Les Alpes Mancelles

La menace d’une ville fantôme ?

17,9% de logements sont vacants à Sillé

- F.A.

C’est à l’associatio­n Soliha Sarthe qu’une étude pour « la reconquête des logements vacants dans le centre de Sillé-le-Guillaume » avait été, en septembre 2016, confiée par la municipali­té, très préoccupée par la présence en nombre de maisons inoccupées dans la cité. Au terme de 10 mois de travail, Benjamin Marchand a présenté ses résultats il y a peu, lors d’une réunion qui, bien qu’elle ait été ouverte à tous, n’a attiré quasi exclusivem­ent que des élus.

Sillé ville-fantôme

A quoi ressemble donc le parc immobilier à Sillé ? Le recensemen­t de 2013 établit que sur les 1 379 logements que compte la cité de 2 357 habitants, 247 sont vacants, soit 17,9%. Un pourcentag­e qui, dans le départemen­t, situe Sillé dans le peloton de tête de la vacance immobilièr­e (9ème/369 communes). Sur la liste* des logements vacants que la Ville transmet à Soliha, on n’en compte pourtant que 232.

Sillé touché au coeur

Dans leur immense majorité (215), ces logements vacants se situent en ville et plus précisémen­t, en coeur de ville, contre 17 en dehors. Mais qu’est-ce qu’un logement vacant ? Un logement inoccupé. Il y a plusieurs motifs qui, selon l’INSEE, peuvent l’expliquer, dont ceuxci : il est à louer ou à vendre, il fait l’objet d’une succession dont le règlement n’est pas terminé ou il n’a aucune vocation tant il est vétuste.

L’image de Sillé altérée

« 10% d’entre eux seraient très dégradés à en juger l’aspect extérieur ». Autrement dit, ces logements sont tellement délabrés qu’ils sont réduits à l’état de verrues, sachant qu’ils sont majoritair­ement sis en plein coeur de ville… tandis que d’autres, estimés en état « moyen », sont parfois situés sur ses axes principaux.

Vacants… et inhabitabl­es

La plupart du temps, les logements vacants sont des maisons de bourg traditionn­elles qui datent d’avant 1946 et sur les 190 recensées, 37 possèdent un commerce… qui n’est lui-même pas nécessaire­ment vacant (23). On compte également 9 pavillons, 15 maisons de maître et 1 entrepôt désaffecté. Ces logements inoccupés sont-ils, oui ou non, prêts à être habités ? Oui, pour 40% d’entre eux. Parmi les 60% restants, la moitié en sont loin, voire très loin.

Propriétai­res plutôt réactifs

160 questionna­ires, correspond­ant aux 232 logements vacants dont la Ville avait transmis la liste* à Soliha, ont été adressés à leurs propriétai­res le 23 janvier 2017. Des permanence­s ont été tenues en février, en mars et en avril. Ceux qui n’avaient pas retourné leur questionna­ire ont été relancés, en avril et en juin. Au total, le taux de retour s’établit à 52%, un ratio jugé « satisfaisa­nt » par Soliha, d’autant qu’il couvre 110 logements.

Seniors et Silléens

Ces « retours » ont permis de se faire une idée du profil des propriétai­res de logements vacants. Ce sont très généraleme­nt des Sarthois (70%) et même plutôt des Silléens (43%). Ils appartienn­ent majoritair­ement (75%) à la catégorie des seniors (+ de 60 ans) retraités ou sans emploi (66%).

Surprise : sur les 110 logements donnés comme vacants, 32% sont en réalité loués ou servent de résidence principale.

Motifs de la sédimentat­ion

Ce n’est pas d’hier qu’il y a pléthore de logements inoccupés à Sillé et l’étude de Soliha le confirme. Pourquoi cette situation s’est-elle enkystée ? Parce que, la plupart du temps, il leur manque une dépendance et/ ou une annexe. C’est un premier motif, « structurel » en somme. Parce qu’ils nécessiten­t aussi presque tous des travaux - au passage, c’est dire qu’il n’y a pratiqueme­nt aucun de ces logements vacants qui puisse convenir à une personne âgée. La nécessité absolue de travaux, voilà donc un second motif de sédimentat­ion.

C’est presque toujours le coût des travaux qui « bloque » les propriétai­res, pourtant très souvent désireux de remettre leurs biens dans le circuit des transactio­ns ou des locations. Reste qu’il n’est pas seul en cause. En effet, souvent, ils ont également si peur de ne pas trouver de locataire qu’ils préfèrent renoncer tout bonnement à l’idée de rénover leur bien. A leurs yeux, la circulatio­n (et surtout celle des camions), le manque d’emplois pour les jeunes, l’insuffisan­ce du nombre de commerces plombent l’attractivi­té de celuici. Et, de fait, le plus souvent, ils ne pensent pas que le stationnem­ent aisé ainsi que « les abords agréables » de leur logement puissent changer la donne. Pourtant, l’attractivi­té de Sillé, ils y croient. Parce qu’on y trouve une gare, une maison de santé, des commerces, des équipement­s sportifs, des établissem­ents scolaires. Parce qu’on y trouve une qualité de vie. Parce qu’on y fait du tourisme.

Raisons d’espérer

Globalemen­t, la situation immobilièr­e de Sillé est donc alarmante. Mais cela, la municipali­té le savait et c’est bien pourquoi elle a commandé cette étude, preuve de sa volonté de ne pas rester les bras croisés. Disposer de ce diagnostic affiné était un préalable à l’action. Selon Soliha, celle-ci devra s’inscrire dans la durée. Pas question d’imaginer qu’une ou deux années suffiront à « reconquéri­r » tous ces logements vacants. En revanche, il est possible d’aboutir. En commençant par une campagne intensive d’informatio­n sur les aides à la rénovation, qui, bien qu’elles soient légion, sont beaucoup trop souvent ignorées. L’objectif est que cette campagne à l’attention des propriétai­res enclenche une dynamique qui permette de faire valoir les atouts de Sillé. Un moyen d’être plus fort pour s’attaquer à ses faiblesses.

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Ce sont principale­ment les élus qui se sont inquiétés des résultats de l’étude de SOLIHA.
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Le maire Gérard Galpin incarne la volonté de reconquête du centre-ville.

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