Les Alpes Mancelles

Le désarroi d’une maman à St-Marceau

Pour les médecins, Sylan, 16 ans, souffre de surdité. Pour l’administra­tion, tout dépend de ce qu’ils veulent dire par là. Or, celle-ci décide d’un éventuel soutien financier.

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« On a des enfants handicapés et c’est à nous de tout gérer. Il faut se battre pour tout ». Sandrine Jouy emmène chaque jour son fils Sylan, 16 ans, à l’école. Un trajet quotidien de 120 km. Un trajet au terme duquel, invariable­ment, il arrive en classe avec 25 mn de retard car, pour monter en voiture, sa mère attend que ses plus jeunes frère et soeur aient eux-mêmes pris leur car. Sylan aurait la possibilit­é d’emprunter un TIS, s’il était en mesure d’endurer des journées longues et de faire à pied de bonnes petites trottes. Mais voilà, Sylan est handicapé et très fatigable. Surdité -profonde d’une oreille et moins accentuée d’une autre, déficience immunitair­e, hyperlaxit­é, troubles de Dys… Autrement dit, Sylan est appareillé depuis l’âge de 7 ans, il contracte le moindre virus qui traîne, a les jambes « qui vrillent », lit et écrit difficilem­ent et, grosso modo, la médecine n’y peut fondamenta­lement rien.

Couperet administra­tif

Pour affronter le quotidien, Sandrine a aussi besoin d’une aide financière et logistique. L’octroi de celle-ci passe par une reconnaiss­ance du handicap de son aîné. La demande s’effectue auprès de la Maison départemen­tale des personnes handicapée­s (MDPH)… qui « ne cumule pas les handicaps ». C’est donc au titre de sa seule surdité que le dossier est instruit. « Sylan n’est sourd qu’à 30% ». C’est la décision qu’a rendue, en 2008, la MDPH. Sylan était alors au CP. Concrèteme­nt, cela signifie que Sandrine ne pouvait prétendre ni à l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), ni aux demandes de compensati­on du handicap. Elle a contesté la décision et obtenu gain de cause en 2009 : « Sylan est entré dans la tranche des 50-80% ». Cette fois, elle pouvait prétendre aux droits que la décision initiale bloquait.

Parcours du combattant

« On s’est aperçu que notre fils avait du retard sur le plan scolaire ». Sylan intègre la Providence, à Alençon, dans une section dédiée aux sourds et malentenda­nts, avant de pouvoir être admis en 6ème au collège de Beaumont-sur-Sarthe. L’inspection académique finit par lui accorder un ordinateur, qui est censé l’aider à prendre des notes. « Mais il manque un logiciel adapté… et son coût (647 €) est à notre charge… ». Or, rebondisse­ment en 2015. La MDPH ramène le taux de handicap de Sylan en-dessous des 50%. Sandrine a beau « péter des boulons » devant la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapée­s, chargée de fixer le taux d’incapacité, rien n’y fait. « Il m’a été dit que son état de santé était stable… ». Sandrine dépose aussitôt un recours amiable. Il faut une année pleine à la MDPH pour confirmer son avis. Sandrine saisit alors le tribunal du contentieu­x et de l’incapacité des Pays de la Loire, qui, en avril 2017, rehausse de nouveau le taux de handicap de Sylan, « mais jusqu’au 31 décembre 2016… ».

S.O.S.

Le mois précédent la décision du tribunal, Sandrine, échaudée, avait renouvelé sa demande auprès de la MDPH. De janvier à début juillet 2017, Sylan avait disparu des écrans radars de l’administra­tion. C’est à cette époque que le verdict de la MDPH tombe : le taux de handicap de Sylan est de nouveau redescendu sous la barre des 50%… Sandrine a donc de nouveau déposé un recours amiable, préalable à toute contestati­on devant le tribunal, dès août dernier. En même temps, elle a demandé à ce qu’un taxi puisse emmener son fils à l’école. Zéro nouvelle à ce jour. L’allocation d’adulte handicapé qu’elle perçoit elle-même depuis peu « s’en va dans l’essence » pour les voyages quotidiens qui permettent à Sylan de poursuivre sa scolarité, tant bien que mal, sachant que ses retards journalier­s lui sont préjudicia­bles.

En clair, aux gros problèmes liés au handicap du fiston, s’ajoutent de sérieux problèmes financiers. Sandrine lance un SOS. « Ce qu’il faut, c’est débloquer le taxi en urgence ».

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Sylan est aujourd’hui en CAP Enseignes et décors graphiques.

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