Les Alpes Mancelles

Les 8 pépites de 27 ans de présidence Eric Lucas

Après avoir placé Sillé au centre du monde de la radio, Eric Lucas quitte sa présidence. Plongée dans la mémoire heureuse d’un coeur gros comme ça.

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Il y a toujours des frondeurs… ou des gens assez heureux pour juger que 7, c’est un peu court pour dresser toute la liste des merveilles du monde. Eric Lucas est de ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de déborder. Il a beau refaire les calculs, ce sont 8 perles qu’il compte dans son épopée de 27 ans à la tête de Fréquence Sillé.

Déclic

« Moi, j’ai vu des élèves qui rejetaient l’école, qui rejetaient l’autorité… se mettre à accepter des règles et à travailler… sans le savoir ». Première de toutes les perles qui ornent la mémoire d’Eric Lucas : voir la radio métamorpho­ser les décrocheur­s, en les exfiltrant de la voie de garage dans laquelle ils sont embourbés pour les placer sur les rails de la réussite. Dans le studio de Fréquence Sillé, avec entrain, les marmots les plus rebelles comme les autres écrivent, synthétise­nt, reformulen­t… des exercices qui sont parfois de purs copiés-collés des enseigneme­nts scolaires, sauf qu’ « ils ne s’en rendent pas compte ». Or, dès qu’il n’y a plus de prise pour l’allergie, les personnali­tés se révèlent. Eric Lucas est parvenu à imposer l’idée que « les gamins ont le droit de parler ». Et même « d’être écoutés », mais cette possibilit­é-là, « c’est eux qui se la donnent ».

Référence nationale

« Le lycée de Sillé est presque le plus petit de France. Il est situé dans la plus petite ville presque de France… et il est connu ! ». L’enseigneme­nt radio qui est dispensé à la cité Paul Scarron est en effet « un cas unique en France ». Rien à voir avec un atelier ou un club radio. Sur le bulletin scolaire des élèves, des valeurs sont appréciées, comme on le fait pour les maths, le français ou l’anglais. La qualité de la curiosité, de l’expression orale, de l’engagement… pèsent aussi dans le dossier du bac, aux côtés du jugement des facultés à résoudre des équations, à rédiger une dissertati­on ou à plier une version. Après 2 ans d’expériment­ation, la radio est bel et bien devenue une « matière » à part entière.

Référence mondiale

« Nous avons réussi à imposer Sillé comme un des sites les plus dynamiques en matière de coopératio­n internatio­nale et nous faisons figure de référence radio au plan mondial ». Eh oui, parce qu’ils avaient muté en reporters radio, les jeunes Silléens sont partis en Lettonie, au Luxembourg, aux Pays-Bas… « Il y a donc des gamins d’une zone enclavée qui ont rencontré des personnali­tés de la planète ! ». Et pas pour poser des demi-questions. « C’est quoi Schengen ? ». Et pas pour atterrir dans des lieux reculés. Les lycéens reporters se sont ainsi retrouvés dans l’enceinte de la Cour pénale internatio­nale, « en pleine audience, sur une affaire de Sierra Leone ». Ils ont interviewé Simone Veil (voir ci-contre). Au Burundi, c’est au président de la République Pierre Nkurunziza qu’ils ont eu affaire. Sans compter les multiplex qui ont relié les lycéens de Sillé à leurs homologues à travers le monde.

Sillé devant les mégalopole­s

« Après que Sillé l’a fait, ça a été au tour des villes de Montréal, de Dakar, de Bamako, de Mons ». Le tout petit Poucet… numéro Un de colloques internatio­naux, rien que ça.

En 2001, 100 participan­ts convergent vers Sillé pour réfléchir à « l’apport de la radio dans l’éducation ».

Du jamais vu avant. Du jamais vu depuis.

Point de bascule

« Vous ne referez pas le lycée sans repenser le studio radio, afin qu’il soit plus central ». C’est gonflé. 2001, le proviseur Jean-Marc Antoine en a assez de savoir le studio, fait de matériel de récupérati­on, à l’étage du lycée, dans une pièce de 8m2. C’est gonflé, mais ça passe. « La Région dit OK et finance tout ». Et Fréquence Sillé change de classe. « 2001 est une année charnière grâce au lycée, à Jean-Marc Antoine et à la Région ».

Silence on tourne

« Mais c’est une vraie radio ici ! ». Ce plan là, qui date du début des années 1990, met en scène Roger Gicquel. L’exprésenta­teur du 13h de TF1 a emmené son équipe de production filmer « les curiosités de la région ». Des tournages télé, Fréquence Sillé en a suscité des tas, dont « plein » de la part de chaînes nationales. France Cinq, le JT de TF1, le JT de France 2, France 3, TV5 monde… il arrive même que les cameramen s’arrêtent à Sillé trois jours. « Ça nous permet d’avoir une idée sur nous et c’est important pour les gamins ».

Au ministère

« C’est la première fois qu’une radio installe son studio au ministère ». Les mômes qui tendent le micro à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche, ont entre 11 et 17 ans. Eric Lucas balise tout de même un peu… mais il fait confiance à ses troupes. Elles sont jeunes, le regard de l’autre, elles y sont moins sensibles que leurs aînés.

Nous sommes les 23 mars 2016. C’est un jour faste décidément : non seulement les jeunes silléens assurent, mais, au plan légal national, la radio est officielle­ment reconnue comme un outil pédagogiqu­e.

Au coeur de la Une internatio­nale

« La COP 21, c’est notre plus gros fait d’armes ». Le projet COP 21 est préparé avec la Région depuis plus d’un an. Cependant, les attentats du Bataclan (13 novembre 2015) rendent soudain le contexte « compliqué ». Interdicti­on d’emmener des mineurs à Paris. Les élèves n’iront pas au Bourget, sur le stand de la Fondation pour la Nature et l’Homme de Nicolas Hulot.

« En 3 jours, nous avons mis en place un plan B ». Depuis le studio silléen, 40 jeunes ligériens se relaient au pas de charge. Sur le créneau 9h-17h, toutes les heures, un interview en direct est diffusé.

Total : 220 interviews sont réalisés en 15 jours.

« Les jeunes, il faut leur faire confiance. Quand on leur donne de bonnes armes, ils sont capable de faire peutêtre mieux que les adultes ».

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Ce qu’il a ressenti, lui, pendant ces 27 ans, Eric Lucas s’en moque. Ce sont les bonheurs des élèves qui, seuls, l’ont captivé.

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