Une histoire de passionnés
Créée en novembre 2010 un peu par hasard suite à un projet scolaire sur la réfection d’un four à chanvre par une stagiaire encadrée par Yves-Thégonnec Tulâne, alors adjoint à la municipalité, puis mise en sommeil, l’association Aigné patrimoine renaît de ses cendres en juin 2015.
Un petit groupe de dix personnes se réunit alors et décide de se lancer dans l’aventure avec pour objectif de préserver et de protéger toujours mieux le patrimoine. « Mais pour cela, il faut sensibiliser la population et donc communiquer » analyse François-Géraud Lhuillier, le président. « C’est pourquoi nous participons aux journées du patrimoine avec un thème différent chaque année en rapport avec Aigné et son passé. »
Un four à chanvre « en terrasse »
Ainsi en 2015, les Aignéens ont pu revivre l’histoire de l’ancien lavoir avec ses lavandières en costumes d’époque reproduisant les gestes ancestraux. Puis en 2016, ce sont les sifflements et la fumée de la reproduction de l’ancienne locomotive à vapeur rappelant qu’une ligne arrivait à Aigné qui ont attiré non seulement les habitants de la commune mais aussi des extérieurs férus d’histoire, les explications détaillées de Gérard Terrieux ont fini de les séduire. Pour cette année, le groupe qui s’est étoffé de sept nouveaux membres, va s’attaquer à la présentation des fours à chanvre, ils sont trois sur la commune dont un situé sur l’exploitation agricole du Buisson.
« Ce genre de fours dit « en terrasse » ont un soubassement en pierre sur lequel sont dressés des poteaux de bois disposés tous les 30 cm environ, reliés par un entrelacs de baguette de châtaignier, le tout noyé dans un mortier d’argile mêlée de paille ou de bruyère. Presque tous les fours de ce type ont disparu. Les derniers tombent en ruine, sous l’effet conjugué des oiseaux qui y nichent et de la pluie qui fait déliter l’argile. Il en reste peu en Sarthe, un à Vivoin l’autre à Aigné », relate Marie-Anne Bigot, la trésorière de l’association. Une convention tripartite a été signée entre la commune (maître d’ouvrage), les propriétaires et l’association pour sauvegarder ce four qui devront trouver 30 000 euros pour le restaurer.
« Ce patrimoine s’inscrit à proximité du « boulevard nature » ainsi que des chemins de pèlerins vers Saint-Jacques-deCompostelle et le Mont SaintMichel. Le site sera ouvert toute l’année » précise F-G Lhuillier.
Une Pietà du XV siècle
L’autre priorité de l’association et de la commune d’Aigné est de sauver la Pietà qui était sérieusement menacée par des insectes xylophages qui attaquaient le bois, un traitement par anoxie a permis de stopper la maladie. Cette oeuvre sculptée en bois polychromé datant de la première moitié du XV siècle a été passée au scanner pour une étude, ainsi qu’une recherche des pigments naturels d’origine. Mais pour F-G Lhuillier « Il nous faut maintenant trouver des fonds pour la restaurer. Nous avons entamé des démarches pour qu’elle soit classée, cela pourrait nous aider. »
Un travail de fourmis
Ce président qui « déprime de voir le patrimoine s’étioler » et les membres de l’association ont su partager les tâches en fonction des capacités de chacun. Un véritable travail de fond a été entrepris pour reconstituer l’historique de la commune. Cela va du monument aux morts (dons des agriculteurs de l’époque), au massacre des Vendéens dans l’église en passant par la récupération de témoignages qui sont enregistrés au fur et à mesure. « Nous sommes ouverts à toutes propositions et si des passionnés veulent nous rejoindre, nous les accueillerons avec plaisir. »
De son côté, M-A Bigot trouve du plaisir dans la recherche et dans la discussion avec les gens comme cet ancien propriétaire du four à chanvre qui lui a confié « faites vite car j’aimerais tant pouvoir le voir restauré. »
Comme nous pouvons le constater, l’humain tient une place importante au sein d’Aigné patrimoine.