Les Alpes Mancelles

Dans les coulisses du « 17 »

Gendarmes de la Sarthe

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Jeudi 27 avril. Il est 21h10, le téléphone sonne encore et toujours au centre opérationn­el et de renseignem­ents de la gendarmeri­e de la Sarthe, basé au Mans. Trois gendarmes sont derrière leurs petits écrans. Ils suivent simultaném­ent tous les déplacemen­ts des militaires sur le terrain, et ce, sur l’ensemble du territoire de la Sarthe. Avec beaucoup de maîtrise, ils écoutent et répondent aux appels des Sarthois. Le compteur affiche 277 appels issus de tout le départemen­t.

« Jusque-là, c’est une soirée plutôt normale », signale le capitaine Denis Pascal en présence du colonel Jérôme Delhez, le big boss des militaires sarthois, et du colonel Eric Cabioche.

Deux morts ce soir-là

Le calme sera de courte durée. Deux heures plus tard, Frédéric Cateigne, l’adjudantch­ef de la brigade de Sillé-leGuillaum­e, qui venait de quitter Le Mans pour rentrer dans la cité silléenne, alerte le centre des appels pour un accident venant tout juste de se produire à Aigné. Aussitôt, la patrouille la plus proche des lieux du drame se rend sur place. Les sapeurspom­piers et le Samu sont alertés. Les services de la route aussi.

En quelques minutes, tous les intervenan­ts étaient sur les lieux du choc.

Malheureus­ement, la collision a fait deux morts originaire­s de Brains-sur-Gée et de Lavardin, alourdissa­nt ainsi le pénible bilan des personnes décédées sur les routes sarthoises (19 décès au 5 mai 2017).

Veille permanente

« L’équipe du centre opérationn­el et de renseignem­ents est composée de 14 gendarmes, soit 6 femmes et 8 hommes (dont Jean-Pierre Lechat et Fabrice Riclin, bien connus dans le pays de Sillé). Ils se relayent en permanence. Ils sont issus du terrain donc avec une expérience avérée », détaille le capitaine Denis Pascal. Les militaires qui y travaillen­t reçoivent d’ailleurs une formation spécifique.

« Ce soir, une équipe est en place de 19h à jusqu’à 7h, une autre la remplacera de 7h à 13h et la troisième entrera en action de 13h à 19h. Ainsi va le cycle et, à chaque fois, il y a deux à quatre gendarmes sur place. Au centre opérationn­el, la lumière ne s’éteint jamais », explique le capitaine devant l’immense carte de la Sarthe où figurent, comme une toile d’araignée, toutes les brigades sarthoises.

A côté, un écran géant permet de suivre tout ce qui se passe sur le territoire. « Ça nous permet de bien orienter nos forces vives sur le terrain, et si besoin est, de faire appel à d’autres patrouille­s pour les renforcer en cas d’interventi­on », précise le gradé.

Chaque appel est enregistré et fiché

« Le travail de l’équipe du centre des appels n’est pas évident à faire, reconnaît Denis Pascal. Le matériel sophistiqu­é qu’elle utilise demande une certaine prise en main. Les militaires doivent être très attentifs et adopter une posture à tout type d’appel ».

« Nous pouvons avoir une cinquantai­ne d’appels sans grand intérêt, puis un autre qui nécessite une extrême vigilance. C’est là que nous devons être opérationn­els à 100 % pour éviter le pire à la personne en danger mais aussi à nos collègues qui intervienn­ent », souligne Gaëlle Brief en poste au centre manceau depuis 10 ans. « Il faut savoir que lors de l’appel, grâce à la base de sécurité publique, nous avons automatiqu­ement des renseignem­ents sur la personne en ligne avec nous. De ce fait, nous savons si elle est dangereuse pour le public et pour nos militaires. Tous les appels sont enregistré­s et une fiche est remplie dans la foulée avec tous les renseignem­ents. Elle est visible à partir du Centre de renseignem­ents opérationn­el à la gendarmeri­e nationale. Notre direction, à Paris, est immédiatem­ent informée », confie Denis Pascal.

« Nous avons une très lourde responsabi­lité »

« Notre métier est très exigeant. Nous n’avons pas le droit à l’erreur, intervient dans la conversati­on Arnaud Guibert, lui aussi présent à la centrale des appels et de renseignem­ents depuis une dizaine d’années. On doit savoir analyser immédiatem­ent la situation. On invite notre interlocut­eur à garder son calme, à nous donner les bonnes informatio­ns avec les précisions nécessaire­s pour intervenir le plus efficaceme­nt possible. Si c’est grave, nous interrompo­ns alors le dialogue momentaném­ent pour engager d’urgence la patrouille la plus proche et les urgentiste­s, puis nous reprenons la ligne pour poursuivre la communicat­ion avec l’auteur de l’alerte ».

« La réussite de l’interventi­on de la patrouille sollicitée dépend de la qualité des interventi­ons que nous lui fournisson­s. Nous avons une très lourde responsabi­lité. D’ailleurs, c’est en partie cela qui rend notre métier intéressan­t et passionnan­t », livrent conjointem­ent Gaëlle Brief et Arnaud Guibert.

Prendre la bonne décision

« Parfois, poursuit Arnaud Guibert, c’est difficile de prendre la décision d’engager ou pas une équipe sur le terrain. »

Dans le doute, ils ne laissent pas une personne ou une famille en danger. « Une nouvelle fois, nous faisons appel à la patrouille la plus proche. Là aussi, ce n’est pas toujours facile à gérer. Il arrive que cette dernière vienne de boucler une lourde interventi­on à l’issue d’une longue journée de travail. Nos collègues, même s’ils viennent de se mettre au lit, ne mettent pas de temps à enfiler leur tenue de travail pour se rendre sur les lieux d’interventi­on. Ils savent que si on les appelle, c’est que le cas nécessite la vigilance de tout le corps de la gendarmeri­e ».

« Généraleme­nt, témoigne Gaëlle Brief, ça se passe très bien avec les militaires de terrain. Idem à la centrale des appels. Nous sommes comme une grande famille. C’est très important de travailler dans une bonne ambiance.

Ça permet de mieux supporter le poids de notre responsabi­lité. D’ailleurs, les effectifs ne bougent pas beaucoup dans notre formation. Ça prouve bien que nous nous sentons bien ensemble ».

Chafik AOUNI

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