La plus vieille armure de France est de retour à Sainte-Suzanne
L’armure du XVe siècle du Musée de l’Auditoire avait été déposée en septembre au laboratoire nantais Arc’Antique pour expertise et une datation plus précise de ses différents éléments.
Appartenant au musée de Laval, l’armure est mise en dépôt depuis 2006 au musée suzannais par convention. La directrice du musée lavallois, Antoinette Le Falher, était présente pour son retour à Sainte-Suzanne, le 13 octobre, aux côtés du maire Jean-Pierre Morteveille et de Gérard Morteveille, deux historiens spécialistes de la commune. Antoinette Le Falher a précisé que « Arc’Antique est un laboratoire scientifique dont une des missions est la recherche sur tous les supports archéologiques, et particulièrement tout ce qui est en métal et en bois ».
L’enquête est en cours
« Une première étude sur l’armure avait précédemment été réalisée par le musée des Invalides à Paris et avait permis de déterminer que c’était la plus ancienne de France (1410-1420). On voulait corroborer ces dires par Arc’Antique, qui a effectué des prélèvements sur les différentes pièces pour les dater, dire d’où viennent les minerais qui ont servi à faire les métaux (beaucoup des grands centres d’extraction de l’époque se trouvaient en Italie) », a expliqué Jean-Pierre Morteveille.
« Sans oublier que, le métal étant rare et précieux, il y avait aussi de la récupération de génération en génération, et on n’est pas sûrs que tout soit d’origine. De plus, des assemblages ne sont pas historiquement fiables. On est donc dans le doute, en attendant les résultats qui devraient nous parvenir avant la fin de l’année ».
Une armure de chevalier
L’armure est contemporaine du siège de Sainte-Suzanne par les Anglais (1 425). Il s’agit d’une armure de chevalier, comme en témoignent la boucle en argent et les pièces de fer de l’épaulière gauche, placées à cet endroit pour dévier la lance qui visait le coeur ou le cou.
La cervelière placée sur la tête constituait la coiffe intérieure du bacinet, calotte de fer conique protégée par un couvre-nuque. Vers 1340 commence à se généraliser le port d’une armure de corps formée de petites « plates » clouées sur un vêtement de cuire ou d’étoffe servant de soutien (d’où le nom de cuirassier).
Presque toutes les armures, françaises ou anglaises, durant la Guerre de Cent Ans étaient fabriquées à Milan et étaient réparées en France pas les fourbisseurs. De combat en combat, elles devenaient inutilisables et seuls quelques éléments d’articulation (épaules, coudes, genoux) étaient finalement conservés et pouvaient ensuite servir de prothèses aux blessés.