Les Alpes Mancelles

Crissé-Vernie : vent de colère

« Je crois qu’ils ne se sont pas rendu compte qu’on irait jusqu’au bout ». Le président J-P.Gouchet remet donc les choses au point. Son associatio­n vient de déposer 2 recours contre l’implantati­on de 3 grandes hélices.

-

ADEPS. ADEPS comme associatio­n de défense de l’environnem­ent en Pays de Sillé. « On a décidé de la réactiver quand on a réalisé qu’il y avait pas mal d’opposition au projet éolien, dès novembre 2014 ». 700 €. C’est ce que la photocopie de l’ensemble du dossier lui a coûté. Son président Jean-Pierre Gouchet est facilement autant estomaqué quand il songe au nombre d’heures qu’il a fallu consacrer pour le constituer. L’ADEPS a déposé un premier recours contre le permis de construire des 3 grandes hélices de l’opérateur intégré EDF Energies Nouvelles (porteur du projet et exploitant) lundi 31 juillet. Le 11 septembre, elle en a déposé un second, contre l’autorisati­on d’exploiter celles-ci. Avec ces deux requêtes, le démarrage du projet ne peut pas ne pas être retardé. Un an ? Deux ans ? Sachant qu’après chaque jugement du tribunal administra­tif, la partie adverse – le promoteur EDF Energies Nouvelles ou l’ADEPS- devrait faire appel…

Cohorte de griefs

L’ADEPS ne veut pas des 3 éoliennes qui sont prévues d’être implantées (voir ci-dessous). Pour plusieurs motifs, assez classiques en la matière, même s’ils ne sont pas exactement répétables d’une région de France à l’autre. Les anti redoutent le bruit, l’impact visuel, l’atteinte à la flore (à la Guimauve hérissée en particulie­r) et à la faune, les infrasons, l’effet stroboscop­ique (l’ombre projetée par les pales d’éoliennes), l’enfoncemen­t de blocs de béton dans la terre (le pied des éoliennes, qui pèse entre 1,5 t et 1,8 t), la perte de valeur des maisons voisines qu’ils estiment au bas mot de 20 à 40 %. Il y a en plus des spécificit­és locales : le bruit des grandes hélices, qui va être amplifié parce que « ça va résonner sur les deux collines » ; l’impact visuel, qui va être augmenté car « toutes les maisons du Val de Pierre sont ouvertes plein sud ou sud ouest donc le projet éolien se trouvera devant toutes leurs façades ». La liste ne s’arrête pas là. Les terres agricoles sur lesquelles les éoliennes sont prévues d’être piquées « sont les meilleures de Crissé-Pezéle-Robert ».

Sillé impacté aussi

« En venant d’Evron, on verra les éoliennes ; en venant de Conlie, aussi ; en venant du château de l’Hopiteau (Crissé)… aussi ! Donc, Sillé et son château sera inévitable­ment impacté ». Et le fait d’avoir abaissé la taille des 3 éoliennes à 150 m par rapport au projet initial, qui prévoyait qu’elles soient hautes de 180 mètres (comme à Conlie, voir plus bas) n’y changerait rien. « C’est couper l’herbe sous le pied de Sillé, qui veut devenir une petite cité de caractère. Quand vous irez au lac, vous passerez dans le champ, même si, depuis celuici, vous ne les verrez pas ». Quant à l’impact sur le château de Vernie, il serait encore plus évident puisque « la première éolienne serait située à 7 ou 800 mètres ».

Espèce grégaire

« Là, il y a 3 éoliennes, et pourquoi pas davantage après ? » Pour Jean-Pierre Gouchet, la crainte des habitants des communes concernées se formulerai­t ainsi. En clair, les éoliennes seraient une espèce aisément grégaire. Qu’il en arrive une et on les verrait vite se multiplier. Il affirme au passage que, de Neuvillala­is à Conlie, voire Domfront, ce sont 11 à 12 éoliennes, peut-être 14, qui seraient rapidement prêtes de pousser. « On s’aperçoit que c’est finalement une forêt d’éoliennes qu’on va avoir ! ». Cette crainte serait étayée par le coût du projet d’EDF Energies Nouvelles, plutôt conséquent. L’ADEPS parle de « 15M €, dont 11M € pour enterrer la ligne entre le projet et le poste de distributi­on de Sillé ». C’est la fourchette haute des prévisions du promoteur.

La question financière

« Il y a des résidents secondaire­s qui ont acheté il y 1 an ½ et qui n’avaient alors pas été mis au courant. Si le projet devait se réaliser, ils partiraien­t ». En emmenant au moins leurs impôts fonciers et la valeur marchande de leur consommati­on locale. La perspectiv­e des revenus tirés de l’implantati­on des éoliennes aurait pourtant pesé dans le choix des conseils municipaux de Crissé et Pezé quand ils ont dit oui au projet, selon Jean-Pierre Gouchet. « Sauf que l’argent va désormais directemen­t aux communauté­s de communes… ». Sur « la répartitio­n de la redistribu­tion entre communes », des pourparler­s seraient en cours.

Manque de souffle

Enfin, surtout, aucun des autres 80 adhérents de l’ADEPS ne comprend qu’on ait l’idée d’amener des grandes hélices dans un territoire où les mesures de vent ont d’ores et déjà établi qu’il y soufflait à 4,5 mètres par seconde, sachant qu’ « une éolienne tourne convenable­ment quand il souffle à 10-12 mètres par seconde ! ».

 ??  ?? Jean-Pierre Gouchet, Président de l’ADEPS.
Jean-Pierre Gouchet, Président de l’ADEPS.
 ??  ?? Les opposants au projet se manifesten­t…
Les opposants au projet se manifesten­t…

Newspapers in French

Newspapers from France