alors cloîtré dans une chambre d’hôtel avait été transféré dans un appartemen­t réquisitio­nné par la préfecture au 22 rue de Saulgé, toujours dans le centre-ville d’Évron, à la mi-août.

« Un petit logement du parc privé où il vivait seul. Sa femme et ses enfants qui sont a priori en région parisienne venaient régulièrem­ent », explique Joël Balandraud, maire d’Évron. Une mesure jugée « lamentable et dérisoire au motif de ses actes », pour des clients du bar voisin. « Il ne respectait même pas le couvrefeu, alors ça signifie quoi être assigné à résidence ? »

Leader des filières tchétchène­s

Merouane Benahmed avait été arrêté par les services européens à La Courneuve (SeineSaint-Denis) en 2002 avec sa compagne. Il était alors suspecté de préparer des attentats en France au sein de la « filière tchétchène », réseau de recrutemen­t pour le Caucase composé de djihadiste­s.

Merouane Benhamed, 33 ans, avait alors été présenté dans le réquisitoi­re de la procureure comme « le chef d’orchestre » et le « promoteur du projet d’attentat », écrivait Le Monde dans un article du 14 juin 2006.

« Les prévenus étaient d’anciens membres du maquis du Groupe islamique armé (GIA) de Chleff, en Algérie, des djihadiste­s internatio­naux proches d’Al-Qaida, […] tous accusés d’avoir projeté des attentats contre la Tour Eiffel, un grand magasin du Forum des Halles, des commissari­ats ou des établissem­ents abritant des intérêts israéliens entre 2001 et 2002 », relatait le quotidien. 10 ans de prison avait été requis à son encontre, la peine maximale.

Avant ça, l’Algérien de 43 ans était déjà connu des services de lutte contre le terrorisme pour son implicatio­n durant la guerre civile algérienne. Une décennie noire (1991-2002) qui a vu s’opposer le régime algérien et l’armée nationale populaire à divers groupes armés islamistes dont le groupe islamiste armé (GIA). Il n’a pas vingt ans mais combat déjà à leurs côtés. Attentats à la bombe, assassinat­s, massacres, exécutions… 60 000 personnes ont trouvé la mort dans le conflit.

Dans son pays, qu’il a fui en 1999, Merouane Benahmed est condamné à mort par contumace. Comme plusieurs autres membres du GIA, il s’est « réfugié » en France au début des années 2000 après un passage par l’Espagne et le Portugal.

L’expulsé devient inexpulsab­le

Libéré en 2011, il est interdit de territoire en France. Merouane Benahmed intègre alors un centre de rétention administra­tive en attendant d’être extradé vers son pays d’origine, l’Algérie. Seulement l’homme y échappe de justesse, après l’interventi­on de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. La raison ? Il y risque la peine de mort.

Depuis, Merouane Benahmed est ballotté de départemen­t en départemen­t sous le régime de l’assignatio­n à résidence, jusqu’à ce qu’un pays autre que l’Algérie accepte de l’accueillir. Peine perdue, ses demandes d’asile n’ont pas trouvé d’échos favorables. Gers, Aveyron, Maine-et-Loire, Finistère… Toujours assigné à résidence dans des communes dites rurales et isolées pour éviter que se reconstitu­e autour de lui, un réseau. Il aurait été contraint à « déménager » sept fois en cinq ans sous la surveillan­ce de l’Etat. Sa dernière assignatio­n à résidence étant Évron.

Un hôte encombrant dont le maire, Joël Balandraud, se serait bien passé. « On est marqué comme les autres par les attentats terroriste­s depuis janvier 2015 et, un mois après les attentats du Bataclan, cet homme-là est arrivé chez nous. Paris saignait encore et nous, on reçoit un homme qui représente physiqueme­nt le terrorisme.

Même si on a su l’expliquer, ce ne sont pas les mêmes hommes, les mêmes dates, ni les mêmes groupes, il représente encore le terrorisme aux yeux de tous. Sa présence est une provocatio­n pour beaucoup », avait alors livré le maire. Sans avoir le pouvoir de faire exfiltrer l’ex-terroriste. Sa présence avait suscité l’hostilité des habitants, certains d’entre eux lançant une pétition en ligne pour réclamer son départ.

Depuis quelques semaines, son arrivée dans le parc privé avait échaudé les esprits : entre émoi et indignatio­n. « On le croisait dans le centre-ville, à la cafétéria, au Kebab… Difficile de voir quelqu’un d’aussi libre quand on connaît son passé », commentait une commerçant­e quelques jours avant qu’il ne mette les voiles.

Au total, en France, il existerait une dizaine de terroriste­s islamistes radicaux, ballottés de sites en sites, comparable­s à Merouane Benahmed. (source : Le Figaro).

Newspapers in French

Newspapers from France