Les Alpes Mancelles

Le territoire est-il assez séduisant ?

Fresnay : Eiffage peine à recruter

- F.A.

« Notre société a eu des difficulté­s, mais aujourd’hui, on est très bien ». Le directeur de Eiffage, Eric Basso, a envie de le faire savoir. C’est qu’il lui arrive d’être vraiment chagriné par les rumeurs qui laissent accroire tout le contraire. Comme si le territoire avait soif de déprime. Alors, que les choses soient claires : à ce jour, Eiffage HVA a déjà bouclé son chiffre d’affaires 2017… et 80 % de son chiffre d’affaires 2018. Haut les coeurs, à la fin.

Du bâtiment en usine

« Nous avons des chantiers dans toute la France, mais aussi en Belgique et au Luxembourg ». L’entreprise de Fresnay fait dans un marché à part de la constructi­on, en produisant des pans entiers de bâtiments… à l’intérieur de ses locaux. Son activité est bel et bien industriel­le. Ses camions livrent des espèces de caissons, qui renferment des salles de bain, voire des chambres complètes équipées de salles de bain. Elles sont grutées et déposées dans des hôtels en constructi­on, des centres hospitalie­rs, des maisons de retraite pour personnes dépendante­s, des logements sociaux.

4 000 salles de bain

« Notre concept, c’est d’apporter dans un bâtiment en constructi­on un bloc complet complèteme­nt terminé à l’intérieur ; on ne s’aperçoit pas que c’est préfabriqu­é ». On s’en aperçoit d’autant moins que la majorité des « blocs » que produit Eiffage-HVA ont été conçus sur-mesure. Autrement dit, les salles de bain qui doivent équiper tel hôtel du groupe Accor ont été dessinées spécialeme­nt pour celui-ci. Il n’y a que la manière de le produire qui soit industriel­le. « Industrial­iser du sur-mesure, c’est notre force ». Cependant, en 2016, Eiffage a aussi développé une gamme de produits. « Cette fois, nous ne sommes plus dans le sur-mesure mais dans la réplique ». En tout, chaque jour, 20 salles de bain sont produites à Fresnay, soit 100 en une semaine. En un an, ce sont 4000 salles de bain qui sortent de l’entreprise.

Chantier-TGV

« Pour que l’industrial­isation soit rentable, il faut qu’on produise environ 70 à 80 salles de bain par commande ». Il se trouve qu’à Fresnay, Eiffage HVA répond plutôt à des niveaux de commandes de 100 salles de bain. Son process industriel doit garantir une qualité constante et permettre de gagner du temps sur le temps. « Quand on nous commande un hôpital de 100 chambres, nous faisons gagner trois mois de travail au chantier en moyenne ». L’avantage nous parle encore plus quand on pense au secteur du logement social, qui supporte si mal la vacance.

35 % de femmes

« Les compagnons ouvriers sont recrutés dans le bassin local ». Il ne faut pas s’imaginer que ce personnel est issu de la filière du bâtiment. Si ce tempslà a, c’est vrai, existé, il a vite été révolu. Pour une raison simple : « Pas une salle de bain n’était identique ! ». C’est ainsi qu’on peut croiser dans l’entreprise un ancien mécanicien à qui Eiffage HVA a tout appris de la constructi­on industriel­le d’une salle de bain.

Dans les effectifs consacrés à la production, les femmes sont étonnammen­t représenté­es : elles sont 35 %, dont la moyenne d’âge se situe autour de 36 ou 37 ans. « Les horaires 8-12h et 13-16h conviennen­t bien à leurs obligation­s de mères ».

Eiffage HVA compte en moyenne 140 salariés. Toutes les compétence­s de l’industrie sont réunies.

Manque de cadres

« Nous cherchons à embaucher pour notre bureau d’études. Nous avons aussi besoin de cadres commerciau­x ». Ce type de recrutemen­t est pour le coup un caillou dans la chaussure d’Eric Basso. Il apparaît en effet qu’il est difficile de convaincre des cadres de venir vivre sur le territoire (voir ci-contre).

C’est encore son attractivi­té qui pose question quand Eric Basso reçoit ses clients. Il faut quitter Fresnay pour déjeuner, il faut quitter Fresnay pour dormir. « J’ai des visites toutes les semaines. De Vinci, de Bouygues… Les trois quarts du temps, je fais venir un traiteur ».

Et les clients d’Eric Basso vont dormir au Mans.

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 ??  ?? A la demande du maire Fabienne Labrette-Ménager, Eric Basso a reçu les élus communauta­ires et leur Président Philippe Martin.
A la demande du maire Fabienne Labrette-Ménager, Eric Basso a reçu les élus communauta­ires et leur Président Philippe Martin.

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