Un impossible arbitrage ?
Sillé/Conlie : gymnase ou piscine
Dans la corbeille de mariage des communautés de communes (1), une entité (2) a apporté le projet d’un gymnase à Domfront-en-Champagne, et l’autre (3), le projet d’une piscine à Sillé-le-Guillaume. Sauf que les moyens de la nouvelle com com – la 4CPS- ne permettent pas de mener à bien les deux projets. Autrement dit, il faut que les élus choisissent.
Les Alpes Mancelles : Quels arguments penchent en faveur du projet de gymnase à Domfront ?
Patrice Guyomard : Il faut d’abord rappeler que ce projet de gymnase a été acté avant la fusion. Plus des trois tiers des conseils municipaux ont voté Pour. Aujourd’hui, nous avons donc le terrain et le permis de construire. Notre secteur a besoin de ce projet. Il permet la venue des associations. Celui de Conlie (gymnase Le Theule) arrivait à saturation. L’idée des élus était de créer un deuxième gymnase pour laisser celui qui existe plutôt à l’utilisation par le collège.
Les AM : Pourquoi avoir choisi d’installer ce deuxième gymnase à Domfront ?
P.G. : A cause de sa situation géographique et de la volonté des élus de ne pas tout centraliser, d’avoir un véritable aménagement du territoire. Sinon, tout se jouera toujours entre Sillé et Conlie, Sillé et Conlie… et puis balle au centre et rien ne sera pertinent en termes de services à la population.
Les AM : Qui utiliserait ce deuxième gymnase ?
P.G. : A Domfront, nous avons le SIVOS avec Cures et La Chapelle. Ce sont en moyenne 190 élèves. Il y a aussi toutes les structures qui font la vie associative : la fédératrice Culture et loisirs, le foot ASCC, les Boulistes, Gymnastique et danse, les parents d’élèves.
Les AM : Ce projet de gymnase est un peu devenu un serpent de mer…
P.G. : Ce n’est pas de notre fait. Si nous n’avions pas fusionné, l’appel d’offres se déroulerait maintenant. C’est vrai que ce projet est désormais vieux de 8 ans et qu’en effet, le gymnase serait aujourd’hui hors sol si nous avions été plus vite. Reste que l’ancienne communauté de communes a jugé que ce serait la 4CPS qui devait valider ce projet.
Les AM : Peut-on penser que ce projet va finir par se réaliser ?
P.G. : Nous sommes dans une situation de blocage. C’est la 4CPS qui va trancher entre le projet de gymnase et celui de piscine. Il n’y a pas de lobbying à faire.
Les AM : Quels arguments pourrait prendre en compte la 4C pour faire son choix ?
P.G. : Le projet de piscine n’en est qu’à la phase de pré-étude, c’est-à-dire à un stade embryonnaire. Les financements n’étaient pas trouvés car l’ancienne communauté de communes de Sillé avait déjà fait de gros investissements. Les élus n’avaient donc plus de marge de manoeuvre.
Les AM : Combien coûte ce projet de gymnase ?
P.G. : 3,5 M €. Nous attendons des fonds de la Région ces jours-ci ainsi que des fonds FEDER (fonds européens). Le Département s’est désengagé, comme de plein d’autres choses. Globalement, c’est un projet qui est totalement viable d’autant plus que le pôle Petite enfance a été financé au-delà de nos espérances : à hauteur environ de 78 %. C’est une bouffée d’oxygène car ça libère des fonds pour le gymnase.
Par ailleurs, quand il existe des projets structurants, il faut aussi pouvoir maîtriser les coûts de fonctionnement, qui seront des charges pérennes sur les collectivités. Or, une piscine, c’est incomparablement plus coûteux qu’un gymnase. Il y a des frais techniques incompressibles. C’est un gouffre financier.
En outre, il faut avoir en tête quel type de piscine est programmé : 4 couloirs et une profondeur de bassin de 1,60m au plus haut. Cela n’a rien à voir avec un complément d’un parc de loisirs et le calcul de rentabilité est donc à revoir.
Les AM : Et si le projet de gymnase devait être abandonné au profit de celui de la piscine ?
P.G. : Dans cette hypothèse, il faut se souvenir qu’il y a tout un chaînage de communes à l’interface du Mans et de cette 4C… Un abandon pourrait tout bonnement conduire à notre retrait de la 4CPS.
J’espère que les élus de Conlie ne remettront pas en cause tout le travail qui a été fait. Hélas, je crains qu’ils ne soient en train de glisser… Pourtant, le gymnase est un projet nécessaire à la cohérence et à la vitalité de notre territoire. Oui, s’il y avait abandon, les conséquences seraient terribles pour la 4CPS. Ça la ferait imploser à court terme.
Les AM : N’est-ce pas finalement la question de la fusion qui se pose ?
P.G. : Nous nous retrouvons en effet avec une intercommunalité qui est une grosse machine. Nous, nous fonctionnions avec 19 agents en tout pour 12 500 habitants. Après avoir absorbé Sillé, nous arrivons à 50, 60 agents. Il sera très compliqué d’harmoniser les méthodes de travail. La culture des intercommunalités s’est faite progressivement. Nous avons appris à travailler avec les collègues et, d’un seul coup, à marche forcée, on nous oblige à travailler avec d’autres. Jusqu’à la loi NOTRe, nous avions un outil fabuleux. Il encourageait à la mutualisation des moyens. Les partenariats étaient signés après qu’on ait mesuré les enjeux. Aujourd’hui, je ne vois pas où vont être les économies. A moins de nous montrer frileux sur les investissements. Or, ce n’est certainement pas le moment le plus opportun pour donner un coup de frein. Une intercommunalité à cette échelle fait que nous n’avons plus les moyens de nos ambitions.
Propos recueillis par F.A. 1) Communauté de communes de la Champagne conlinoise et Communauté de communes du Pays de Sillé, 4CPS. 2) Communauté de communes de la Champagne conlinoise, 4C. 3) Communauté de communes du Pays de Sillé, CCPS.