Ph. Cordier (DLF) : « Toute » l’action « tournée vers les territoires ruraux »
Philippe Cordier part au scrutin des 11 et 18 juin sous les couleurs de Debout la France (DLF). Il a choisi Jean-Luc Viau, « quelqu’un de solide », comme suppléant.
« Je connais parfaitement le territoire ». Si Philippe Cordier a déroulé toute sa carrière d’ingénieur Télécom à Nantes, il est rentré à Segrie « tous les week-ends » et y a passé « toutes (ses) vacances ». Le titulaire revendique son attachement à ses origines sarthoises, qu’il partage avec son épouse, née à Rouez-en-Champagne.
Même son de cloche chez son suppléant, Jean-Luc Viau, qui a tenu à se retirer à MontSaint-Jean où il est adjoint au maire en charge des finances en même temps qu’il siège à la 4CPS, après une carrière de cadre supérieur dans le secteur des assurances, au Mans. « Ma belle-famille est fixée sur ce territoire depuis environ cent ans ».
Le binôme fait de son enracinement dans la circonscription un argument de campagne composite. Une légitimité de fait. Mais aussi un potentiel : c’est seulement quand on sait d’où l’on vient que l’on peut savoir où l’on va.
« Macron veut la mort des communes »
« L’Etat abandonne les terres rurales ». Le duo dénonce d’abord la fuite des services publics dans les petites communes. « L’établissement des cartes d’identité est un exemple illustrant. Désormais, pour en obtenir une, il faut se déplacer à plusieurs dizaines de kilomètres et attendre trois fois plus qu’avant ». A cette désertion de la puissance publique, s’ajoutent le manque de médecins et le déclin de la présence commerciale. « Je viens de vivre à Ségrie la disparition de la boulangerie, après celle de la boucherie et du garage… ». Ni Philippe Cordier, ni son suppléant ne sont de ceux qui entendent voir mourir leurs communes à petit feu, au prétexte qu’elles sont de petite taille. Jean-Luc Viau le prouve déjà en poussant avec l’équipe municipale, à Mont-Saint-Jean, à « faciliter les reprises de commerces, qui conditionnent souvent le maintien de l’école ». Au passage, le binôme veut démontrer qu’à la campagne, un problème n’arrive jamais seul… et que le nouveau chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a bien en tête de « faire disparaître les communes ».
« France à deux vitesses »
« Prétendre qu’il y a du réseau en se plaçant au centre de la commune, ce n’est pas mesurer réellement la couverture du territoire ». Pour Jean-Luc Viau, Mont-Saint-Jean est, en termes d’accès des territoires au service de téléphonie mobile, l’exemple des raccourcis égalitaires : quand l’habitat est disséminé, ils valent… partiellement, voire marginalement. « Comment font nos éleveurs de Loué, qui vivent éloignés de l’épicentre où « ça passe » ? ». Autrement dit, comment peuvent-ils travailler convenablement quand leurs communications téléphoniques coupent ? La France fonctionne encore « à deux vitesses » lorsqu’il est question de l’accès aux études. « Aujourd’hui, un jeune qui a du potentiel a intérêt à habiter une banlieue, où il n’aura qu’à acquérir une carte d’abonnement aux transports en commun pour poursuivre ses études : ici, il doit assumer tous les frais afférents à la poursuite d’un cursus à Nantes ». Pour prouver que ce clivage ne fait que s’accentuer, Philippe Cordier rappelle qu’il ne peut plus, comme avant, « être à Paris à 9h, au départ de la gare de Sillé ».
Non aux interco
« On nous propose des intercommunalités ». Une solution délétère pour le duo DLF : exit le « sentiment d’appartenance à un territoire », bonjour « l’inflation des coûts ». Ce n’est pas tout : les maires voient leurs pouvoirs leur échapper, alors qu’ils sont des « facilitateurs » de la vie communale, des « animateurs » aussi. Jean-Luc Viau pointe d’ailleurs que les candidats à la fonction de premier magistrat ont été « difficiles à trouver en 2014 ».
Gare à l’engouement environnemental
« Attention à ne pas oublier les contraintes liées au Parc protégé Normandie Maine ». Aux yeux du binôme, elles sont susceptibles de revoir à la baisse l’enthousiasme que suscite l’avantage qu’il y a à s’y situer. En effet, de nature « agricoles » pour respecter faune et flore, elles abondent encore le stock de normes qui « assaillent » les exploitants, déjà pressurisés par des cours sur lesquels ils n’ont pas de prise. Philippe Cordier et Jean-Luc Viau enragent de voir que nombre d’agriculteurs ne retirent pas de bénéfices de leur activité, ni leurs épouses au demeurant.
Chèque terroir
« Pourquoi nos zones d’activité ne seraient-elles pas des zones franches comme on en trouve dans les grandes agglomérations ? ». Eh bien il n’y a précisément aucune raison. Le duo DLF parie sur le « chèque terroir » pour aimanter des entreprises sur le territoire. Sans manquer de dénoncer le choix, par la 4CPS, d’opter pour la fiscalité professionnelle unique (FPU). Les électeurs doivent se souvenir qu’en conséquence, le revenu fiscal de chaque nouvelle entreprise arrivante revient à l’interco. « Voilà de quoi appauvrir les communes ! ».
Dossier du Touring
« C’est d’abord l’initiative individuelle qui doit prévaloir ». L’exemple de l’hôtel restaurant du Chemin de fer, à Vivoin, devrait inspirer les acteurs impliqués dans le dossier du Touring, à Saint-Léonarddes-Bois. « La collectivité n’a pas vocation à aider toute la détresse économique ». En revanche, Philippe Cordier et JeanLuc Viau jugent qu’elle pourrait, dans ce type de cas, apporter un « soutien en matière de communication ».
Focalisation rurale
« Toute notre action est tournée vers les territoires ruraux ». Cependant, Philippe Cordier et Jean-Luc Viau jurent que cette focalisation ne les empêche pas de penser aux électeurs du Nord-Ouest du Mans. « Que l’université du Mans continue à offrir aux étudiants un cadre de vie qui leur permet de réussir ».
L’amour du territoire en question
« Dans le gouvernement Macron, il n’y a pas même un secrétariat d’Etat aux Anciens combattants ». Jean-Luc Viau, lieutenant-colonel d’infanterie honoraire, se demande « comment continuer à aimer notre territoire ». Il s’inquiète de savoir ce que vont devenir les cérémonies patriotiques, ces instants de « cohésion nationale », ces instants aussi où l’on exalte ses racines.
Propos recueillis par F.A.