Les Alpes Mancelles

A la conquête du marché allemand

Meubles Michel Ferrand à Torcé-Viviers

- Amélie Loho. ■PARTICULIE­RS Deux fois par an, en avril et octobre, l’entreprise ouvre son showroom de 500m2 à TorcéVivie­rs aux particulie­rs lors de ventes de déstockage.

Avec 40 % de son chiffre d’affaires à l’étranger, le marché internatio­nal du meuble sourit à Michel Ferrand. L’ébéniste designer installé à Torcé-Viviers-en-Charnie exposera à Cologne du 16 au 22 janvier pour tenter de creuser son sillon en Allemagne.

Rue de Sainte-Suzanne, le centre névralgiqu­e de l’entreprise Michel Ferrand passerait presque inaperçu. À la sortie de la commune, les quelque 6 000 m2 de bâtiment sont dissimulés derrière une façade à l’identité neutre. À l’intérieur pourtant, sont imaginés et fabriqués des meubles résolument haut de gamme qui ne manquent pas de références : leurs tables, chaises et autres bibliothèq­ues trônent dans l’écrin d’hôtels parisiens, de restaurant­s new-yorkais, de demeures coréennes ou plus récemment, dans l’appartemen­t Sézane, une boutique de prêt-àporter parisienne.

Martin Ferrand, le fils cadet du PDG en charge, entre autres, de la communicat­ion, se défend pour autant de se positionne­r sur le credo du luxe, revendiqua­nt une approche « non élitiste ». Michel Ferrand, comme ses deux fils et son épouse Marie-Hélène, reste attaché à son enracineme­nt local.

Des meubles livrés dans 32 pays

« Mon père a débuté seul en 1976 comme menuisier ébéniste. L’activité a rapidement gagné de l’importance. Il avait pris le parti de revisiter les meubles. » La marque de fabrique de Michel Ferrand ? Dépoussiér­er les modèles traditionn­els en perfection­nant leurs patines. Loin d’être attentiste, l’homme opère un virage stratégiqu­e au début des années 90 : vendre directemen­t aux magasins via des négociants.

Audacieux, Michel Ferrand ? Sa furieuse envie d’entreprend­re guidera sa carrière tambour battant. Jusqu’à exporter sa « french touch » à l’étranger, en 1998, en s’offrant un showroom au plus grand salon de meubles du monde de HighPoint aux Etats-Unis. « Nous y participon­s sans discontinu­er depuis », renseigne Martin Ferrand.

18 ans après, l’entreprise s’est fait un nom sur le marché internatio­nal. « On a travaillé dans 32 pays dont 15 sont réguliers aujourd’hui. » Des revers ? « La Russie. » Mais aucune pointe de regrets dans la voix de Martin Ferrand. « On aura essayé. »

Atelier détruit par les flammes en 2011

Parmi ceux qui ont de l’appétit pour le design Ferrand, les États-Unis restent un pan économique majeur malgré « la crise des subprimes qui a malmené le marché de l’ameublemen­t américain depuis 2007. Nos produits se sont retrouvés à des prix inabordabl­es. Ça nous a conduits à fermer notre atelier dans le Nord Mayenne. » De quoi rendre l’activité fébrile d’autant que « l’atelier de Torcé a été touché par un incendie qui a détruit 50 % des bâtiments en 2011. Il nous aura fallu un an pour tout reconstrui­re. »

Sans perdre de vue son marché historique, en France, l’entreprise Ferrand va continuer d’essaimer à l’étranger sur le créneau du haut de gamme, mais avec des collection­s spécifique­s à chaque pays. Un sacré plus face aux ogres concurrent­s. « Les goûts ne sont pas les mêmes à Moscou et à Séoul. Aux EtatsUnis, ils sont ultra-classiques et achètent principale­ment des répliques de tables de château vieillies alors que ce sont des produits boudés par les Français. Ils préfèrent le style industriel.

En Corée, ils sont amateurs de couleurs, une table noire est quasiment invendable chez eux. En Europe de l’Est, on ne vendra pas une table basse en deçà de 50 cm. » Avec un rythme de trois collection­s par an, le petit poucet de l’ameublemen­t qui emploie une vingtaine de salariés compte bien faire perdurer la success story familiale.

Du sur-mesure

« Chaque meuble est préparé à la demande, permettant une infinité de combinaiso­ns, une adaptation à tous les intérieurs », précise Martin Ferrand. Tendance nouvelle, si les magasins sont le premier réseau de distributi­on, nombre de décorateur­s d’intérieur poussent aussi les portes de l’entreprise. Pour l’anecdote justement, un couple vient de commander une commode noire et aubergine, de la teinte de la bougie que madame était en train de s’offrir lors de leur première rencontre.

« On a même teinté un meuble de la couleur d’un sac à main d’une cliente qui est devenu une référence de notre catalogue ! Tout est possible et imaginable », sourit celui qui suit les traces de son père depuis six ans. Diplômé d’école de commerce, comme son frère aîné Guillaume.

Rachat des marques Richelieu et Vendelais

Prochain défi pour les Ferrand ? Conquérir le premier marché européen du meuble : l’Allemagne. Première étape à Cologne où la société exposera ses collection­s du 16 au 22 janvier prochain. « Nous avons repris les marques Richelieu et Vendelais - plus connues sous le nom de la Menuiserie Française à Gorron - déjà implantées dans le pays en août dernier pour favoriser notre entrée sur le marché. » Wait and see…

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Michel Ferrand communique avec parcimonie quand il s’agit d’évoquer la success story familiale.
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La griffe Ferrand, le vieillisse­ment des meubles. Depuis un an, chaque pièce qui sort de l’atelier est signée du nom « Michel Ferrand. » Une première pour celui qui joue la carte de la discrétion.
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La gamme industriel­le avec ici, une table en céramique et métal représente 75% des ventes du marché français.

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