Les bouquets de la Silléenne Anne Deslandes ravissent les stars !
Devenir fleuriste à Londres n’était pas forcément le rêve d’Anne Deslandes. Pourtant, aujourd’hui, la jeune femme de 23 ans n’échangerait sa place pour rien au monde. Témoignage d’une jeune pousse en quête d’expériences, hors des frontières de l’Hexagone.
Un melting-pot de populations, un mix architectural captivant et des opportunités professionnelles à chaque coin de rue ou presque. Lorsqu’elle parle de sa vie londonienne, la Silléenne Anne Deslandes, est intarissable. Et confirme l’image d’un Londres cosmopolite, qui fait la course en tête auprès des étudiants et jeunes diplômés.
« Un partenariat Léonardo da Vinci - équivalent d’Erasmus - avec le CFA de Caen m’a conduit cinq mois à Londres, en 2014 », raconte la jeune femme. L’occasion d’y faire un stage est trop belle, l’étudiante avide de mobilité saute le pas et embarque avec deux amies pour la capitale anglaise.
« C’était plus facile de partir accompagnée pour une première expérience à l’étranger. » D’autant qu’avec un CAP fleuriste gonflé d’un Bac pro technicien conseil vente de produits horticoles et d’un Brevet professionnel, Anne Deslandes a rapidement décroché un stage chez un fleuriste spécialisé dans les roses. En traversant la Manche, elle a attrapé le virus de l’expatriation.
Réussir sans bagages scolaires
« Je suis rentrée quelques mois en France avant de repartir, avec mon copain cette fois. » London calls ! Pourquoi ? Il y a l’attrait du voyage bien sûr, l’envie d’enrichir son CV. Mais se dessine en creux, le portrait d’une France qui n’offre que peu de perspectives professionnelles.
« Deux jours après notre arrivée, j’avais du boulot dans l’entreprise où j’ai réalisé mon stage. À Londres, il est tout à fait possible d’arriver avec sa petite valise, son petit CV et de trouver un emploi en quelques jours. Il faut savoir que les Anglais ne portent pas autant d’importance que les Français aux études. Pour eux, l’expérience professionnelle, la débrouillardise, et la motivation valent plus que les diplômes. »
Des bouquets qui séduisent les stars
Et constate : « Devenir fleuriste en France sans bagages relève de la mission impossible. Ici, j’ai rencontré plusieurs personnes à qui on a tout simplement donné la chance. Ils ont tout appris sur le tas. Et cela se vérifie dans plusieurs autres corps de métier. »
Une sorte d’eldorado professionnel… Et pour Anne Deslandes, le rêve anglais est en marche. « Je travaille désormais chez Bloomsbury Flowers », confie allègrement la jeune femme.
La boutique est une halte incontournable de Londres qui s’est fait un nom auprès des célébrités. Ses clients sont Mick Jagger, Sam Smith et Daniel Radcliffe pour ne citer qu’eux. « On réalise beaucoup de gros événements comme la soirée GQ ou le Royal Opéra House. On fait des compositions pour des mariages, des hôtels de luxe. Chaque jour, nous livrons des endroits magnifiques. C’est une chance inouïe, que je n’aurais jamais eue en France. »
Qu’est ce qui fait la notoriété de la boutique ? « On est à contre-courant des tendances », livre-t-elle subtilement. « Bloomsbury a sa propre identité. Nous imaginons des bouquets aux antipodes de la modernité. Le shop est orienté vintage, champêtre », explique Anne, qui passe aisément de la langue de Shakespeare à celle de Molière. Car parfaire son anglais faisait aussi partie des objectifs de cette expérience à l’étranger.
Brexit : quel avenir pour les étrangers ?
Si l’on gratte un peu la peinture, par endroits, le rêve peut briller un peu moins fort. Anne reconnaît volontiers que « pour travailler ici, il ne faut pas être fainéant. Il faut se préparer à faire beaucoup d’heures de travail, loin des 35 heures hebdomadaires françaises. Pas beaucoup de jours de congés non plus, mais on ne peut pas tout avoir ! »
Reste aussi que le coût de la vie est élevé. « Si l’on trouve du fromage et des spécialités bien françaises, les produits exportés coûtent une fortune. »
Dernière épine dans le pied du gouvernement : le brexit. « Pour le moment rien n’a changé ici. On peut imaginer que les critères d’accueil des étrangers évoluent, reste à déterminer comment. Tous les Anglais que je côtoie sont dépités. »
Si la patrie de la reine Elisabeth est devenue son pays d’adoption depuis deux ans et demi, celle qui se passionne pour les pétales effleure l’idée d’ouvrir sa propre boutique dans l’Hexagone. « Je compte profiter de Londres quelques années encore. Et même si je suis à des kilomètres de la Sarthe, on y croise parfois des Français. Il y a d’ailleurs beaucoup plus d’étrangers que d’Anglais ici. C’est cette ouverture d’esprit qui nous a séduits. »
Le couple compte rentrer en France pour les fêtes de fin d’année. Le temps de revoir leurs familles, de déguster un peu de fromage sûrement, et de vérifier que le château de Sillé n’a pas bougé !