Les Alpes Mancelles

Une femme avec une femme

Premier mariage gay à La Chapelle-St-Fray

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Entourées de leurs familles et amis, Maria et Christelle se sont engagées officielle­ment pour faire la route ensemble et vivre leur amour au grand jour. C’est le premier mariage gay dans la commune de La ChapelleSa­int-Fray

Maria Papillon sans profession, née le 4 décembre 1979 au Mans, et Christelle Moireau, sans profession, née le 6 janvier 1979, à Château-du-Loir, toutes deux domiciliée­s à La Coudre, à La Chapelle-Saint-Fray, ont comparu devant le maire, Sonia Moinet, pour s’unir par les liens du mariage en présence de leurs témoins Laetitia Gallay, Denis Masseron, Freddy Bailleul et Amandine Le Pont.

Les enfants ont donné leur bénédictio­n

Les cinq enfants de Maria (2 filles et 3 garçons de 5 à 16 ans) issus d’une première union qui a duré quatorze ans et la fille de Christelle (16 ans) s’entendent très bien depuis qu’elles partagent le même domicile, à La Chapelle-Saint-Fray. « Nous nous connaisson­s depuis deux ans, expliquent les mamans. Ce mariage leur a paru comme une évidence. Ils ont beaucoup de complicité et se considèren­t tous comme frères et soeurs ». Pour la famille de Maria, le fait qu’elle épouse une femme ne les dérangeait pas mais ils trouvaient que cette cérémonie arrivait très vite après son divorce (en décembre dernier). « De mon côté, j’ai toujours vécu avec des femmes et j’étais jusqu’alors contre le mariage. Ma décision d’épouser Maria a surpris dans ma famille. Il fallait sans doute que je rencontre la bonne personne pour me faire changer d’avis. Au niveau administra­tif, nous avons eu par contre quelques difficulté­s et avons été obligées de garder notre nom en premier auquel nous avons ajouté celui de notre conjointe ».

Les mentalités changent

« Si dans des petites communes comme celle-ci les enfants ne sont pas mis à l’index pour la situation, c’est différent pour ceux qui sont au collège où certains élèves sont homophobes et se moquent. Ils répètent malheureus­ement ce qu’ils entendent chez eux. Mais nos enfants savent se défendre et répondent que leur mère est heureuse et même si c’est avec une femme c’est ça le plus important pour eux. Nous avions un peu d’appréhensi­on de nous marier à La Chapelle, mais Madame le Maire a répondu favorablem­ent et nous en sommes très fières ».

La semaine précédente « nous avions fait un enterremen­t de vie de jeunes filles en arrivant costumées en Vamps au milieu d’un barbecue géant organisé au St Fray. L’accueil des participan­ts et de Christophe, le patron, avait été très chaleureux. Ça nous a fait très plaisir de voir que dans notre commune les mentalités changeaien­t et que nous étions acceptées ».

Dans les projets et après mûres réflexions, elles aimeraient avoir un enfant ensemble « Il nous faudra faire appel à un donneur qui suivra ou non la grossesse et la vie de l’enfant. C’est moi qui le porterais puisque je n’ai qu’une fille » précise Christelle. « Et quand les enfants seront en âge de se débrouille­r seuls, nous partirons sur les routes. Nous ne voulons pas de point d’attache fixe, nous voulons la liberté ».

Sonia Moinet, le maire, applique la loi

« C’est le premier mariage gay femmes sur notre commune. C’est vrai, comme beaucoup, j’avais des a priori. Je pense que cette communauté ne demandait pas forcément le mariage mais plutôt un pacs renforcé pour que ces personnes aient les mêmes droits que les couples mariés et puissent bénéficier de tout ce qui a été fait à deux. Maintenant la loi est là, il faut l’appliquer et je n’ai pas l’habitude de me soustraire à mes obligation­s. On fait toujours de la discrimina­tion entre les blancs, les noirs, les gros, les hommes, les femmes, les hétéros, les homos, etc., mais il y a de la place pour tous sur cette terre et il faut aussi vivre avec son temps. Les mentalités ont évolué, la société aussi ».

Quand il y a eu les manifestat­ions, « on m’avait même sollicitée pour y participer, je le dis franchemen­t : j’étais contre le mariage. Peut-être par principe. On nous met des stéréotype­s, on est formaté quand on est enfant : un couple normal c’est un papa une maman pour avoir des enfants et pour leur éducation. Mais l’homosexual­ité existe depuis la nuit des temps. Le problème c’est que le gouverneme­nt a voulu faire une loi, ce qui est normal, mais c’était devenu le seul sujet important. Mais il faut vivre avec son temps. Et que ce soit en religion ou tout autre sujet, je n’aime pas que l’on m’impose quelque chose. Ce sont les premières femmes que j’ai mariées. Sur le moment ça m’a fait quelque chose, mais j’en suis très fière et ce que pensent les gens ne me dérange pas ».

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 ??  ?? Famille et amis ont accompagné les mariées.
Famille et amis ont accompagné les mariées.

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