Le secteur Sillé-Conlie perd une tournée
Depuis mardi 20 juin, les facteurs bouclent chaque jour 9 tournées au lieu de 10. Simple « réorganisation » pour la direction. Pas pour la CGT.
« Oui, une tournée a été supprimée ». Ludovic Bourg, responsable du centre courrier à Sillé, ne le dit cependant pas deux fois. Du moins pas comme ça. Il préfère évoquer un « redécoupage des tournées ». A La Poste, on mesure parfaitement l’impact de ce type de nouvelle. Sur le personnel et sur la population. « Les effectifs sont maintenus ». Les 13 facteurs qui composent l’équipe de la plate-forme de Sillé ne sont donc pas menacés dans leur emploi… sachant que leurs deux collègues partis à la retraite, respectivement fin 2016 et en mai 2017, n’ont pas été remplacés. A Conlie, il y a 9 facteurs, 3 facteurs remplaçants et 1 agent service arrière (cabine) qui fait aussi une partie de distribution (comprise dans les 9 tournées).
Temps de travail inchangé
« Ça allonge les tournées, mais à horaires constants ». Ludovic Bourg estime l’allongement à « 40 à 50 clients en plus » par tournée. Autrement dit, il s’agit, dit-il, d’un « ajustement dû à la baisse du volume moyen de courriers à traiter et au développement conjoint du numérique (cartes Vitale, factures électroniques…) ». Et si les facteurs embauchent désormais 10mn plus tard, ils finissent également 10 mn plus tard. Cette constance est rendue possible par un tri qui est en partie automatisé, sachant que la livraison du courrier au centre par camion est retardée… après qu’un des deux camions qui l’effectuaient ait été supprimé.
« Réorganisation »
« Non, les tournées ne sont pas plus longues en kilomètres, elles ne varient qu’en points de remise (NDLR : boîtes à lettres à livrer) ». La direction régionale jure cependant qu’en ayant « réorganisé » le temps de travail, personnel et population n’y voient que du feu. Le personnel, parce que la direction a fait en sorte que ce surcroît d’arrêts « rentre toujours dans l’emploi du temps d’une semaine de 35 heures »… sans évoquer pour autant un accroissement du rythme de travail. Pourquoi ? Parce qu’« il y a aujourd’hui des points de remise où n’arrivent plus de lettres donc il n’y a pas besoin d’y passer ». Or, une population qui ne reçoit plus de lettres ne peut pas se plaindre de ne pas voir le facteur. CQFD.
Livraisons repoussées
« La Poste livre toujours le courrier 6 jours sur 7 ». C’est ce que la direction régionale souhaite que la population retienne. Sauf que, côté syndicat CGT, on revient sur le cas de ces endroits où « il n’y a pas besoin de passer ». C’est l’oblitération du courrier qui décide de l’opportunité de s’arrêter chez un client ou pas. En clair, une lettre peut bien être arrivée au centre de tri, si elle est affranchie en tarif lent, le facteur repousse sa livraison. « Si on a encore 1 ou 2 jours, on n’y va pas ». Voilà comment, selon les CGTistes, le volume de travail d’un facteur « rentre dans 35 heures ».
Facteurs « stressés »
« Il faut aller de plus en plus vite ». C’est ce que les CGtistes maintiennent, alors que la direction régionale ne dit rien de l’impact de cette réorganisation sur le rythme de travail des facteurs. Le syndicat avance en outre que l’allongement des tournées équivaut à « plus de 50 clients supplémentaires », ce qui est donc au-dessus du calcul que la direction a opéré. Conclusion des CGTistes : « On a peur de ne pas réussir à boucler nos tournées, on est tous stressés car on redoute de saccager le travail, en étant contraints de ramener au centre du courrier non distribué ».
Facteurs dépités
« A La Flèche, ils ont raison de faire grève ». Pourtant, les facteurs du secteur Sillé-Conlie n’envisagent pas de les imiter. « Après, on est traité de fainéants par les clients pour lesquels on se bat ». Des clients qui ignorent peut-être que la pause déjeuner de leur facteur étant « prise sur son temps perso », il cherche « chaque jour, à grappiller quelques minutes » pour perdre moins d’argent.