« La personnalité du maire femme est déterminante »
« « Maire au féminin », voilà un sujet qui est compliqué à aborder avec les hommes ». Pour le maire de Ruillé-en-Champagne Françoise Lebrun, il faut encore un peu témoigner de patience. « Tout sera aplani quand il y aura la parité complète 50-50 ».
« Lors du premier mandat, cela a été plus dur de s’imposer. Mais j’attribue cette difficulté au fait que j’étais la première femme maire de la commune ». Pour le premier magistrat de Ruillé-en-Champagne Françoise Lebrun, tant que la personnalité est solide, tout va, la question du genre est repoussée au second plan. Même si elle continue de se poser. Etre maire au féminin « n’est pas encore intellectuellement intégré en France ». La preuve ? « On ne sait pas comment nous appeler. Mairesse ? Madame le Maire ? ». De son côté, l’administration adresse toujours ses courriers à « Monsieur le Maire ». « Moins souvent qu’au premier mandat, mais encore au troisième… ».
Jugée sur ses compétences
« Un maire rural est surtout chargé de l’intendance de la commune, les sensibilités politiques n’apparaissent pas ». Chassez le naturel, il revient au galop : Françoise Lebrun pense en maire tout court, elle oublie de parler en tant que femme. « Nous sommes pragmatiques, nous tentons de développer notre territoire sur le long terme, nous cherchons à anticiper pour le bien-être des habitants ». Objectif assumé de Françoise Lebrun : la prise en considération de son village. « Femme ou homme, cela ne change rien, c’est une question de compétences ». Des compétences qu’il faut cependant plutôt démontrer en début de mandat, histoire de ne pas avoir à y revenir.
Surattention
« Mes administrés me témoignent beaucoup de respect ». Comprendre un respect qu’ils ne témoigneraient pas autant à un maire au masculin. A Ruillé-en-Champagne, on a des égards pour Madame le Maire. « Les gens évitent de me déranger à domicile. Ils prennent rendez-vous ». Sachant que Françoise Lebrun est aussi consciente qu’elle inspire une « autorité naturelle ». Une qualité qu’on a l’habitude d’évoquer… en parlant des hommes.
Même bateau
« Pour les hommes comme pour les femmes, se partager entre sa vie publique et sa vie privée est un exercice d’équilibriste ». Les seuls capables d’aider un maire au féminin ou un maire au masculin seraient leurs compagnons. « Tout dépend de leur acceptation ». Sur ce point, Françoise Lebrun s’estime encore gâtée. « Je suis accompagnée dans ma mission par mon mari car, avant moi, il a lui-même siégé douze ans dans le conseil municipal ».