Un nouveau curé à la Don Camillo !
La ruralité, la course à pied et la foi. C’est sa Sainte-Trinité à lui. L’abbé Gaëtan de Bodard va être installé par Mgr Le Saux comme nouveau curé des communautés paroissiales de Fresnaysur-Sarthe, Oisseau-lePetit et Sougé-le-Ganelon. Portrait.
Ses allées et venues à bicyclette ne sont pas passées inaperçues. Ses repas pris sur le pouce en soutane, galette saucisse en mains non plus. Et dire que ses trois running hebdomadaires ne réveillent pas la curiosité des Fresnois est un doux euphémisme. À 42 ans, l’homme d’église a du souffle. Et de la répartie. « C’est l’un des seuls métiers où l’on peut être considéré jeune à mon âge », commente d’emblée Gaëtan de Bodard, amusé. L’ancien prêtre d’Yvré et de Savigné-l’Evêque a la parole facile et l’accueil chaleureux.
L’envie d’être prêtre à 13 ans
Comment ce Sarthois d’adoption est-il arrivé jusqu’à Fresnaysur-Sarthe ? « Ma vocation est née chez les scouts. À 13 ans, j’ai exprimé l’envie de devenir prêtre. L’aumônier de l’époque avait réveillé ma foi. » Depuis, Gaëtan de Bodard n’a jamais dévié du chemin qu’il s’était tracé. « J’avais pourtant très envie d’être militaire. » Étudiant à La Flèche, il prépare le concours de Saint-Cyr. L’initiative reste vaine, « le seigneur a remporté la bataille », livre t-il simplement. Envoyé par l’Evêque du diocèse du Mans en séminaire à Rome, il reviendra accomplir son service militaire qui l’a amené un an à la gendarmerie de Lourdes. « Le seigneur a continué à se jouer de moi », sourit celui qui décrit cette expérience comme « unique ». Quelques années plus tard, en 2001 le voilà ordonné prêtre, un master en théologie en bagages.
Depuis 15 ans qu’il exerce son ministère, il a mené de front, au sein du diocèse du Mans principalement, deux objectifs : être un prêtre de terrain, « je n’ai pas attendu que le pape François nous appelle à sortir de la sacristie ». Et un homme de projets dans son domaine : il sera à son tour aumônier des étudiants et des scouts unitaires de France en plus d’être vicaire dans le centre-ville du Mans. Rattrapé par le virus kaki, il sera aumônier militaire affecté aux deux régiments des parachutistes de Tarbes. Trois années dont quatre mois et demi au Tchad dans des conditions rustiques. « J’ai été le bienvenu partout où je suis passé. On m’appelait « le padre », je devais faire attention aux casiers de militaires décorés de femmes aux seins nus », sourit encore le jeune prêtre. « Ce n’est pas simple de quitter un endroit où on a tous ses repères, reconnaît Gaëtan de Bodard. Monseigneur Le Saux avait besoin de moi ici, j’ai officié dans deux paroisses avant de rejoindre Fresnay, le 1er septembre. »
5000 followers sur Twitter
Missionné sur la vie paroissiale des Alpes Mancelles, il est secondé par l’abbé Maurice Chevalier, auxiliaire qui dessert la paroisse de Sougé-le-Ganelon. « Il y aura du changement mais pas forcément en rupture avec le père Crétois, qui a énormément fait pour la paroisse », insiste l’abbé de Bodard. « J’ai été nommé pour le décharger de ses responsabilités, devenues lourdes à gérer. L’Evêque a fait le pari d’un jeune prêtre, cela fait plus de 50 ans qu’il n’y a pas eu un sur le secteur. »
Etre l’ami de Jésus, ça rend heureux !
Son dévouement au seigneur, il le veut communicatif, presque contagieux auprès des jeunes mais aussi de tous, autant chrétiens qu’athées. Il fait partie de ses ecclésiastiques médiatiques aux 5 000 followers sur Twitter. « J’ai forcément d’autres méthodes de travail, à l’ère de l’informatique. J’ai créé un blog dédié à la vie de la paroisse qui comptabilise déjà 200 pages vues par jour. »
La méthode de Bodard semble faire ses preuves, une soixantaine de fidèles se pressait à la messe dominicale à Savigné-l’Evêque. Il compte bien appliquer sa « recette » ici. « On peut dire la messe et être sportif. Un prête est un homme comme les autres. Souvent quand je confesse que je suis un amateur de whisky et de chocolat noir, ça décoince les gens ! » Et continue de prêcher la bonne parole : « Je suis prêt à recevoir tout le monde : du pilier de bar au pilier de la sacristie »
Le Don Camillo Sarthois n’est pas homme à marcher sur ses convictions. Si l’expression de visage semble se figer lorsque l’on évoque Jacques Hamel, prêtre assassiné à l’âge de 85 ans, mardi 26 juillet, par deux djihadistes au cours d’une messe à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), l’événement tragique n’a fait que sceller sa foi.
« L’abbé Jacques Hamel, mon frère dans le sacerdoce, a imité le Christ jusque dans le don de sa vie. Comme l’ensemble de mes confrères, j’invite à la paix. Toutes les âmes sont les bienvenues, nous n’excluons personne. Être l’ami de Jésus, ça rend heureux ! », répond l’Abbé de Bodard, résumant ainsi les fondamentaux de la foi catholique.