Les Alpes Mancelles

Stéphane Le Foll, les années de bombe à Sillé

Il est réélu député de la 4ème circo, mais son coeur bat toujours pour Sillé, où il a bien traîné ses crampons, après avoir été un habitué de Coco-plage. Rencontre.

- Propos recueillis par F.A.

Pouvez-vous nous dire qui vous êtes et si Sillé, ça vous parle ?

Stéphane Le Foll : Quelqu’un de fidèle à son départemen­t, attaché à sa propre histoire dans la Sarthe. J’ai été élu pour la 1ère fois à 23 ans comme conseiller municipal à Longnes. C’est dire que moi, j’ai démarré la vie politique par la cellule de base ! Et puis j’ai fait quelques études, je suis parti pour être prof’, j’ai aussi été chargé de TD (NDLR : travaux dirigés) à Nantes… et puis la politique m’a rattrapé.

J’ai été élu une 2ème fois en 2001, au Mans. J’ai été viceprésid­ent à l’eau et à l’assainisse­ment (à l’agglo du Mans). Puis, de 1997 à 2008, j’ai été le directeur du cabinet de François Hollande, alors premier secrétaire du parti socialiste.

Maintenant, je souhaite ouvrir une nouvelle page avec ce qu’il s’est passé. Il y a un contexte politique qui a été bouleversé. Il faut être capable d’en prendre la mesure, tout en restant fidèle à ma manière d’être.

J’entends participer à la représenta­tion de la 4ème circo et au débat national. Il reste des enjeux économique­s importants, la menace terroriste, la transition écologique à traiter… tout cela n’est pas parti à la renverse avec la table. Ça se rappellera très vite aux oreilles de tout le monde.

Et comment que Sillé, ça me parle ! Sillé et les Alpes Mancelles… Sillé, c’est 7 ans de ma vie. J’y ai été joueur de foot. Sillé, ce sont les dirigeants du club, les amitiés… C’est aussi, gamin, Coco-plage, qui était la destinatio­n de week-end quand il faisait beau… Oh, c’est plein de souvenirs, Sillé ! Des bons souvenirs.

Qu’est devenu Sillé depuis vos années de jeunesse ? La ville n’estelle pas un peu morte ? 240 logements y sont vides…

S.LF. : Sillé est resté cette petite ville du Nord Sarthe qui borde les Alpes Mancelles, c’est assez particulie­r dans la Sarthe… Sillé reste ce qu’elle a toujours été. On y perçoit de la langueur qui doit être beaucoup contestée comme dans tout le monde rural. Il faut rappeler que dans ce monde rural, il y a aussi une qualité de vie. Il faut pouvoir apporter du dynamisme tout en gardant cette douceur. Ça passe par l’économie bien sûr, la créativité, l’innovation… Il faut apporter des services nouveaux. Je pense que là, le défi est très important. Dans le domaine de la santé, du transport, de l’énergie car je crois beaucoup à ces 3 points. Peut-être les 3 grandes compétence­s de demain pour les collectivi­tés et les interco.

Alors oui, il y a une forte perte démographi­que. Etre loin des fureurs de la ville, c’est un atout. Mais en même temps, quand ça bascule dans une forme d’immobilism­e, ça peut avoir des conséquenc­es qui sont graves. Il faut arriver à associer les 3 points que j’évoquais. La mobilité par exemple permet de ne pas se sentir déconnecté du reste de la société. Le numérique est aussi un enjeu. Il faut être capable d’offrir ces services.

Vous apprêtez-vous à régner sur la 4ème circo comme François Fillon avant vous ? Et, sur la 1ère circo, comment analysez-vous les résultats ?

S.LF. : Oh, je ne parle pas de règne ! Depuis la Révolution, c’est fini ! Mais oui, je vais rester dans cette tradition de la 4ème en étant quelqu’un qui a une dimension à la fois locale et nationale.

Sur la 1ère circo, il y a eu un rebond de la mobilisati­on de la droite au 2nd tour, qu’on a vu même dans la 4ème un peu, même s’il n’a pas été aussi fort mais La République en marche avait cette dynamique du 1er tour.

C’est la vie politique, ça n’enlève rien aux qualités des uns ou des autres. Je souhaite bonne chance au jeune nouveau député.

Vous parlez un peu la langue de bois… Pouvez-vous évoquer votre personnali­té ?

S.LF. : J’ai toujours souhaité être le plus sincère possible.

J’ai été porte-parole d’un gouverneme­nt où il a toujours fallu essayer de remettre du lien dans tous ces débats que nous avons rencontrés et j’ai toujours essayé de le faire avec sincérité. Je n’ai pas souhaité faire cette carrière politique. Elle est venue un peu par hasard et après, j’ai gravi les échelons et je suis devenu ministre. Mais je suis resté à baigner dans mon jus historique, c’est-à-dire simple, comme ici pion, prof’, joueur de foot, jeune de milieu rural… j’ai toutes ces sensibilit­és-là.

Les ors de la République ne m’ont pas changé. Non, je n’ai pas changé pour reprendre le titre de la chanson. D’ailleurs, j’y ai fait très attention.

Etre ministre, c’était une très belle expérience, que je n’aurais pas imaginé vivre il y a 20 ans, mais je suis toujours revenu ici, je ne suis pas hors-sol. Je n’ai surtout pas voulu me faire enfermer – et ça va très vite !- dans cette espèce de bulle ministérie­lle où on pense qu’on est arrivé et qu’à partir de là, la vie ne sera jamais plus la même. Beh si, la vie est toujours la même !

Dès que je suis devenu ministre, je suis revenu dans les lieux où j’avais l’habitude d’aller sans tralala, sans protocole parce que je savais que ministre, c’est un CDD et donc il faut garder la tête froide et les pieds sur terre.

Votre prochain objectif, c’est d’emporter la mairie du Mans ?

S.LF. : Oh ! D’abord l’Assemblée nationale. Comme au foot, il faut d’abord passer le match qui vient avant d’aborder le match qui suit. Après, les choses se dérouleron­t… Je dois me concentrer sur cette mission de député. Chaque chose en son temps. A chaque jour suffit sa peine. Et il y en a suffisamme­nt, de peine, pour considérer qu’il n’y a pas besoin d’en rajouter.

Vous reprenez le foot ? A quand remonte votre dernier retour à Sillé ?

S.LF. : Le foot ? Oh la la, j’ai du mal. Non, maintenant, je fais du vélo. J’ai arrêté la carrière de « footeux » à 44 ans à cause d’un talon d’Achille. Mais je garde de très bons souvenirs de Sillé. C’était une période où l’on faisait du sport et la fête en même temps. A Coco-plage, chez Mémène, dans des petites maisons chez des copains. Comme on jouait beaucoup en Mayenne, on revenait souvent par Sillé. C’étaient d’ailleurs des fêtes assez démonstrat­ives… J’avais des copains qui étaient des gros fêtards. C’étaient des 3èmes mi-temps… qui duraient.

Quand j’étais en BTS, les retours à Amiens avec Dominique Patry le lundi matin au train de 6h45 étaient souvent compliqués…

La dernière fois que je suis revenu à Sillé, c’était pour la médaille d’argent de Manon Houette en hand. C’était une très belle fête, j’ai retrouvé plein de gens, c’était très sympa. Mais je retournera­i à Sillé, sûr. Je ne me couperai pas de mes racines.

 ??  ?? Stéphane Le Foll, Silléen de coeur, vient d’être réélu député de la 4ème circonscri­ption.
Stéphane Le Foll, Silléen de coeur, vient d’être réélu député de la 4ème circonscri­ption.

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