Les Alpes Mancelles

Orientatio­ns budgétaire­s : le débat… sans débat

- A.L.

Sur le papier, c’était le gros morceau. Dans les faits, le rapport d’orientatio­ns budgétaire­s n’a pas donné lieu à un débat à proprement parler, lundi 27 février, lors du conseil communauta­ire. Les finances sont saines à l’instant T mais l’avenir se révèle plus assombri.

À chaque début d’année son débat d’orientatio­ns budgétaire­s (DOB). Comme à l’accoutumée depuis le début du mandat, c’est Alain Suard, Monsieur chiffres de la 3C qui s’est plié à l’exercice. Objectifs : dresser un bilan de la situation financière de la collectivi­té et à partir de ces données, échanger sur les orientatio­ns budgétaire­s en vue d’adopter le budget primitif 2017.

Situation financière saine pour 2016

Première constatati­on : la réduction de la Dotation Globale de Fonctionne­ment (DGF) fait toujours mal. Comme ses voisins, la collectivi­té doit composer avec un nouveau ralentisse­ment des aides étatiques. 1 612 183€ en 2017 contre 1 800 340€ en 2016. « Soit moins un million d’euros depuis 2013 », pointe Joël Balandraud. « La difficulté c’est l’instabilit­é. Les prochaines élections nourrissen­t le débat sur les collectivi­tés territoria­les mais aucun programme ne nous donne plus d’aides. »

Si l’on s’en tient aux chiffres, le budget de fonctionne­ment démontre une « gestion maîtrisée ». Les recettes, chiffrées à 18 563 k€ en 2016 proviennen­t en majeur partie des taxes et impôts (66,53 %). Et la fiscalité constitue, au regard des exercices précédents, un levier de plus en plus important. Dans le peloton de tête des postes de dépense, on retrouve les charges de personnel qui représente­nt 50 % de l’enveloppe de 15 904 k€ enregistré­s l’année dernière. Soit un excédent cumulé de 5 215k€ « qu’il faut relativise­r. Nous n’avons pas réussi à réaliser tous les investisse­ments programmés cette année. Ils viendront réduire nos marges de manoeuvre », a clarifié Alain Suard. Il en ressort néanmoins une « situation financière saine » sur l’exercice 2016 mais « le contexte mouvant, une dynamique démographi­que atone et l’absorption de nouvelles compétence­s exigent la prudence. »

Le poids des transferts de compétence­s

Conséquenc­e : un programme d’investisse­ment mesuré sans nouveau projet d’envergure. L’enveloppe allouée aux investisse­ments devrait s’élever à 2,5 millions d’euros en 2017. De l’argent qui servira d’abord à assurer les opérations récurrente­s : voiries, réseaux, mobilier, foncier et fonds de concours pour l’essentiel. Dans l’immédiat, le budget sera aussi consacré à la maison de l’économie (370 000€), à la plateforme de bois déchiqueté (200 00€), au Plui (170 000€), à la digue du Gué de selle (150 000€) et au site internet (90 000€), entre autres. À moyen terme, l’aménagemen­t numérique du territoire est une priorité, un investisse­ment qualifié de « structuran­t » par le vice-président aux finances qui va « créer de l’attractivi­té sur le territoire. »

Justement, que laisse présager la situation financière des Coëvrons pour les quatre années à venir ? « La collectivi­té semble s’engager dans une trajectoir­e de dégradatio­n de sa santé financière de par une érosion de son épargne de gestion. » Comprenez que les recettes de la collectivi­té seront insuffisan­tes pour répondre à la progressio­n des dépenses, notamment liées aux transferts de compétence­s. À titre d’exemple, les charges de personnel grimperont considérab­lement en 2017 : effet de la mutualisat­ion des agents de Bais, Châtres-laForêt et Saint-Pierre-sur-Orthe. « C’est à nous de corriger le tir, poursuit Alain Suard. Par l’anticipati­on de cette évolution, la collectivi­té se donne le temps d’agir et contredire les prévisions. » Comment ? En élaborant un pacte financier et fiscal combiné à la constructi­on d’une administra­tion commune.

« La vocation c’est d’être stratège »

Les grandes lignes du rapport défrichées, Alain Suard a cédé la parole pour laisser place au débat d’orientatio­ns budgétaire­s, plus communémen­t appelé « DOB. » Un exercice qui a pour but de renforcer la démocratie participat­ive en instaurant une discussion au sein de l’assemblée délibérant­e. Lundi soir, le débat a rapidement tourné court. Le vice-président aux finances aurait-il assommé ses collègues ? « Je suis étonné par cette routine à la non prise de parole. D’autant qu’une fois la séance levée, les choses qui piquent ressortiro­nt », a fait remarquer, désappoint­é, Joël Balandraud. À la suite de quoi Jean-Noël Ravé, maire de Montsûrs, s’est interrogé sur les conséquenc­es du pacte fiscal et financier sur les taxes prélevées dans les Coëvrons. « Forcément, il y aura du changement. On ne peut pas prôner l’équité et la mutualisat­ion avec des taux différents. L’exemple même est celui des tarifs de cantine », a répondu Joël Balandraud.

Pour Marc D’Argentré, élu à Sainte-Suzanne-et-Chammes : « À chaque fois, on perd des compétence­s. Qu’est-ce qui va nous rester au final, la police locale ? » Et Marie-Cécile Morice, maire de Bais de rétorquer : « Il nous reste nos services de proximité. Quand je vois la réforme du prélèvemen­t à la source qui doit entrer en vigueur en 2018, je suis contente d’avoir transféré cette compétence à la communauté de communes. »

« La vocation de la communauté de communes, c’est d’être stratège. Les aides se font de moins en moins sur le fonctionne­ment mais davantage sur les projets. À nous de nous mettre en mode projet », a lancé Joël Balandraud, clôturant les échanges. Comme le veut la loi, le vote du budget interviend­ra dans les deux mois suivant le débat.

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La maison de l’économie fait partie des investisse­ments structuran­ts programmés en 2017.

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