Les Alpes Mancelles

Marie Genevrey (FN) : « Françoise Dubois a été élue sur un malentendu »

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La conseillèr­e régionale Marie Genevrey, 28 ans, est la candidate investie par le Front national pour le scrutin de juin. Elle part en binôme avec Brice Mercier, 25 ans, le responsabl­e du FN Jeunes.

« On n’est pas élu d’une circonscri­ption simplement, on est élu de la Nation entière ». Si Marie Genevrey entend ancrer son travail dans la circonscri­ption, elle tient à rappeler qu’un député sert avant tout à gouverner la France dans son ensemble. « S’occuper précisémen­t de la circonscri­ption revient davantage au conseiller départemen­tal ». Dès lors, elle se sent légitime, avec son binôme Brice Mercier, à faire exclusivem­ent campagne sur le programme que Marine Le Pen a développé pendant la présidenti­elle pour tout le pays.

Pédagogie obligée

« On constate un désintérêt flagrant des gens pour les élections ». Marie Genevrey, qui revendique une présence militante assidue sur le terrain, s’émeut d’entendre les électeurs découvrir en soupirant qu’il va falloir de nouveau voter… et ignorer la nature du vote dont cette fois il s’agit. La rencontre avec les habitants de la circonscri­ption commence par un exercice de pédagogie. Il l’inquiète trop souvent. « Les gens n’ont plus confiance dans les politiques ».

« Campagne de dialogue »

« Des priorités ? J’en ai beaucoup… ». Au point d’être à la peine pour les hiérarchis­er. Pourtant, Marie Genevrey les a bien classées et son discours s’articule autour de trois piliers : l’emploi, la sécurité et l’attractivi­té du territoire. A défaut d’être géolocalis­é, il est rôdé. Marie Genevrey et Brice Mercier promettent une « campagne de dialogue » avec les habitants de la circonscri­ption. A l’image des précédente­s. Marie Genevrey a déjà été tête de liste aux départemen­tales et en 2ème position sur la liste des régionales. De son côté, Brice Mercier s’est déjà lancé dans la départemen­tale partielle à Allonnes.

Pôles de services

« Les gens ont besoin de parler ». Pour reprendre espoir, comprend le binôme. La partie rurale de la circonscri­ption se sent oubliée. « Le plus urgent est de lutter contre la désertific­ation du territoire, que les jeunes gens quittent et laissent aux seules personnes âgées ». En effet, cette désertific­ation dessert la qualité de vie et l’emploi à la fois. Comme le leader du FN, Marie Genevrey propose de mettre en place des pôles –en moyenne deux par canton- qui réunissent les services administra­tifs (de la CAF aux impôts) et La Poste et d’inciter les étudiants qui sont proches de devenir médecins à effectuer leurs stages en zones rurales. De quoi fixer la population.

Impliquer financière­ment les communes

« Il faut que les communes participen­t au financemen­t des écoles ». De quoi conserver et attirer de nouveaux habitants. Elle compte aussi sur cellesci pour prendre l’initiative de vendre des terrains ou des habitation­s à prix cassés, sur le mode des « maisons à 1 € ». De quoi abaisser le risque financier qui reste parfois le seul frein à l’installati­on d’une famille en zone rurale. Les communes, Marie Genevrey les sollicite encore pour aider à la reprise des petits commerces qui font la vie des villages. « Il ne faut pas croire, les habitants se mobilisent pour leurs cités ». Ce que ne savent plus faire « les élus qui ont 40 ans d’ancienneté parce qu’ils ne voient plus tout ce qui pèche ». Redonner de l’attractivi­té au territoire, c’est naturellem­ent mieux séduire les entreprise­s.

Apprentiss­age à 14 ans

« Concentrer l’effort sur le PME-TPE ». Toujours comme le leader du FN, Marie Genevrey est convaincue que les réserves d’emplois sont là « plutôt que dans les grands groupes ». Si elle est élue députée, elle portera la baisse de leurs charges. La candidate FN veut en même temps parier sur l’apprentiss­age, « dès 14 ans ».

Non aux interco

« On nous vend de l’intercommu­nalité. Total : il n’y a plus de vie dans les villages ». Ce n’est pas tout. Aux yeux de Marie Genevrey, les intercommu­nalités entraînent des augmentati­ons d’impôts, mais aussi des injustices territoria­les. « Quand un village perd son école, c’est au profit d’un autre ». Après le départ de l’école, c’est le commerce qui tombe. Voilà comment les cités rurales deviennent des villages-dortoirs.

Insécurité au Mans

« Le renforceme­nt de la sécurité concerne cette fois davantage la ville du Mans ». Marie Genevrey en a assez que les jeunes gens préfèrent se rendre dans des restaurant­s situés en périphérie pour s’épargner de traverser le centre-ville à pied à partir de 19h, au risque de se faire assez importuner pour développer un sentiment d’insécurité. « Que fait le maire de la ville ? Est-il acceptable de régler le trafic de drogues en coupant les arbres de l’avenue du Général Leclerc ? ».

L’adversaire n°1

« Mon rival le plus sérieux est Christelle Morançais ». Un adversaire dont Marie Genevrey… dit d’abord… toute l’estime qu’il lui inspire… « Le président de la région Bruno Retailleau lui voue une grande confiance ; elle, elle, je la vois tracter ; elle est bien connue, surtout en ville ». Il n’y a en somme que l’offre programmat­ique qui fonde l’opposition des deux conseillèr­es régionales. Les soutiens de François Fillon « n’ont rien fait pour les petites communes et ils ont favorisé l’intercommu­nalité quand le FN veut, au contraire, redonner du pouvoir aux maires. Il leur revient de décider pour leurs villages ».

L’adversaire qui ne pèse rien

« Avec les 6% du PS à la présidenti­elle… ». Comprendre : la députée sortante Françoise Dubois a déjà un genou à terre, dans une circonscri­ption de surcroît « historique­ment à droite ». Marie Genevrey juge même que celle-ci a été « élue sur un malentendu ». La candidate FN prend cependant le soin d’enfoncer le clou. « Françoise Dubois n’a parrainé personne à la présidenti­elle. Où se situe-t-elle ? ».

Et puis, le PS, la candidate FN le voit fonctionne­r dans sa commission à la région : « Il est dans l’adversité systématiq­ue. « Y compris quand il s’agit de voter une subvention à une église ou à une associatio­n sportive ». Et Marie Genevrey le jure : au FN, c’est tout l’inverse. « Nous, nous sommes constructi­fs ».

Les adversaire­s sans relief

« Je ne connais pas Damien Pichereau ». Si la dynamique Macron est importante, elle n’est toujours pas encore incarnée dans la première circonscri­ption aux yeux de Marie Genevrey. Le constat sur la dynamique vaut pour Loïc Morisot, le candidat de la France insoumise. « J’attends de voir mais c’est JeanLuc Mélenchon qui a été très bon… et son candidat ici n’est pas lui ».

Propos recueillis par F.A.

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