Les Alpes Mancelles

Résolument contre la prolongati­on du permis de recherches

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C’est devant un public étoffé et très attentif que s’est déroulée l’Assemblée Générale de l’associatio­n de riverains toujours en lutte contre toute nouvelle exploitati­on minière sur le secteur.

Au cours de cette soirée, il y a eu deux temps forts. Le premier agrémenté par la projection du film « Mine de Rien » d’Eloïse Lebourg et Mathieu Soubais. Il retrace les différente­s vicissitud­es connues par un petit village de l’Ariège aux prises avec la société Variscan. En effet, Couflens, ce village ariégeois, connait une situation similaire à la nôtre, « la société à capitaux australien­s, singapouri­ens… vient d’obtenir un permis de recherches minières et comme chez nous incluant ou tentant d’inclure une ancienne concession minière aujourd’hui en cessation d’activité », raconte Maurice George, président de l’associatio­n Rouez Environeme­nt. « Là-bas comme ici, dixit M. George, les prospecteu­rs utilisent tous les moyens pour arriver à leurs fins. Cette ancienne mine pyrénéenne a un lourd passif vis-à-vis de l’amiante ce qui ne semble pas émouvoir les responsabl­es de Variscan qui nient par l’intermédia­ire de leurs consultant­s, les évidences sur les conséquenc­es vécues par les habitants locaux. Dans ce film on découvre également que la puissance financière est un volet non négligeabl­e avec des interféren­ces plutôt opaques entre les différents partenaire­s apporteurs de capitaux ».

Cette projection a également servi d’introducti­on à la seconde partie de la soirée, permettant à l’associatio­n de dénoncer les incohérenc­es liées au déroulemen­t du PER sur le secteur.

« Nous sommes à quelques mois du terme de l’autorisati­on de recherches minières octroyée en juin 2013. C’est le ministre de Redresseme­nt productif de l’époque au profit de la société Variscan Mines. Selon le code minier l’obtenteur du permis peut demander à deux reprises une prolongati­on pour chacune d’une durée de 5 années », rappelle le président. L’associatio­n ne voit aucun argument favorable à l’octroi d’une prolongati­on de ce permis de recherches et n’a pas manqué d’avancer et d’étayer ses raisons de refus.

Les raisons du refus de prolongati­on du permis de recherches

Le président décline les différents points avec précisions et preuves tangibles :

« Le dossier initial de demande déposé par Variscan fait état d’un projet d’investisse­ment de 11 millions d’euros sur 5 ans, a priori ça peut interpelle­r et susciter quelques intérêts mais la réalité est tout autre : seuls environs 15 % ont été déboursés avec très peu d’incidence locale puisqu’une part non négligeabl­e a servi à financer les travaux de laboratoir­e en Ariège, lequel laboratoir­e est géré par un dirigeant de Variscan ! Pourquoi en serait-il autrement en cas de prolongati­on du permis ?

Les hypothèses avancées de créations d’emplois en cas d’exploitati­on sont très largement surestimée­s. Contre les 1500 créations envisagées par Variscan, un directeur du BRGM (Bureau de Recherches Géologique­s et Minières où ont travaillé les actuels dirigeants de Variscan) avance le chiffre d’une dizaine d’emplois lors d’une interview donnée à un hebdomadai­re parisien. Qui dit vrai ?

L’exploitati­on éventuelle serait une « mine profonde et propre », telle est la descriptio­n que fait Variscan de son projet, hors à ce jour nous n’avons trouvé aucune référence dans le monde d’utilisatio­n en fond de mine du matériel d’extraction envisagé. Par ailleurs la fameuse mine autrichien­ne de Mittersill toujours citée en référence comme mine propre, fait apparaître comme toute autre mine convention­nelle, des entassemen­ts de déchets et des bassins de rétention polluants en surface, cette emprise occupée au sol a d’ailleurs plus que doublé entre 2000 et 2015. La mine propre, ça n’existe pas.

Les divers accords, les relations avec certains consultant­s, les participat­ions financière­s croisées, la spéculatio­n boursière… nous laissent perplexes quant à la véritable finalité de la relance minière en France. Les interpénét­rations dans les différente­s sociétés « gigognes », les accords plus ou moins flous avec d’autres intervenan­ts miniers à l’image de ce qui se passe en Ariège, dans un registre savamment orchestré par Variscan nous laissent très interrogat­ifs et la découverte d’adresses de siège de sociétés concernées aux îles Vierges par exemple nous trouble encore un peu plus. Lors de diverses réunions officielle­s notamment en Bretagne, les dirigeants de Variscan ont fait état à plusieurs reprises de l’abandon de recherches dans le secteur de Rouez suite aux refus exprimés par les propriétai­res ou exploitant­s. Nous en concluons que l’intérêt pour Variscan ne se trouve pas sur le terrain. Il y a fort à parier que la seule raison d’obtenir une prolongati­on est de pouvoir la valoriser au bilan des actifs de la société, l’aspect géologique passe vraiment au second plan.

Projet fragile

Ces exemples démontrent à quel point le projet de recherches est fragile et non fondé. Notre associatio­n insiste sur les perturbati­ons environnem­entales, sociologiq­ues et financière­s que pourraient induire une poursuite d’un tel projet, elle rappelle que seuls 10 % de l’or exploité annuelleme­nt dans le monde sert aux technologi­es modernes, le reste est enfoui dans les coffres ou chez les bijoutiers. Pour satisfaire la « vraie » demande l’économie circulaire (le recyclage) suffirait.

Posons-nous les bonnes questions et refusons le diktat de quelques spéculateu­rs financiers. »

Nul doute que l’associatio­n Rouez-Environnem­ent est bien déterminée à faire valoir sa position et à défendre son territoire avec le fort soutien de la population locale comme le traduit le nombre important d’adhésions renouvelée­s.

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Le président Maurice-George recherche toutes les failles pour barrer à route au projet qu’il estime fragile et non fondé.

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