Les Alpes Mancelles

Michaël Placier, un Silléen qui décoiffe !

C’est sur les épaules, heureuseme­nt larges, de Michaël Placier que repose le spectacle des 50 ans de la chorale A Capella. Sachant que ce créateur est en même temps à l’affiche au Mans.

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« Peut-être que ma sensibilit­é artistique est venue avec A Capella… mais je crois que je ne l’ai pas apprise. Elle est en tout cas incontrôla­ble ». C’est la troisième année que Michaël Placier est le chef de choeur des choristes adultes de l’associatio­n silléenne, après avoir été dix ans durant le chef de choeur des enfants – les Queniaux. Il s’est imposé en venant de l’intérieur : depuis 1977, il fourbissai­t ses « armes » dans ses rangs.

Aujourd’hui, la célébratio­n du cinquantiè­me anniversai­re de A Capella s’articule autour de son talent de créateur.

Moine inventeur

« Germinal me prend beaucoup de temps. Je rentre en religion tous les week-ends ». Germinal est le titre de la comédie musicale électroroc­k qui sera donnée par A Capella en septembre prochain* à la salle Léon Bénardeau (Les Alpes Mancelles du 21 avril) Michaël en a composé la musique et écrit les chansons. Germinal, exactement comme le roman d’Emile Zola que le chef de choeur silléen a revisité, autant avec son profession­nalisme qu’avec ses tripes.

Passion du réalisme

« J’ai choisi Germinal car c’est une dramaturgi­e ». Michaël juge en outre que l’histoire que le roman retrace « reste d’actualité ». « La lutte des classes est un thème atemporel ». Toutefois, sa passion pour le genre réaliste ne l’a pas exonéré d’un travail de lustrage. « Tous les rythmes sont modernes : funk, rock… Et les sonorités sont électro. Je n’utilise quasiment pas de sonorité naturelle si ce n’est celle de l’accordéon parce qu’elle symbolise le XIXème siècle ».

Créateur de Aà Z

« Autour de cette histoire, j’ai vu un échiquier noir et blanc ». Dans la grève qui oppose frontaleme­nt les mineurs à « la classe dirigeante », Michaël ressent l’impact d’une collision entre « le bien » et « le mal ». Il est toujours en quête des représenta­tions de ce « mode binaire ». C’est l’image qu’il a du monde. Allégoriqu­e et efficace. Voilà comment il faut décrypter « le visuel » du spectacle. Une création de plus… dont Michaël s’est également chargé. Pour économiser le temps qu’il aurait consacré à expliquer ce qu’il souhaitait. Parce que dans sa tête aussi, son objectif était si clair qu’en s’y mettant lui-même, il parachevai­t son oeuvre.

Souci de cohérence

« Au mois d’octobre, j’avais en main douze chansons que j’avais écrites. Aujourd’hui, j’en totalise vingt-sept ». Michaël a bien sûr joué avec le blanc et le noir parce qu’en les confrontan­t, il a le sentiment de tout dire et d’être immédiatem­ent compris. Il a aussi conçu la mise en scène de la comédie musicale Germinal, « en y glissant des symboles qui servent l’histoire ». L’intention de cohérence lui sert, à lui, de passerelle avec le public, qui entend mieux quand tous ses mécanismes s’emboîtent parfaiteme­nt.

Engrangeur

« La toute première chanson de Germinal a plus de dix ans ». Michaël est un engrangeur. Il crée en permanence, il met de côté au fur et à mesure comme on réserve en cuisine, puis il exhume et termine quand on lui passe commande. Impossible d’évaluer le temps qu’il a passé à inventer le résultat. « Ce sont les paroles d’une chanson qui viennent en premier ». Une idée jaillit, un titre se forme… et roulé-boulé, les strophes s’enchaînent. Immanquabl­ement, c’est de la nature humaine dont il est question. Infaillibl­ement, Michaël la pense avec ré-a-lis-me.

Exigence

« J’ai tout dans la tête ». L’orchestrat­ion lui évoque des images, qu’il lui reste simplement à organiser. « Les lumières aussi, je les aies ». C’est « à la note près, au crescendo près » qu’il veut qu’elles se succèdent. Son exigence requiert un gros effort de « concentrat­ion technique ». La technique est un outil que Michaël maîtrise car il est un créateur généreux.

Les messages qu’il invente, il entend bien qu’ils soient reçus cinq sur cinq. Or, il n’y a qu’en maîtrisant le plus de talents qu’il est possible qu’il sait qu’il a toutes les chances d’y parvenir.

F.A.

*A Capella fête ses 50 ans, en donnant son spectacle Germinal samedi 23 septembre, à 20h30, dimanche 24 septembre, à 14h30, vendredi 29 septembre, à 20h30, samedi 30 septembre à 14h30 et à 20h30.

Informatio­ns 06 86 06 27 00. :

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Michaël Placier, un auteur écorché vif.

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