Les Alpes Mancelles

J.-P. Leverge : « Je suis plus labrador que malinois »

Le principal adjoint Jean-Pierre Leverge quitte la Cité Paul Scarron pour rejoindre le collège Jules Ferry à Mayenne. Rencontre sur le fil.

- Propos recueillis par F.A.

1. Que retenez-vous des années Sillé ?

Je me suis fait de très bons souvenirs. En effet, quand je suis nommé dans une ville, je fais comme si j’étais du coin… alors que je suis Breton d’origine. Mais la Bretagne ne me manque pas : il y en a un peu partout, comme aujourd’hui puisqu’il pleut…

J’ai eu de grandes joies à Sillé : voir des élèves réussir leurs propres projets, qu’ils ont construits ; voir des parents qui disent merci. Il faut dire que je déteste le papier, je préfère de beaucoup l’humain, même si je sais qu’il faut un cadre légal pour fonctionne­r. Mais aujourd’hui, on a tendance à tout administre­r. Or, « le phénomène pédagogiqu­e relève d’un phénomène de semaille dont le semeur ne verra pas systématiq­uement les fruits, inévitable­ment trop lointain » (Hubert Hanoun). Dans le même esprit, « un enfant n’est pas un vase qu’on remplit, c’est une lumière qu’on allume » (François Rabelais). Ces deux principes disent tout du métier d’éducateur… d’où mon succès auprès des jeunes et des parents. Avec ma propre histoire et des apports réflexifs, je pense être juste avec les jeunes et témoigner assez d’écoute pour les conseiller dans leur constructi­on de projet. On a bien vu qu’on avait besoin de citoyens investis. J’ai toujours la niaque. Aujourd’hui, la validation des cycles me semble plus juste que la réussite aux examens. Pour moi, c’est l’essentiel de la mission. Alors, certes, c’est bien de remplir un établissem­ent… Mais « n’est-on qu’un sépulcre blanchi ? ». C’est nous le creuset où l’on initie les connaissan­ces, le goût de la citoyennet­é. Les enfants les comprennen­t plus tard, quand ils doivent s’intégrer dans la société. Mais 98 % au brevet, c’est de la fantaisie… et je me fiche d’être convoqué chez le DASEN (NDLR : directeur académique des services de l’éducation nationale) ! Je préfère les gens qui ont des valeurs.

2. Quel bilan tirez-vous de votre passage à Sillé ? Qu’avez-vous fait ? Avez-vous eu des sources de satisfacti­on ? Qu’avez-vous manqué ?

Il est trop tôt pour savoir ce qui est manqué. Au niveau du travail, oui, j’ai eu des sources de satisfacti­on : les relations humaines tissées avec l’équipe, les relations avec la ville de Sillé. J’ai rencontré des responsabl­es politiques intéressan­ts : Gérard Galpin, Françoise Dubois pour qui j’ai beaucoup d’affection, Stéphane Le Foll. J’ai beaucoup de respect pour tous les engagés en politique. J’ai moi-même deux engagement­s : naturalist­e, à travers la Bretagne vivante, et citoyen.

Je ne suis pas un inconnu à Sillé, beaucoup de gens me saluent et sont tristes de savoir que je pars… et je suis très sensible. Je suis plus labrador que malinois. 3. Quels sont vos projets ? Je vais continuer à essayer de garder le sourire pour mon travail. Sinon, j’en tirerai les conséquenc­es… La Mayenne, ça me plaît, c’est mon départemen­t de coeur. J’ai déjà été conseiller principal d’éducation à René Cassin à Ernée, principal adjoint à Paul Langevin à Evron, à André Gerbault à Laval et, maintenant -tout un symbole pour moi- à Jules Ferry à Mayenne. Ce qui me plaît, c’est la taille humaine de ce départemen­t. J’y ai beaucoup d’amis.

J’ai un grand projet : faire un livre. Quelques idées pédagogiqu­es à usage des débutants. Je pense que la parole naît la lumière. A quatre reprises, j’ai recadré des enfants car ils tenaient des propos déplacés devant leurs mères, qui pleuraient dans mon bureau. Ce n’est pas parce qu’on est ferme qu’on est méchant. Une collègue m’a dit un jour : « Vous, Monsieur Leverge, des enfants, vous en trouverez toujours… ».

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Jean-Pierre Leverge quitte Sillé, où il a passé deux ans.

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