Fabienne Labrette victime collatérale
Après avoir renoncé aux législatives, des querelles internes lui auront coûté son poste de Secrétaire Départementale des Républicains. Retour sur une semaine amère pour Fabienne Labrette-Ménager. Interview.
Loi de non-cumul des mandats oblige, vous avez choisi de privilégier votre mandat local à Fresnay-surSarthe en renonçant à vous présenter aux législatives. Des regrets ? Cette loi vous semble-t-elle légitime ?
Le cumul des mandats à ses limites. Il faut, en effet, faire des choix pour être efficace. Cependant, on aurait pu conserver le dispositif précédent : cumul député-maire d’une commune de moins de 3500 habitants. Le législateur en a décidé autrement et empêche le cumul aujourd’hui d’un exécutif (maire, adjoint, président de CDC, président d’un département ou d’une région) et d’un mandat parlementaire.
J’ai choisi de privilégier mes mandats locaux et mon activité professionnelle. J’ai beaucoup réfléchi mais ne regrette pas mon choix. J’ai été député 5 ans, je connais ce mandat. Je pense que le travail parlementaire n’est plus adapté à la vitesse des décisions à prendre et je crois nécessaire de réformer en profondeur l’assemblée nationale. Et d’instaurer un véritable statut d’élu comme dans les pays du Nord de l’Europe.
Vous soutenez malgré tout Christelle Morançais pour les législatives, pourquoi ?
Je soutiens la candidate investie par mon parti politique, c’est tout à fait normal et je souhaite sa victoire.
Votre nom a de nouveau fait l’actualité cette semaine… Vous venez d’être évincée de votre poste de Secrétaire Départementale des Républicains de la Sarthe. Quel est votre sentiment ?
Oui, je suis désolée de faire la Une de la presse à propos de polémiques et de cuisine de parti. J’ai soutenu Nicolas Sarkozy au premier tour, mais je me suis engagée au deuxième tour pour François Fillon. C’est ça, le jeu des primaires. La gouvernance de la fédération était plutôt équilibrée : Béatrice Pavy, présidente, proche de François Fillon et moimême, secrétaire départementale, proche de Nicolas Sarkozy.
Bernard Accoyer - secrétaire général des Républicains- et François Fillon ont souhaité confier la tâche à Vanessa Charbonneau, je me range derrière cette décision. Je regrette juste que nous n’ayons pas eu de discussion loyale et franche. Je l’ai appris par Laurent Wauquiez - 1er vice-président du parti - qui était indigné de cette décision… Vous savez, les hommes et les femmes passent, les idées restent… Moi, je m’intéresse à la politique depuis l’âge de 15 ans et j’ai un cuir bien tanné. J’aurais pu sans problème travailler avec Anne Beauchef, la réfèrente de François Fillon en Sarthe si on en avait tout simplement parlé… Mais la décision de m’éliminer était plus forte que de vouloir négocier. Vous me connaissez je suis franche, spontanée, et ne cherche rien en retour. Une femme libre, c’est sans doute dérangeant en tout cas ça bouscule l’appareil politique.
Vos alliés assurent que vous payez aujourd’hui vos positions sarkozystes, partagez-vous ce ressenti ?
Je paie très cher mon engagement auprès de Nicolas Sarkozy mais si c’était à refaire, je referai la même chose ! Je suis une libérale et mon leitmotiv est « travailler plus pour gagner plus » avec moins d’impôts, car ils freinent la croissance et les investissements.
Compte tenu des circonstances, la primaire étaitelle à vos yeux une bonne chose ?
Je pense que la primaire est une bonne chose si on respecte les règles et surtout si cela permet de s’unir derrière un seul candidat. Or, on voit déjà que des voix dissidentes se lèvent, à gauche, au centre comme à droite…
Je pense que la primaire a servi à éliminer certaines personnalités de premier ordre, comme Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, mais également Cécile Duflot chez les écologistes.
Le paysage politique a énormément évolué avec les réseaux sociaux… Emmanuel Macron n’a pas besoin d’un parti pour rassembler, la présidentielle risque d’affaiblir les partis politiques traditionnels si on ne prend pas la juste mesure de la demande et du mécontentement du peuple.