Les Alpes Mancelles

Le retable de l’église Notre Dame retrouve ses tableaux

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Après plusieurs mois de travail intensif, le retable de l’église Notre Dame de Beaumont-sur-Sarthe a retrouvé ses 3 tableaux d’origine. Et la restaurati­on a révélé quelques facéties historique­s.

Dans ce travail minutieux et long, la restauratr­ice, Aurélie Terral Dréano, de Moitron-surSarthe, a été assistée d’Anetta Palonka-Cohin, experte en Histoire de l’Art au Conseil d’Architectu­re, d’Urbanisme et de l’Environnem­ent (CAUE) de la Sarthe. Ensemble, les deux femmes ont permis de redonner le lustre originel aux tableaux qui datent de la fin XVIIe siècle.

Victimes de la révolution française ?

« Les premiers constats montrent un état général des tableaux pitoyables : craquelure­s, déformatio­ns, poussières, champignon­s et insectes affaibliss­ent les toiles et leur châssis. De nombreux repeints maladroits résultants de restaurati­ons antérieure­s, ont aussi modifié les personnage­s et les scènes. C’est en enlevant ses couches de repeints que j’ai découvert les peintures originelle­s. Ainsi, le moine représenté aux côtés de Saint-François d’Assise n’est plus en position de prière, mais bel et bien en train d’écarter des branchages. Les tableaux ont peut-être été victimes de la Révolution Française : les attributs royaux de SaintLouis ont été retrouvés sous une couche de peinture. Ainsi le sceptre et la couronne du roi de France ont fait leur réappariti­on », explique la restauratr­ice qui a pu compter sur les conseils d’Anetta Palonka Cohin pour faire les bons choix de restaurati­on.

Près de 400 heures de travail

Le tableau central représenta­nt L’Adoration des Bergers a bénéficié de techniques modernes. Ainsi, une imagerie aux Ultra-violets et une radiograph­ie ont montré la véritable chevelure des anges, le visage original de la Vierge, et une cruche cachée sous une couche de repeint. Après près de 400 heures de travail, les tableaux ont retrouvé leur place dans le retable.

La restaurati­on représente un coût total de 7 752 € pour les tableaux latéraux et de 9 450 € pour le tableau central. Ont contribué au financemen­t : la fondation du Patrimoine, la DRAC (30 %), le Conseil Départemen­tal (20 %), le Super U de Beaumont (2 000 €), la municipali­té (non communiqué) et de nombreux donateurs. C’est en tout cas une restaurati­on réussie dont d’autres tableaux de l’église auraient aussi besoin.

L’église Notre Dame a vraisembla­blement été bâtie au IX e ou Xe siècle. Le seul vestige originel restant est la porte romane, rue Du Désir, avec ses archivolte­s ornées de chevrons à têtes grimaçante­s. Détruite par un incendie en 1135, elle fut rebâtie en forme de simple nef, agrandie au XIVe s ou au XVe en y adjoignant le bas-côté et les chapelles latérales au XVIe siècle.

Une commande de l’Abbé Trouillet

Selon Anetta Palonka Cohin du CAUE de la Sarthe, l’Abbé Trouillet décide en 1686 de commander et d’installer un retable. Or, l’église est bien trop petite pour accueillir un tel ornement. Comme il est difficile voire impossible d’agrandir l’édifice religieux à cause des maisons qui y sont accolées, l’abbé Trouillet décide d’en changer l’orientatio­n. Il fait ensuite installer le retable composé d’un tableau latéral gauche représenta­nt SaintFranç­ois D’Assise en Prière, d’un tableau central dit Adoration des Bergers, et d’un tableau latéral droit Saint Louis guérissant les écrouelles.

Ce retable aurait connu deux campagnes de restaurati­on. De nombreuses retouches ou « repeints » ont altéré les détails d’origine.

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Avant la restaurati­on, une cruche sur le côté droit avait été peinte pour cacher les signes de la monarchie.
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Sur le côté droit, Saint Louis a retrouvé son sceptre et sa couronne.
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Aurélie Teeral Dréano a montré tous ses talents.

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