Les Alpes Mancelles

« C’est un vote de colère »

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A Mont-Saint-Jean, comme dans beaucoup d’autres villages sarthois à l’image de Crissé et de Parennes, au deuxième tour de l’élection présidenti­elle, Marine Le Pen, candidate du Front National arrive en tête avec 51,31 % devant Emmanuel Macron, candidat de En Marche ! Tentative d’explicatio­ns avec Daniel Lefèvre, maire de la commune.

Savoir renvoyer l’ascenseur

Mont-Saint-Jean, voilà une commune qui respire la tranquilli­té. Les 681 habitants n’ont pas de difficulté à vivre ensemble. Ils sont même exemplaire­s de part leur savoir-vivre. « D’ailleurs, grâce aux bénévoles, on peut citer par exemple les agriculteu­rs qui donnent un coup de main pour la voirie, Mont-Saint-Jean réalise des économies qui s’ajoutent à une bonne gestion de la commune depuis des décennies. Depuis 1981, Mont-Saint-Jean n’a pas fait d’emprunt. Tout va bien et nous avons même décidé de baisser les impôts de 2 % cette année. C’est normal, il faut savoir renvoyer l’ascenseur. Le Départemen­t, la Région et l’Etat, doivent se comporter comme ça également », fait savoir le premier magistrat du village.

Côté commerces, artisanat, infrastruc­tures communales, école, tissu associatif, agricultur­e, Mont-Saint-Jean peut être considéré commune une référence. La commune a par exemple vendu (avec succès) deux lotissemen­ts à 5 euros le m2 pour sauver les effectifs de son école. Elle est propriétai­re des commerces existants (salon de coiffure, boulangeri­e, bar-tabac épicerie…). Elle a fait sortir de terre, deux maisons de village pour maintenir ses anciens sur leur terre natale. Bref, MontSaint-Jean fait tout pour faciliter la vie sur son territoire.

Le village n’est pas envahi non plus d’une population étrangère. « Et ça se passe très bien avec les quelques très rares personnes de couleur », signale le maire.

« Il faut Comprendre sans Condamner

Comment expliquer alors le vote massif en faveur du Front National à Mont-Saint-Jean ?

« C’est difficile de répondre avec précision à cette question. Certes, il y a ceux qui votent par conviction. Ils sont convaincus par le discours et les pensées haineuses du FN. Dans ce cas, c’est très difficile de faire face. Ces votants-là, constituen­t à mon avis, une minorité au FN. Je pense surtout que le vote FN est contestata­ire, de colère même.

D’abord, il faut chercher à les comprendre, les votants FN, sans condamner. Une chose est sûre, il y a un profond malaise dans notre pays. Beaucoup de citoyens, et cela n’est pas propre aux habitants de Mont-Saint-Jean, sont en colère de voir les gouverneme­nts successifs faire toujours plus de promesses pour aboutir finalement à plus d’impôts, de chômage, de désertific­ation des services publics en milieu rural, à moins de pouvoir d’achat.

Beaucoup de familles n’arrivent pas joindre les deux bouts. Il y a également les affaires de nombreux hommes politiques, carriérist­es avant tout, en manque de vision pour un véritable avenir pour la France, et qui ne sont pas à la hauteur de leur fonction tout simplement. Pourtant, le bon exemple doit venir d’en haut ».

Quand le chômage subi devient choisi…

Daniel Lefèvre pointe quelques anomalies qui donnent à réfléchir. « Il y a un taux de chômage à plus 10 % de la population active, mais il manque de la main-d’oeuvre dans divers secteurs. Il y a un problème de formation et d’orientatio­n. Il faut valoriser l’apprentiss­age et donner la possibilit­é aux jeunes de vivre pleinement leur apprentiss­age et d’y aller le matin avec motivation.

En s’attaquant réellement au chômage, il y aura sûrement moins de tension sociale. A mon sens, le travail n’est pas valorisé. Il y a le chômage subi au départ mais qui se transforme en chômage choisi. Il ne s’agit pas d’attaquer une catégorie sociale, mais hélas, beaucoup ne trouvent plus l’intérêt d’aller travailler puisque le système leur permet finalement de trouver davantage leur compte en restant à rien faire. Celui qui se lève tous les jours pour travailler et gagner le strict minimum en veut au chômeur qui refuse de se remettre dans la vie active. Ça se traduit par la colère jusqu’au vote FN ».

Il n’est pas évident de trouver une réponse aux maux qui poussent une large partie de la population à voter FN.

« Bien sûr, je cherche à comprendre mais je ne franchirai jamais le pas. Mon grand-père et mon père ont été déportés en 1944. La haine de l’autre, non merci. Ma famille a donné ».

Chafik AOUNI.

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